5.9.03

Caution morale

Dans une précédente chronique, je vous expliquais que le défunt Pierre Poujade avait un digne successeur en la personne de José Bové. La lecture de la colonne "Obituary" du magazine The Economist m'indique ce matin que je ne suis pas le seul à penser cela.


Poujadism, however, lives on. Anti-tax, anti-semitic and anti-establishment, its blend of gruff nationalism, direct action and arcadian nostalgia can be seen in the campaigns of Jean-Marie Le Pen, the leader of France's xenophobic National Front, and José Bové, the leader of its anti-globalisation movement.

Outre la confirmation de mon opinion sur José Bové, cette phrase me réjouit en ce qu'elle représente l'affirmation d'une autre vérité de la scène politique : l'extrême-gauche et l'extrême-droite ne sont éloignées qu'en apparence. Leur objectif est similaire : la domination du pays, le repli sur soi, et la volonté d'imposer aux autres ce que leurs zélotes estiment être bon et juste. Que le "bon et juste" de Bové soit une bande de néo-hippies cultivant leur nourriture "biologique" aux frais de l'Union Européenne et celui de Le Pen une bande de Français de pur souche ayant "bouté l'Arabe, le Nègre, le Juif et le Pédé hors de France" pour y établir un Etat-Providence semblable à celui qu'Hitler instaura en Allemagne à la fin des années 30, la différence importe peu. Ce qui intéresse ces inquiétants histrions, c'est de forcer les autres à faire comme eux ou à prendre la porte. Et ce qui inquiète votre serviteur, c'est que le cri d'alarme poussé pour la première fois par Friedrich Hayek en 1944 dans "The Road to Serfdom" pour rappeler à tous l'inévitable issue totalitaire de l'application tant des idéologies d'extrême-gauche que de celles d'extrême-droite n'a toujours pas été entendu par ceux, toujours plus nombreux, qui se rallient à la cause altermondialiste.

Que "The Economist" le rappelle dans ses colonnes est une bonne chose.