Bon sang, mais c'est bien sûr !
Feuilletant avec désoeuvrement les pages d'un périodique "économique" qui, me suis-je laissé dire, est utilisé en France par les professeurs du secondaire désireux de mettre leurs élèves au courant de la situation économique merveilleuse dans laquelle évolue leur beau pays et des menaces ultralibérales qui pèsent sur son bien-être, je suis tombé sur une chronique rédigée par un certain Bernard Simonin, "directeur d'études au Centres d'études de l'emploi". Amusé par le titre dudit opus - "les politiques d'emploi restent légitimes" - j'en ai rapidement parcouru les colonnes, pensant y apprendre les raisons secrètes qui donnent aux fonctionnaires de l'Etat la ferme conviction que les tripatouillages législatifs auxquels ils se livrent contribuent à assainir le marché de l'emploi. Je n'ai pas été déçu. L'auteur, s'inquiétant des critiques formulées par le secteur privé à l'égard des "dispositifs développés par le secteur public ou associatif pour répondre à des besoins insatisfaits en offrant une sécurité d'emploi qui pourraient être accusés de provoquer une mauvaise allocation des ressources, au détriment des entreprises et des besoins du marché", nous livre dans son analyse la quintessence de l'action étatique :
"Pourtant, un des facteurs qui font la pertinence des politiques d'emploi est la capacité à contrecarrer la sélectivité du marché du travail".
Voilà au moins un collectiviste qui tombe le masque et confirme, bien qu'ingénument j'imagine, que le rôle de l'Etat est d'empêcher le bon fonctionnement des marchés, et par là de gêner l'évolution de l'économie. Tout en se plaignant de l'inquiétant niveau du chômage et en en rejetant la faute sur le secteur privé. Une sorte de pastiche à l'échelle d'une nation (que dis-je, d'un continent) des célèbres déboires du Dr Jekyll et de Mr Hyde ...
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