27.5.03

L’arithmétique collectiviste (suite)



Lors d’un débat libéral animé sur l’éventualité et les conditions de la privatisation des routes, j’ai pu constater, chers lecteurs, à quel point le Tyran avait vu ses efforts de propagande couronnés de succès. Là, en plein cœur de ce que je croyais un bastion de bon sens au milieu d’un océan de stupidité mathématique, un de mes aimables contradicteurs rétorqua le plus sérieusement du monde à mes propos (très rothbardiens ) sur le sujet qu’il préférait mille fois la situation actuelle car elle le rendait libre de circuler gratuitement où bon lui semblait. Tragique erreur qui prouve si besoin en était encore la vacuité intellectuelle juvénile dont l’éducation étatique est la triomphante responsable !

Qui donc de nos jours paie l’entretien de nos voies et chaussées ? Pardi, me répondrez-vous, ce sont l’Etat, la Région, la Commune, ou je ne sais quelle institution publique engendrée par nos édiles ! Certes, chers amis, mais dites-moi : où donc si ce n’est au fond de vos poches ces entités malignes vont-elles puiser les fonds nécessaires à leurs activités ? Et voilà, le grand Dissimulateur a encore frappé !

Il lui arrive de détourner sournoisement l’attention par un moyen bien plus diabolique que cet élémentaire tour de passe-passe. Ainsi est-il coutume en nos belles régions de payer notre billet de transports en commun lorsque nous souhaitons bénéficier de ce sévice public. Mais la modique (!) somme payée pour ce titre de transport couvre-t-elle tous les coûts liés à cette activité ? Que nenni, mon bon ami ! Prenons la Société Tentaculaire d’Inefficacité Bureaucratique par exemple. Saviez-vous que le prix du billet ne couvre que 20% des dépenses ? Le reste est puisé dans le portefeuille du contribuable bruxellois. Et cependant, interrogez le citoyen moyen, il reste persuadé que le prix qu’il acquitte représente grosso modo le coût de son trajet. Bien sûr, la Région Bruxelloise se garde de rendre ces faits publics.

Passons même sur l’escamotage des coûts, en vertu de quel principe l’automobiliste qui n’a cure de s’entasser comme un hareng dans des habitacles trop petits et préfère faire du sur-place dans les rues de notre belle ville en écoutant tranquillement les abracadantes imbécilités que profèrent les journalistes de la Radio Télévision Bolchévique ou la deuxième symphonie de Mahler* devrait-il sponsoriser le billet de l’usager des transports publics ? La solidarité, dites-vous ? Pour la sécurité sociale, passe encore, mais franchement, appliquer l’argument aux transports en commun me paraît quelque peu outré. Enfin soit, de toute façon l’usager de la STIB sponsorise via ses impôts l’entretien des routes qu’emprunte notre ami automobiliste, bref tout le monde paie pour tout le monde dans un de ces joyeux méli-mélo comptables dont nos ministres ont le secret. Quelle misère !




* quoiqu’à ce stade, cela devienne franchement du masochisme !

23.5.03

L’arithmétique collectiviste




Il y a de cela quelques années, alors que l’économie mondiale se portait bien, et qu’on parlait de « redistribuer les fruits de la croissance », je me rappelle l’interview d’un quelconque syndicaliste qui accusait le gouvernement de « manquer d’ambition ». Selon lui, il ne fallait pas seulement procéder à ladite redistribution (selon des critères bien évidemment gauchistes bien éloignés de la baisse des impôts que chacun attendait), mais aller plus loin encore et profiter de la bonne conjoncture pour présenter un budget de l’Etat en déficit afin de faire encore plus de « cadeaux » aux divers allocataires sociaux dont la population sans cesse grossissante et les exigences de plus en plus démesurées pèsent de façon intolérable sur le budget de l’Etat. Je suppose que ce digne représentant des syndicats ne possédait aucune formation économique, cependant cela ne constitue nullement une excuse à la tenu de tels propos, qui constituent, n’ayons pas peu des mots, un outrage au bon sens.


Hélas, ce que j’appellerai l’arithmétique collectiviste, un mélange de mauvaise foi intellectuelle et de duperie perpétrée en pleine connaissance de cause a fait son chemin dans les cerveaux embrumés de nos concitoyens : le Tyran et ses malfaisants alliés corporatistes ont réussi à dissocier totalement des discussions sur les activités du gouvernement la question de leur financement. Chacun, prêchant pour sa chapelle, appelle à telle ou telle politique censée favoriser le groupement d’intérêts qu’il représente (en vrac, syndicats, immigrés, sans-papiers, chômeurs en fin de droits, jeunes ménages avec ou sans enfants , vieux isolés avec ou sans pension complémentaire extra-légale, et j’en passe), sans que jamais ne soit mentionné le coût additionnel de cette politique. De manière générale, les discussions tant parlementaires que ministérielles passent généralement ce genre d’aspects sous silence. Forcément, puisqu’en fin de compte, il faudra venir subrepticement puiser l’argent nécessaire dans le portefeuille du contribuable belge, qui fait pourtant déjà partie du peu enviable club des citoyens les plus taxés au monde.

Une exemple parmi d’autres des scandales habilement évités que génère cette politique du silence prudent et de la dissociation des coûts et des bénéfices est à puiser dans la gestion de l’après-Sabena. Saviez-vous, chers lecteurs (et chères lectrices, bien entendu), que les ex-sabéniens qui trouveraient à se recaser dans l’enseignement de la Communauté Française (laquelle souffre actuellement d’une grave pénurie de professeurs de langues et d’éducateurs) verront l’ancienneté acquise à la Sabena prise en compte dans le calcul de leur rémunération. Passons outre le scandale que représente le fait de voir ces gens, sans aucune formation pédagogique, gagner plus dès le départ qu’un régent ou un licencié qui a travaillé dur pour obtenir son agrégation, ce qui me choque particulièrement est la façon sournoise dont le gouvernement fédéral est ainsi parvenu à transférer une partie non négligeable du coût de la gestion de l’après-faillite vers la Communauté Française. Et hop, ni vu ni connu, le citoyen n’en sait rien et ainsi il est plus facile de dissimuler le vrai coût de la chose.


20.5.03

Une journée dans l’enfer de l’ennui




L’observateur attentif qui viendrait à comparer l’esclavagisme électoral à celui, plus violent, qu’est le service militaire, ou celui, plus sournois, de l’impôt, arriverait sans nul doute à la conclusion que ce qui distingue cette forme des autres est l’ennui profond que ressent la victime tout au long de sa dure journée de labeur.

J’espérais dans ma grande innocence – et c’est un des dérivatifs que j’avais trouvé à la colère qui m’envahissait à chaque fois que j’imaginais cette journée de dimanche gâchée parce que le Tyran en avait décidé ainsi – ramener de ma journée de travaux forcés un compte-rendu cinglant des aberrations électorales de notre petit pays. Hélas, il n’en fut rien. Cette journée fut désespérement ennuyeuse, si soporifique que ce fut une torture.

Les inévitables problèmes informatiques, les files plus longues que la figure des pauvres victimes apprenant leur nomination comme assesseurs, les petits viux qui se présentent au bureau de vote vingt bonnes minutes avant l’ouverture et qui râlent parce que le bureau ouvre avec une demi-heure de retard, les illettrés de l’informatique pour qui c’est le premier contact avec le monde fascinant des ordinateurs, les abrutis qui crient à voix haute "Louis Michel, c’est quel parti encore ?", tout cela prend vite un goût de réchauffé. Etre assesseur, c’est un peu comme se retrouver assis sur les tréteaux inconfortables du Théâtre de la Balsamine pour y découvrir l’adaptation d’une pièce post-moderne est-allemande sur la conquête du pôle Sud : on s’ennuie à mourir et on regarde sa montre en attendant la fin. Quoique … à la «Balsamine» on peut encore se lever et quitter la salle, au risque de vexer la charmante jeune femme qui vous y a invité sur la recommandation chaleureuse d’une amie. Alors que l’assesseur, lui, est forcé de passer 8 heures à contempler ce spectacle d’un œil désabusé en compagnie de ses compagnons d’infortunes.

Les somptueux émoluments qui lui sont généreusement attribués à l’issue de cette séance de torture ne permettent même pas à la pauvre victime dominicale de se venger sournoisement de sa compagne en l’invitant au Varia («si si, tu vas voir, on y joue du Shakespeare en verlan habillés de sacs blancs Bruxelles-Propreté, c’est géniâââl»). Bref, encore une journée gâchée par l’Etat.

Seule consolation, mais je l’aurais eue également si j’étais resté chez moi à lutiner ma belle avant d’aller chercher des croissants et de passer la journée mollement allongé sur le divan du salon avec un chat sur les genoux, c’est d’apprendre en début de soirée que les Pastèques* se sont retrouvées transformées en compost électoral par des électeurs qui ont enfin compris que c’est grâce à eux que la SNCB fonctionne encore moins bien qu’avant, qu’on paie des écotaxes à tout-va et qu’avec la sortie du nucléaire, la Belgique a réussi l’exploit de condamner les générations futures à payer encore plus d’argent pour que des centrales gaz-vapeur achèvent de ruiner le protocole de Kyoto.



* pour les ramollis du bulbe rachidien qui n’auraient pas saisi l’allusion, la pastèque est un fruit dont l’écorce verte cache mal le rouge qui la ronge

16.5.03

Lettre ouverte au MR





Messieurs,

Il m'est récemment venu par la voie électronique un courrier (plusieurs pour être exact) qui m'a été communiqué par un ami. Ces courriers vantaient les qualités de candidats MR qui, selon lui, méritaient qu'on leur accorde confiance.

Suite à leur lecture, je me suis rendu sur votre page web. Je n'ai pas eu besoin d'aller plus loin que la première page du programme intitulé "du coeur à l'ouvrage" pour comprendre l'étendue du carnage idéologique qui frappe le parti en deliquescence que vous avez encore le culot de présenter comme "libéral".


D'abord un petit coup de Novlangue pour nous mettre en apétit : "Dans l'esprit d'ouverture qui nous anime, nous avons besoin de votre adhésion pour mener à bien nos priorités d'avenir en consolidant les acquis et en intensifiant les réformes entamées". Je vous suggère vivement d'ajouter "dans un esprit citoyen", cela rendra la phrase encore plus incompréhensible et inutile.

Ensuite, je constate que le vocable "solidarité" y figure en bonne place (je cite): "la solidarité entre les personnes n'a pas été oubliée par l'affectation de moyens financiers utiles à la politique de santé, au rattrapage pour les pensions et à la prise en considération des plus démunis". De deux choses l'une, soit votre site a été victime d'un pirate informatique socialiste, soit votre parti donne un coup de barre à gauche qui, après les gesticulations et prises de position hystériques de la baderne suffisante et barbue qui vous sert de président dans l'ombre et l'adhésion il y a quelques années de la clique opportuniste de Gerard Deprez à votre mouvement flou et démagogue, achève définitivement de le déconsidérer à mes yeux.


La lecture de la seule première page de votre programme m'a donc empli d'un dégoût profond à l'égard de votre trahison des idéaux libéraux. Soyez assuré que je préférerais encore voter Di Rupo que de donner ma voix au galimatias idéologique qui est le vôtre.



Salutations outrées,




Constantin H.

14.5.03

La dictature des bien-pensants



Il y a quelques jours, au cours d’un débat passionné avec quelques libéraux engagés, le problème du racisme fut mis sur la table. Non qu’il y ait quelques divergences que ce fût au sujet du racisme en tant qu’opinion, que nous condamnions tous avec véhémence. Si divergences il y eut, c’est au cours du débat sur l’immigration qui s’ensuivit qu’elles apparurent. Ces saines différences alimentèrent d’ailleurs une discussion des plus animées et des plus instructives et inspirèrent à mon estimé ami Melodius deux chroniques d’un grand intérêt. Mais ce n’est pas de cela que je souhaitais vous entretenir aujourd’hui.

Vous savez, je suppose, que la France et la Belgique se sont dotées chacune d’une loi sur les propos racistes au cours de la dernière législature. Ce sont ces dernières, et le pseudo-débat qui entoura leur vote, qui me restent depuis longtemps en travers de la gorge, car quand une prétendue démocratie se met à transcrire dans son arsenal législatif des textes instituant le délit d’opinion avec la bénédiction imbécile des masses, j’entends au loin des bruits de bottes peu rassurants.

Fus-je à l’époque le seul à les entendre ? J’ai été rassuré d’apprendre qu’il n’en était rien, et que quelques libéraux de bon aloi avaient tiré la même conclusion que moi. Mais tous se heurtèrent à ce que j’appellerai la dictature des bien-pensants . Invariablement, les partisans de cette loi taxaient de racisme quiconque osait, fût-ce timidement, dénoncer l’atteinte à la liberté d’expression qu’elle constituait, comme si le fait de défendre le droit pour chacun d’exprimer son opinion impliquait nécessairement que l’on soit d’accord avec celle-ci. Inutile de contrer avec la célèbre phrase attribuée - apparemment injustement - à Voltaire, « je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire», le mal était fait et l’étiquette « raciste » vous était collée sur le front avec une hâte et une mesquinerie qui ne laissèrent pas de me laisser pantois et rageur.

Je persiste cependant dans mon jugement. Même si le racisme est détestable, voter une loi visant à réprimer les propos racistes est un danger pour la démocratie, car une telle loi ne peut que donner lieu à terme à toutes les dérives totalitaires. La préparation de cette chronique m’a d’ailleurs offert l’occasion de relire la dernière modification de cette loi et j’ai à nouveau été étreint des mêmes frissons appréhensifs.


Le paragraphe 4 de l’article 2, stipule notamment que toute discrimination directe ou indirecte est interdite, lorsqu’elle porte sur, entre autres, la diffusion, la publication ou l’exposition en public d’un texte, d’un avis, d’un signe ou de tout autre support comportant une discrimination (la discrimination étant définie par l’article 1 comme une différence de traitement qui manque de justification objective et raisonnable est directement fondée sur le sexe, une prétendue race, la couleur, l’ascendance, l’origine nationale ou ethnique, l’orientation sexuelle, l’état civil, la naissance, la fortune, l’âge, la conviction religieuse ou philosophique, l’état de santé actuel ou futur, un handicap ou une caractéristique physique). Cette définition très vague laisse la porte ouverte à toutes les interprétations, et est d’autant plus inquiétante que le paragraphe 3 de l’article 19 institue un renversement de la charge de la preuve : lorsque la victime de la discrimination ou un des groupements visés à l'article 31 de la loi (voir plus loin) invoque devant la juridiction compétente des faits, tels que des données statistiques ou des tests de situation, qui permettent de présumer l'existence d'une discrimination directe ou indirecte, la charge de la preuve de l'absence de discrimination incombe à la partie défenderesse. L’article 31 dont il est question donne au Centre pour l’Egalité des Chances et à n’importe quelle autre association dont la mission statutaire est de lutter contre les inégalités, le racisme ou le révisionnisme, le pouvoir d’ester en justice. En clair, donc, le Centre pour l’Egalité des Chances se voit conférer des pouvoirs normalement dévolus à la police et aux magistrats. Ca ne vous fait pas peur, vous ?

12.5.03

Sous le soleil de notre bien-aimé président

Ah, les pays arabes du Sud de la Méditerranée ! Ces destinations de vacances enchanteresses, où le touriste alangui s’allonge mollement sur un transatlantique à l’ombre d’un palmier ! Ces paysages enchanteurs dont l’aridité rappelle à ceux qui les contemplent que quelques lieues plus au sud, le désert étend ses tentacules sablonneuses ! Que de splendeurs, reliquats des ères punique, romaine ou arabe médiévale, s’offrent au regard du visiteur ébahi ! Sous le masque d’une prétendue démocratie, la Tunisie écrasée de chaleur pré-estivale abrite pourtant frileusement un président dont le score aux dernières élections n’a rien à envier à celui du sinistre moustachu récemment démis manu militari de ses fonctions: 99,91% des suffrages. Si ce résultat n’était si élevé, la langue de bois pratiquée de concert par la presse, les guides touristiques et les autochtones nous ferait presque croire à la démocratie. A les en croire, le président Bourguiba était un très bon président, et Monsieur Benali représente un digne successeur, capable de mener la Tunisie sur le sentier parsemé de fleurs de la démocratie parlementaire. Mais petit à petit, les craquelures du tableau idyllique apparaissent à l’observateur attentif.

Ainsi, le touriste désireux de photographier l’admirable site archéologique des Thermes d’Antonin à Carthage apprend avec surprise que ce lieu jouxte un palais présidentiel et que toute photographie prise dans la direction de ce palais sera sanctionnée de la confiscation du film et probablement de l’appareil. Des gardes armés d’impressionnants fusils sont stationnés dans de petites guérites tout le long du site et surveillent les touristes d’un air soupçonneux. Pour faire bonne mesure, de petits groupes de militaires patrouillent le long des chemins et de curieux personnages arborant des lunettes de soleil noires, une petite oreillette et une veste de cuir noir qui dissimule à peine un holster bien garni se promènent ça et là d’un air nonchalant. De même, le touriste qui s’étonne de la relative discrétion de l’Islam apprend que la construction de mosquées est interdite aux environs des hôtels (et vice-versa), que les mouvements islamistes tunisiens ont été interdits et que leurs responsables et membres importants croupissent toujours dans les geôles. L’omniprésence de la police (il y a presque un policier à chaque carrefour, sans compter les nombreux pandores chargés de la surveillance des innombrables bâtiments officiels) ne laisse pas non plus de surprendre. Enfin, il est amusant d’entendre les guides touristiques vanter les innombrables réussites à l’actif de l’administration Benali, tant en matière d’économie que d’éducation ou de réduction du chômage. Mais le plus amusant témoignage de la déplorable situation du pays, c’est encore ce douanier tunisien qui, à l’aéroport, me demanda si je n’avais pas parmi mes connaissances une jeune fille belge prête à se marier avec lui afin de lui permettre d’obtenir un permis de séjour …



3.5.03

Les périgrinations de Constantin




En quête de soleil et de culture, je vous quitte pour quelques jours afin de m’en aller les chercher sous les cieux méditerranéens qui ont vu en d’autres temps l’essor de mon illustre prédécesseur. Ce voyage m’offrira également l’occasion d’une plongée dans les eaux troubles de ces régimes totalitaires qui savent si bien accueillir les touristes tout en muselant dans l’ombre les libertés individuelles de leurs habitants. Je ne manquerai pas à mon retour de vous faire part de mes observations quant à la manière dont autochtones et touristes vivent au jour le jour cette schizophrénie politique …



Puisque nous en sommes à parler de schizophrénie politique, aviez-vous déjà remarqué à quel point cette affection est répandue dans les milieux gauchistes et bien-pensants ? A l’instar de leurs maîtres à penser, despotes sanguinaires d’un passé pas toujours révolu, les ténors du collectiviseme excellent dans l’art de travestir de termes grandioses et généreux une réalité sordide et mesquine. Entre autres exemples, c’est le galvaudage du mot « solidarité » qui m’horripile le plus.

Non contents de nous servir à toutes les sauces l’adjectif qui y est lié, les politiciens au service du Tyran usent et abusent du nom pour masquer un ignoble racket qui prive chaque année les honnêtes travailleurs du fruit de leur dur labeur : la sécurité sociale. Car pensez-y un instant, chères lectrices et chers lecteurs, peut-on réellement appeler « solidarité » un mécanisme qui, sans vous demander votre avis, transfère une part non négligeable de votre revenu vers les caisses de l’Ignoble ? Bien sûr, il y a le prétexte de la redistribution, laquelle, entre parenthèses, s’effectue à un coût prohibitif grâce à l’armée de bureaucrates syndiqués qui prétendent s’en occuper. L’homme de bien aura beau contrer que les mêmes services seraient fournis à moindres frais par un système d’assurances privées, il verra opposer à son individualisme sain et dynamique l’opprobre que jette sur lui ce seul terme : il n’est pas solidaire !

Souvent, l’emploi de ce terme par un gauchiste de salon au cours d’une discussion animée suffit à clore les débats. « Et quoi ! », nous dit-il, « comment osez-vous donc critiquer ce principe sacré de solidarité, qui est la devise de notre pays faite chair ? ». Fort simplement, mon bon ami : en vous faisant remarquer que la solidarité implique une contribution volontaire à un sytème d’entraide mutuelle, tel que le voulaient les syndicalistes des premières heures. Un tel système était la résultante de nobles principes humains : la liberté de choix, la liberté d’association et la fraternité. Quand le Tyran vient à la pointe du fusil obliger le société qui nous emploie à verser, sans que nous puissions donner ou refuser notre consentement, la dîme à l’ONSS, que deviennent ces principes ? Un simple mot creux, « solidarité », au nom duquel l’Ignoble perpètre son racket, ajoutant à l’humiliation du vol le rouge au front de la honte de n’être pas solidaire. Beau coup de maître, qui doit sûrement inspirer à nos dictateurs méditerranéens un sourire complice …