12.4.03

La grande mascarade

Alors que les bourgeons se déplient lentement sur les arbres et les arbrisseaux et que les moineaux volètent frénétiquement à la recherche de matériaux destinés à construire le nid dans lequel ils forniqueront avec ardeur pour la perpétuation de l’espèce, les villes et les campagnes de notre plat pays se préparent à subir l’assaut d’une vague de parasites particulièrement voraces. Il n’est hélas aucun insecticide assez puissant pour lutter contre les rejetons de cette repoussante vermine qui viennent tous les quatre ans occuper les moindres recoins de notre champ visuel. D’ici quelques semaines, de répugnants morceaux de papier, décorés de la trogne compassée et aguicheuse des politiciens en quête de voix et barrés de slogans creux viendront recouvrir le moindre espace plane à leur disposition.

Ne vous y trompez pas, bonnes gens, ces succubes malfaisants ne cherchent nullement, comme ils le prétendent avec angélisme, à se servir du pouvoir que votre vote leur confèrera pour améliorer la façon dont votre pays est géré, que du contraire ! Ils attendent avec impatience que vous leur signiez un nouveau blanc-seing de quatre ans qui leur permettra de puiser à nouveau dans vos poches en toute impunité l’argent qu’ils gaspilleront ensuite sans votre consentement à financer des politiques inefficaces et les coûteuses campagnes de propagande destinées à vous convaincre de leur utilité. Chaque nouveau cycle de quatre ans voit ces harpies pondre des milliers de pages de textes dont l’effet est d’augmenter le contrôle que l’Etat exerce sur vos vies. L’air digne et concerné, ils squattent ensuite les écrans de télévision pour vous expliquer, l’œil humide et la voix vibrante, que chaque nouvel édit répond à votre demande légitime d’améliorer la « protection » dont vous jouissez. Ne vous y trompez pas, ce n’est qu’un leurre. Chaque texte de loi entérine un nouveau recul des libertés individuelles, une nouvelle déresponsabilisation de la population, tout cela sournoisement déguisé afin de vous persuader que nos « politiques » agissent dans l’intérêt de tous.

Dans la grande mascasrade qui débute, chacun tient à convaincre le citoyen hésitant que lui seul parviendra à changer les choses, alors que tous savent pertinemment que le nouveau mandat qu’ils briguent leur servira seulement à accroître leur pouvoir personnel. Dans leur cynisme malfaisant, ils ont même réussi à persuader l’innocent citoyen que le vote est un « droit ». Comment peuvent-ils avoir le toupet d’affirmer une telle chose, alors que si vous refusez d’exercer ce droit, la « justice » peut vous infliger une amende et/ou une peine de prison ?

C’est pourquoi je vous invite, chers lecteurs, à vous livrer à la désobéissance civile. En refusant de vous rendre aux urnes le mois prochain, vous marquerez votre désapprobation à l’égard de ces gens qui se croient tellement plus intelligents que vous qu’ils espèrent vous duper une fois de plus en toute impunité.