14.4.03

Le crépuscule du "Soir"


Dans le "Soir en Ligne" de ce samedi 12 avril, Monsieur René Haquin publiait un article intitulé "Du juridisme qui tue la justice"


Rendons justice à ce brave homme : les relents poujadistes de son titre mettent à eux seuls le lecteur en garde contre les calembredaines qui ne peuvent manquer de suivre. Caveat lector !

De fait, la prose fatiguée et grincheuse qui s'étale tristement en-dessous du titre et relate les derniers rebondissements du procès des anciens dirigeants de la SMAP ne fait que confirmer cette première impression. Je vous passerai les détails, que vous trouverez dans n’importe quel quotidien, pour en venir à l’essentiel, le message d’une personne qu’on ose encore à peine qualifier de « journaliste ».

Monsieur Haquin s’étonne et s’offusque des conséquences de l’indélicatesse des magistrats chargés de l’enquête. Le voilà qui vitupère que si le tribunal décide effectivement d’écarter les pièces obtenues par des moyens frauduleux, « il ne resterait rien des inculpations pour détournements de milliards d'anciens francs lancées, depuis près de huit ans, contre les ex-patrons de la Smap Haverland et Lewalle, [et que cela] reviendrait à annoncer à l'opinion publique que tout est donc fini, que le « juridisme » a une fois encore tué la justice ».

Comment un journaliste digne de ce nom ose-t-il ainsi s’en prendre à un tribunal qui, somme toute, ne fait que son travail, et le fait bien ! Faut-il que nous rappelions à ce triste sire que le principe même d’un état de droit est de s’assurer que toute personne accusée d’une infraction aux lois bénéficie d’un procès équitable ? La fin, obtenir que ces deux malfaiteurs en col blanc soient condamnés, justifie-t-elle donc tous les moyens, y compris l’usage par des magistrats assermentés de faux en écriture ? Ce serait faire tomber la dernière et fragile barrière qui protège encore l’individu de la toute-puissance d’un Etat qui augmente chaque jour son emprise sur ses « citoyens ».

Allons, Monsieur Haquin, puisque nous n’en avez pas le courage, laissez-moi mener votre propos jusqu’à sa conclusion logique : je lance en votre nom un appel à un « sursaut solidaire et citoyen » pour que l’on abolisse ce code de procédure pénale vexatoire ! Puisqu’ils sont accusés, c’est qu’ils sont coupables, que diable, pourquoi encore s’embarrasser d’un procès ? Saisissons-nous de ces deux tire-laine et lynchons-les en public pour l’exemple ! Et quand ils auront esquissé dans le vide leur dernier pas de danse, que l’on fasse subir à Dutroux et à Pirson le supplice du pal ! Ah mais !