Soldes sur les jours fériés !
Les débuts d'année sont souvent propices à la réflexion et aux nouvelles résolutions. Dans nos contrées francophones et socialistes, elles sont aussi l'occasion d'assister à l'une des attaques les plus patentes de l'Etat contre la liberté : la période des soldes.
"Les soldes, une atteinte à la liberté ? Peste, l'ami Constantin a trop abusé de foie gras et de champagne à la Saint-Sylvestre !" Et pourtant, la réglementation sur les soldes est l'exemple parfait de la conception archaïsante que l'Etat a du commerce ainsi que de l'inefficacité de cette planification si chère aux dirigistes de tout poil.
Rappelons-nous tout d'abord du principe commercial qui justifie les soldes : un commerçant dont la marchandise est une marchandise saisonnière, doit périodiquement, pour faire place à sa nouvelle collection, débarasser son espace de vente des invendus. Plutôt que de tout évacuer vers la décharge la plus proche et de supporter ainsi une perte sèche non négligeable, le bon gestionnaire préfèrera brader sa marchandise et récupérer au moins une partie de l'argent consacré à l'achat de ces marchandises. Pour peu que les réductions consenties soient suffisantes, il lui devient possible de se défaire à bon compte de ses invendus. Jusque là, rien de bien sorcier, ni de répréhensible.
Seulement voilà, l'Etat aime à materner ses sujets (voir mes précédentes chroniques sur l'intervention étatique). Nos politiciens, fortement imprégnés d'une haine du profit héritée du marxisme, se sont assez rapidement imaginés qu'à moins de réguler lourdement cette activité, les méchants commerçant capitalistes n'auraient rien de plus pressé que de gruger le client crédule à l'aide de fausses réductions de prix. Face à cette intolérable menace, seule une réglementation draconienne pouvait protéger le consommateur innocent et naïf du vampirique mercanti.
C'est ainsi que naquit la réglementation sur les soldes. Dans sa grande mansuétude, l'Etat décréta que les soldes auraient lieu deux fois par an, à une période déterminée (janvier et juillet) et que toute activité semblable en-dehors desdites périodes était illégale et interdite, sauf si l'Etat lui accordait sa bénédiction, et qu'il était interdit de modifier les prix durant les quatre semaines précédant lesdites soldes.
Comme le faisait remarquer Jean-Philippe Ducart, porte-parole de l'organisation de consommateurs "Test-Achats", sur les ondes de la radio bolchévique, le résultat est une législation inadaptée aux nécessités du commerce, et dont les prescriptions destinées spécifiquement à empêcher que le client innocent ne soit grugé sont impossibles à faire respecter à moins de mettre un contrôleur des affaires économiques devant chaque magasin".
Inadaptée aux nécessités du commerce ? Pour employer une analogie de saison, le prêt-à-porter en matière de législation ne convient hélas pas à tous. Prenez le marchand d'articles de sports d'hiver. Pour lui, la saison se termine aux environs du mois d'avril, quand les dernières pistes de ski deviennent impraticables. Pourquoi devrait-il être brader ses prix précisément au milieu de la pleine saison ? Et pourquoi ne pourrait-il pas solder ses invendus fin avril ? Et les marchands de maillots de bain, pourquoi devraient-ils solder avec les autres, au moment où les gens s'apprêtent à se ruer sur les plages. Ne pourraient-ils pas se défaire de leurs stocks en septembre ?
La réglementation sur les soldes impose à ces commerçants des pratiques qui leur coûtent. Ce coût sera soit répercuté sur le consommateur via les prix, soit supporté par le commerçant. Dans les deux cas, il s'agira de ressources qui seront détournées d'un usage profitable aux individus par l'intervention étatique. Qui plus est, l'impossibilité de faire respecter les règles censées protéger le consommateur implique que ce détournement de ressources n'a même plus l'excuse - fallacieuse, mais là n'est même pas le propos - de servir à quelque chose.
Plutôt que de se mêler de planifier une activité qui se porte mieux quand il ne s'en occupe pas, l'Etat ferait mieux de se consacrer à supprimer les réglementations anachroniques qui pullulent dans notre pays. Au moins, pour une fois, l'action étatique servirait alors réellement à quelque chose.