29.9.04

Beaucoup de Super Size bruit pour rien

Le récit plein d'humour d'une descente aux enfers volontaire à vocation pédagogique. Voilà qui, je pense, résume assez fidèlement Super Size Me, le film de Morgan Spurlock dont on parlait en Belgique des semaines avant sa sortie.

Ce doit être l'effet Michaël Moore : le public francophone attend avec impatience tout nouveau "documentaire" - pamphlet serait un terme plus approprié - américain d'autoflagellation qui apporte de l'eau au moulin de l'américanophobie ambiante. Face aux multiples problèmes qui secouent nos frileuses social-démocraties, il est sans doute rassurant pour nos pseudo-élites intellectuelles désemparées de pouvoir pointer du doigt le côté Ouest de l'Atlantique en proférant d'un ton docte que "les Américains c'est quand même des cons".

Finalement, Super Size Me n'est pas le brûlot auquel je m'attendais. Bien sûr, les dix dernières minutes contiennent une bien gauchisante critique des entreprises "qui font du fric à tout prix, mon bon monsieur, même celui de notre santé, vraiment c'est un scandale", mais l'ensemble du film reste assez amusant et le ton plutôt humoristique qu'adopte Spurlock nous rend la chose fort sympathique.

Le point de départ du film est ce procès intenté par deux adolescentes obèses à la firme Mc Donald's, qu'elles rendent responsable de leur importante surcharge pondérale. Dans les attendus du jugement, Spurlock relève cette affirmation du juge : "les plaignants ne sont pas en mesure de démontrer que la seule consommation de produits Mc Donald's est à l'origine de la détérioration de leur Etat de santé". Il me semble même me rappeler qu'il était question de démontrer que la consommation des seuls produits McDo pendant un mois pouvait constituter un risque majeur pour la santé.

Notre ami Spurlock s'est donc attelé à démontrer à ses compatriotes sceptiques et grands amateurs de "Junk Food" l'extrême nocivité des produits proposés. Suivi par une équipe de trois médecins - un cardiologue, une gastrologue et un généraliste - et une flopée d'infirmières et de diététiciennes qu'il revient visiter chaque semaine pour faire un bilan de santé, notre ami décide donc de ne plus prendre ses repas que chez Mc Donald's durant un mois. Ses nombreuses incursions - souvent assez comiques - dans les restaurants de l'enseigne à travers les Etats-Unis sont entrecoupés de séquences informatives sur la nocivité diététique du burger, les problèmes d'obésité aux Etats-Unis, le problème des cantines scolaires où l'on ne sert que de la "junk food", la nocivité des "sodas" dont les américains sont friands, et cetera.

Au fil des jours, l'équipe médicale qui suit Spurlock passe de la mine réjouie et amusée à la mine inquiète et consternée : prise de poids (huit kilos en un mois), augmentation drastique du choléstérol, phénomènes d'addiction, et, dans les derniers "stades" de son supplice auto-infligé, lésions au foie comparables à celles que l'on constate chez les alcooliques. A propos d'alcoolique, mention spéciale au généraliste mal rasé, plein de pellicules et manifestement en proie à un problème de boisson qui fait un grand laïus au réalisateur sur la nécessité de ménager son foie. Ronnie Hayek et moi-même finissions par éclater de rire à chaque apparition à l'écran du hirsute praticien. Et tant que nous en sommes aux personnages secondaires du film, je m'en voudrais de ne pas mentionner la petite amie de Spurlock. Franchement, supporter cette pimbêche me semble nettement plus éprouvant que ces trente jours d'intoxication alimentaire programmée. La donzelle est végane - cette sorte de végétariens qui refusent même les oeufs et le fromage - et ne jure que par le bio, s'exprime d'une voix plaintive et un peu nunuche et regarde son petit copain d'un air inquiet, consterné et vaguement dégoûté. Le clou du spectacle arrive quand elle se plaint devant la caméra de la baisse notable des performances sexuelles du réalisateur !

Finalement, le propos du film n'est pas aussi revendicatif que je ne m'y attendais. A mon sens, il s'agit plus d'une sorte d'aimable pamphlet dont la vocation est de faire prendre conscience aux millions d'américains qui surconsomment de la junk food qu'il en va de cette nourriture comme de la cigarette : on ne s'en rend pas compte au moment où on consomme, mais les effets à long terme sont désastreux. C'est un documentaire américano-américain : énormément de situations auxquelles il fait référence nécéssitent une certaine connaissance de la société américaine pour être appréciées à leur juste valeur.

Et puis surtout, je ne suis pas sûr que le film atteigne réellement son objectif. A la sortie du cinéma, j'ai remonté l'avenue de la Toison d'Or pour m'engouffrer dans le Quick de la porte de Namur et y commander un "Maxi Menu Giant" (la totale avec coca et mayonnaise).



24.9.04

C'est qu'on s'amuse chez les dictateurs

Il y a un peu plus d'an, je vous emmenais le temps d'une chronique dans l'ancienne Rhodésie, où sévit l'un des plus sanglants dictateurs de la planète. Cet admirateur avéré d'Adolf Hitler - dont il a d'ailleurs adopté la moustache - conserve, malgré un palmarès à faire pâlir d'envie Rudolf Hess lui-même, ses entrées à Paris, où Chirac n'hésite pas à l'accueillir en hôte de marque.

Un vent malicieux m'a fait parvenir une petite épître rédigée par un des rares blancs qui n'a pas encore déserté le pays suite à la politique d'épuration ethnique de Mugabé. Ames sensibles s'abstenir :

C'etait jour de fete ce samedi 18 septembre a Marondera. Cette petite bourgade située a soixante-dix kilometres de Harare, organisait ce jour-là son show agricole annuel, le "Marondera Agricultural Show". Les shows agricoles annuels sont une vieille tradition qui remonte à l'epoque rhodesienne, et chaque ville organise le sien. C'est l'occasion pour les fermiers d'exhiber leurs plus belles tetes de betail. Des prix sont decernes par des Jurys attentifs et professionnels. Sur des arenes de pelouse amenagees a cet effet, des Charolaises, Brahmanes et autres Normandes, de petits rubans noues autour de leurs cornes pour attirer les votes des juges, rivalisent de coquetterie. Les show agricoles sont aussi l'occasion de rejouissances populaires où les notables de la ville applaudissent les défilés de majorettes au son de fanfares locales. Tout se passe dans une atmosphère bon enfant, et les familles qui en ont les moyens s'achètent hamburgers et hot dogs auprès des marchands ambulants.

Seulement voila, pour des raisons sur lesquelles il serait fastidieux de revenir ici, nous n'avons plus de fermiers au Zimbabwe. Conséquence : le "Harare Agricultural Show", le plus important du pays, qui s'est tenu le mois passe, a presenté un total de neuf vaches et taureaux, toutes categories confondues.

Cependant, nous avons des soldats, beaucoup de soldats! Depuis le retour du corps expeditionnaire zimbabween de ses aventures au Congo et en attendant les prochaines elections prevues pour le mois de mars, nos soldats n'ont pas beaucoup d'occupations.

Les organisateurs du "Marondera Agricultural Show" ont donc eu l'idée géniale de demander à l'armée d'organiser une démontration pour le plus grand plaisir des petits et des grands. Toujours soucieuse de son image de marque auprès de la population, l'armee zimbabweenne a immédiatement accepte l'invitation.

Ainsi, c'est avec impatience que le public vit une unite de l'armée se préparer a donner l'assaut à un "ennemi" imaginaire. A 15 heures tout était pret pour le spectacle. Et quel spectacle ! Dans un grand fracas de tirs automatiques et d'explosions, les troupes s'elancèrent. L'emerveillement tourna vite à l'inquiétude, lorsque des membres du public s'ecroulèrent ensanglantes. Quelques instants plus tard, le doute n'était plus permis : une grenade fit explosion au milieu de la foule,
décimant les spectateurs. Ensuite ce fut la panique et le sauve-qui-peut general.

Les organisateurs avaient manifestement omis de préciser aux autorités militaires que pour ce genre de demonstration il ne faut pas utiliser de balles réelles.

Dans une interview au journal le "HERALD" du 20 septembre, un pilote de l'Air Force of Zimbabwe dont l'helicoptere Alouette était exposé au sol, décrit comment il a essayé de s'enfuir apres avoir été touche par une balle a la jambe. "The airman said
it was strange for the soldiers to have fired live ammunition in public". C'est le moins qu'on puisse dire...


L'hebdomadaire du dimanche, "The Standard", fait état de 2 morts et 13 blesses dont 4 enfants. L'helicoptère est tout de meme parvenu a évacuer les blesses les plus gravement atteints. Contacté par le "Herald" pour fournir une explication sur les causes du tragique incident, le porte-parole de la Zimbabwe National Army (ZNA), le Major Masuku a déclaré qu'il n'avait aucun commentaire à faire car il était a Bulawayo pour le week- end.

Selon le "Standard", "The show did not stop despite the incident. It is going ahead but people are apprehensive". Sans blague !


Voilà. C'est ainsi que se passe la vie au Zimbabwe. Quand l'armée ne tire pas intentionnellement sur les civils (c'est comme ça qu'on disperse les manifestations anti-Mugabé là-bas), elle le fait par erreur. Il faut dire aussi qu'ils ont tellement l'habitude, il faut les excuser.

J'espère que Monsieur Chirac ne manquera pas d'inviter à nouveau Mugabé à l'Elysée pour son prochain passage en Europe et de lui serrer la main. C'est un vieux monsieur tout à fait respectable.



21.9.04

Dimanche sans voiture

Laeken, deux heures du matin. Alain se réveille, par habitude. Inutile de se lever, il ne pourra pas aujourd'hui aller exposer son étal à la brocante dominicale d'Auderghem. C'est la journée sans voiture et la brocante est annulée. Alain se retourne dans son lit sans retrouver le sommeil. Comment va-t-il faire pour payer ses factures de la semaine sans son gagne-pain ?

Woluwe-Saint-Lambert, huit heures du matin. Les yeux bouffis de sommeil, Jean-Albert se lève pour déplacer sa voiture. Ce soir, il doit se rendre avec sa compagne Anne à leur cours de danse de salon dans le centre. A l'heure où le cours se termine, les bus ont cessé de criculer. Comme le rendez-vous est à 19 heures, il ne pourra pas s'y rendre en voiture. La seule solution est donc d'aller garer sa voiture dans le centre avant neuf heures et de rentrer chez lui par les transports en commun. Lui qui adore les grasses matinées du dimanche, le voilà servi.

Bruxelles centre, onze heures du matin. Jean-Pierre, qui a veillé tard hier soir pour terminer un projet important et libérer ainsi son dimanche est tiré de son agréable grasse matinée par un bruit insupportable de techno-beat ronflant. Non loin de son petit appartement dont la chambre donne sur la rue, les habitants de son quartier se sont réappropriés l'espace public en organisant un apéritif festif et citoyen pour célébrer la journée sans voiture.

Chaumont-Gistoux, midi trente. Josiane s'ennuie, seule devant sa télévision. D'habitude, son fils et sa belle-fille viennent manger à la maison avec leurs deux enfants. Elle qui se fait toujours une joie de voir les deux bambins se goinfrer de tarte au sucre pendant que le jeune couple lui raconte les événements de la semaine, il faudra qu'elle passe son dimanche toute seule. "Tu comprends, maman, on ne peut pas sortir de Bruxelles avec la voiture, la police a mis des barrages et il faut une autorisation". Josiane pousse un long soupir. Avec ses problèmes de coeur, elle se demande combien de dimanches elle pourra encore accueillir sa petite famille. Un seul dimanche sans eux, c'est déjà un de trop, à son âge.

Porte de Namur, trois heures de l'après-midi. Une horde de piétons fait du lèche-vitrines le long des boutiques. Ils iraient bien s'acheter, qui une nouvelle paire de chaussures, qui le dernier jeans à la mode. Seulement voilà, la loi interdit aux commerçants d'ouvrir le dimanche.

Place Saint-Jean, même heure. Les commerces sont pleins et leurs propriétaires se frottent les mains. Quelle aubaine d'habiter dans une zone "touristique" et de profiter de la dérogation à la loi sur la fermeture hebdomadaire !

Bruxelles centre, sept heures du soir. Emilio, professeur de danse de salon, accueille les quelques membres de son cours du dimanche qui ont bravé la foule des cyclistes pour venir jusqu'à son local. Même pas la moitié. Ce soir, le prix payé par les participants ne couvrira même pas les frais de location de la salle et Emilio travaille à perte.

Carrefour Léonard, 19 heures. Arsène peste dans les embouteillages. Il revient d'Eghezée où il est allé vendre sa production de kriek artisanale. Tout le monde a postposé son retour à la capitale jusqu'à la levée des barrages de police. Arsène, qui s'est levé à cinq heures du matin, se demande quand il va enfin pouvoir se reposer dans son lit douillet.

Boulevard Reyers, 19h30. Un journaliste pompeux et imbécile se félicite du succès de la journée sans voiture, qui couronne la "semaine de la mobilité". Tout le monde, dit-il, y est allé de son élan solidaire et citoyen.

"Hé, salut hein, flââve peï", grommelle Walter depuis son fauteuil. "Tu crois à ces zieverderaa, peut-être ?"




14.9.04

C'est dans la tête !

Le lecteur peut hausser les sourcils avec une résignation amusée au récit des derniers ukazes de Verfostadt, que mon ami Aristophane nous conte sur son site avec sa verve habituelle, il n'en reste pas moins que les dernières péripéties des compagnies d'assurance témoignent de la déliquescence de la notion de responsabilité individuelle dans notre société.

Plus que l'intervention poutinesque de l'ami Guy - je croyais que jusqu'ici seul un ancien directeur du KGB pouvait avoir le front de pratiquer ainsi au vu et au su de tous un racket digne de la mafia sicilienne - c'est en réalité le consensus bêlant de la presse francophone qui m'a choqué. Comme s'il était normal que le gouvernement intervienne à chaque fois qu'un individu n'a pas assumé les responsabilités qui sont les siennes. Certes, la catastrophe était imprévue et ses conséquences sont dramatiques. Mais chaque jour les accidents moins spectaculaires de la vie quotidienne font leur lot de malheureux : qui, pris dans un accident de voiture où il est clairement en tort, doit supporter seul ses frais d'hospitalisation parce qu'il n'avait pas pris d'assurance; qui, dans un instant de distraction, écrase sa voiture sur un poteau et se retrouve sans véhicule parce qu'il n'a pas pris d'omnium; qui, n'ayant pas pris la précaution de s'assurer en responsabilité civile, se voit obligé de payer de sa poche la réparation de la véranda du voisin que son enfant a accidentellement endommagé en jouant au base-ball. Pour ceux-là, personne ne s'écrie que le destin est injuste, que le gouvernement doit faire quelque chose pour eux, qu'il faut se montrer solidaire. En tout cas jusqu'ici ...

Car la permanence de ces sempiternelles entorses au principe de responsabilité individuelle laisse des traces dans la mentalité des gens. Le discours ambiant, celui qui prétend - admirez le cynisme - lutter contre la soi-disant pensée unique, impose une façon de voir la vie où les individus, de responsables de leur vie et de leurs choix, finissent par devenir les infortunées victimes du destin, de la société, de leur éducation, de leurs parents, des innondations, de la peste ou du phylloxera. Je suis intimement convaincu que cette constante déresponsabilisation, qui commence malheureusement dès le plus jeune âge, est une des causes les plus prégnantes de ce malaise dont chacun se plaît à dire qu'il est une des caractériques de ce début de millénaire dans nos sociétés développées.

J'y revenais déjà dans une précédente chronique, la volonté de l'Etat de se substituer à la mère et de chaperonner les citoyens pour les protéger des conséquences de leurs choix est un fléau dont le plus grand danger est que le faux sentiment de sécurité qu'il procure incline les individus à en demander toujours plus. Et le pire est qu'il se développe comme un cancer. Ils sont toujours plus nombreux, à chaque coup du sort, à demander à l'Etat de venir panser leurs plaies. A vouloir vivre dans une sorte de monde aseptisé dont tout risque est exclus. Ils oublient cependant que ce qui fait que l'homme est Homme, la caractéristique qui fait de nous des être uniques, c'est la capacité de faire des choix et d'en assumer les conséquences.

Peut-être vous rappelez-vous de l'étrange sentiment ambivalent qui s'emparait de vous dans votre enfance, quand, après avoir fait une bêtise, vous arriviez à éviter la punition parentale. Au soulagement d'y avoir échappé s'ajoutait rapidement un indéfinissable malaise, non ? La source de ce malaise, si vous y réfléchissez, c'était la connaissance d'avoir commis une mauvaise action sans avoir eu à en affronter les conséquences. Imaginez les dégâts que peut provoquer ce malaise lorsque il atteint toute une population "sauvée" à chaque fois par l'Etat-Providence et qui, au fond, sait bien qu'on ne peut indéfiniment tirer ainsi sur la corde.


8.9.04

Liens

Voici une liste remise à jour des meilleurs sites et blogs de la planète :

Blogs libéraux et libertariens :

Aristophane Triboulet, l'ultralibertin, pardon libertarien


Blogorrhée


La vipère lubrique, un blog réjouissant


Mélodius, le moine-soldat du libéralisme


"Zek's blog", le blog d'un ayatollah libéral


Liberté, le blog de Vincent Bénard


"Whoops" est clair : dehors l'Etat-Providence !


Urgesat, une bibliographie libérale


Eskoh, le passionné


Chitah, le djihadiste libertarien


Mieux que le yaourt, voici le minarchiste turc


Le blog du vrai Maître du Monde : décoiffant !


"Bruxelles, ma ville", un tout grand blog





Sites libéraux et libertariens

Liberaux.org : LE forum de la communauté libérale


Entrez Libres, un webzine libéral


Le Québecois Libre


Le site de l'Institut Molinari




Sites humoristiques



Blogs et sites intéressants


Chat Borgne, un excellent blog littéraire


Journal d'un Français à San Diego


Merde in France, un blog acide et virulent







Et pour les élections américaines 2008:


Cthulhu for President !