Les effets nocifs de l'antiracisme primaire
Dans une récente chronique, je m'étais fixé pour but de démonter la prétendue supériorité culturelle de l'Occident, argument fétiche des néoconservateurs américains et des donneurs de leçons européens pour justifier les plus vils actes de politique internationale, qu'il s'agisse d'envahir un pays dont le régime n'a pas l'heur de plaire à la Maison Blanche ou de poser en phare de la civilisation apportant la lumière aux peuplades barbares qui n'ont pas la chance de vivre dans notre belle Europe laïque et solidaire. Il y a quelques mois, je m'étais attaqué à la chape de plomb du politiquement correct qui a - c'est ma thèse - fait des blondes les cibles favorites des blagues racistes de ce début de millénaire citoyen.
J'aimerais aujourd'hui aborder un autre thème délicat, celui des conséquences néfastes du politiquement correct, et plus particulièrement de la volonté de nier toute différence entre races. Qu'on me comprenne bien, je ne cherche pas ici à démontrer la supériorité de la race X sur la race Y, exercice que j'estime d'autant plus dénué d'intérêt que les facteurs culturels sont plus importants dans le développement d'un individu que son bagage génétique. Ce qui m'intéresse, c'est de démontrer le caractère mortifère des tabous introduits par ceux qui voudraient nier l'évidence, à savoir que les "races" humaines présentent des caractéristiques différentes, et empêcher l'étude scientifique desdites différences afin de faire progresser l'humanité.
Mais, me direz-vous, en quoi donc l'étude des différences entre, disons, un africain et un "caucasien" (pour reprendre le terme américain), peut-elle s'avérer vectrice de progrès pour l'humanité ? Et bien parce que dans certains cas une meilleure connaissance de ces différences peut avoir un effet tangible sur la santé humaine.
Jusqu'il y a peu, je tenais pour vraie la vulgate en matière de races, à savoir que les différences dans le bagage génétique humain étaient trop faibles que pour avoir un impact sur des facteurs autres que la morphologie et la couleur de la peau. Thèse d'autant plus facile à accepter qu'il est désormais prouvé que la terre a été peuplée par vagues de migrations successives dont toutes trouvent leur origine dans la région d'Afrique qui a vu naître les premiers hommes. L'édition de Noël de The Economistnous explique d'ailleurs que les paléontologues, en étudiant d'une part le bagage génétique des mitochondries (qui est toujours transmis par la mère) et d'autre part celui du fameux chromosome Y masculin, ont réussi à retracer les schémas migratoires des premiers hommes et, chose encore plus étonnante, à retrouver l'époque et le lieu ou a vécu la femme qui est à l'origine de l'humanité.
Cependant, les différences génétiques vont en fait plus loin que la simple couleur de la peau. Mon premier contact avec cette affirmation remonte à quelques années, lors d'une discussion avec un représentant de l'industrie pharmaceutique. Cette personne m'avait expliqué, à l'époque, que l'on avait constaté aux Etats-Unis, où de telles recherches sont moins taboues qu'en Europe, que certains médicaments destinés à traiter les maladies cardiovasculaires s'avéraient beaucoup moins efficaces sur la population d'origine africaine que sur les autres populations présentes aux Etats-Unis. Et de déplorer que le caractère tabou des différences raciales mette un sérieux frein à ce genre de recherches.
Un article paru aujourd'hui sur Yahoo News tend à confirmer un peu l'importance des différences génétiques : il existe, semble-t-il, une différence significative entre noirs et blancs lorsqu'on s'intéresse aux risques de développer un cancer du poumon. L'article mentionne d'autre part la commercialisation aux USA d'un médicament spécifiquement destiné aux afro-américains pour le traitement de maladies cardio-vasculaires.
De façon plus anecdotique, certaines recherches ont mis en évidence des différences génétiques entre races qui influencent le rapport à l'alcool : une variation dans le codage des gènes qui déterminent la production d'alcool déhydrogénase (ADH)et d'aldéhyde déhydrogénase (ADH2) par le foie est à l'origine de différences entre populations dans la "résistance" à l'alcool et à l'alcoolisme. Le métabolisme de l'alcool dans l'organisme est en effet affecté de manière significative par des altérations dans la production de ces enzymes. En effet, ces deux enzymes entrent en jeu dans la "décomposition" de l'alcool en glucides. L'ADH décompose l'alcool en aldéhyde et l'ADH2 décompose l'aldéhyde en molécules assimilables par l'organisme. L'éthanol non transformé par l'ADH passe directement dans l'organisme et cause l'intoxication alcoolique. Autrement dit, l'absence ou la moindre efficacité d'ADH entraîne une intoxication alcoolique plus rapide. C'est notamment le cas chez les Indiens d'Amérique, et c'est ce qui explique une prédisposition à l'alcoolisme beaucoup plus importante. Prédisposition dont ont usé sans scrupules les premiers colons américains pour exploiter les populations indiennes. Ajoutez ce facteur au génocide de masse perpétré au siècle passé et vous comprendrez la raison de la quasi-disparition des populations qui peuplaient à l'origine le continent nord-américain. Les populations asiatiques, elles, ont une production d'ADH2 moins efficace. Autrement dit, l'alcool métabolisé est transformé en aldéhyde mais l'aldéhyde n'est pas décomposé. L'aldéhyde est une molécule beaucoup plus toxique que l'éthanol. Ses effets sur l'organisme incluent notamment rougeurs, palpitations, vertiges et migraines, symptômes fortement désagréables. Ce qui explique une moins grande prédisposition génétique à l'alcoolisme chez les populations asiatiques et également, semble-t-il, chez certaines populations africaines.
La question de la différence génétique entre races est donc loin d'être anodine, et l'étude de ces différences peut s'avérer riche en découvertes susceptibles d'améliorer le sort de l'humanité. La pudibonderie qui règne actuellement empêche malheureusement ce genre de recherches de connaître le développement que l'on serait en droit d'espérer. Le politiquement correct n'est donc pas seulement gênant d'un point de vue social. C'est aussi un facteur d'inhibition des progrès de l'humanité. Il est heureux de constater que le tabou commence tout doucement à céder. Mais combien de morts aura-t-il causés dans l'intervalle ? Alors, pour paraphraser Pierre Desproges, ne sombrons pas dans l'antiracisme primaire.