Les chiffres (deuxième partie)
A présent que nous avons exploré les statistiques officielles à la recherche des "chômeurs qui ne sont pas des chômeurs", nous pouvons nous intéresser à la deuxième partie de la question. Certes, le taux de chômage en Belgique est de 12,7%, ou plutôt de 19,6% si nous rajoutons les chômeurs "oubliés" grâce à une petite règle de trois, mais 19,6% de quoi exactement ?
Comparer le nombre de chômeurs à la population belge dans son ensemble n'aurait que peu de sens du point de vue statistique : il y a dans la population deux catégories qui ne sont pas "disponibles sur le marché du travail" : les enfants et les pensionnés. Les inclure dans les statistiques rendrait la comparaison impossible entre pays, ou même à l'intérieur d'un même pays, d'année en année, puisque la strucure de la pyramide des âges aurait alors une influence sur le taux de chômage. C'est pourquoi on lui préfère la notion de population active, que l'on définit comme l'ensembles des personnes de 15 ans et plus qui vivent en Belgique et qui se trouvent sur le marché du travail, indépendamment du fait qu'elles trouvent du travail ou non. C'est par rapport à cette population active que se calcule le taux de chômage. Le tableau suivant nous permet de découvrir qu'en 2004 la population active était d'environ 4.797.000 personnes. Serions-nous enfin au bout de nos peines ? Bien sûr que non.
En effet, et je suis persuadé que nombre d'entre vous se sont déjà étonnés à la lecture de ce dernier chiffre. La population active se monte à 4.797.000 personnes alors que notre pays compte environ dix millions d'habitants. Cela semble impliquer que les moins de 15 ans et les pensionnés représenteraient la moitié de la population. Ce qui semble absurde à première vue. Le tableau que nous venons de regarder contient un élément de réponse : on y aperçoit, à côté de la colonne "population active", une colonne "population en âge de travailler". Dans cette colonne, le chiffre de 6.828.000 personnes. Ce dernier chiffre reprend les personnes en âge de travailler mais qui ne sont plus à la recherche d'un emploi. Un document du Ministère de l'Emploi(vous m'excuserez de ne pas utiliser l'appellation complète) nous apprend (page 11) qu'en 2000, 32,9% de la population belge en âge de travailler n'était pas désireuse de se mettre à la recherche d'un emploi (et donc d'entrer dans la population active au sens statistique du terme). Un chiffre largement supérieur, soit dit en passant, à la moyenne européenne, qui est de 26,7%. A la dimension "taux de chômage", il convient donc, si nous voulons nous faire une idée de la situation de notre pays en matière d'emploi, intégrer cette deuxième dimension dans notre réflexion : à côté du taux de chômage, il faut aussi tenir compte du rapport entre population active et population en âge de travailler.
Un dernier tableau nous permet de résumer la situation : en 2003, sur les quelque 10.355.800 habitants de notre beau pays, les "non-actifs" de 15 à 64 ans représentaient 23% de la population. Seuls 39,1% des habitants avaient un travail. Or, ce sont les impôts de ces derniers qui alimentent les caisses de l'Etat. Voilà sans aucun doute une des causes de la pression fiscale gigantesque dont sont victimes les travailleurs dans notre royaume fritier. Pour achever de vous déprimer, je vous rappelle que parmi les 39,1% se trouvent également des fonctionnaires, lesquels sont également payés grâce aux impôts. Voilà, tout est dit. Un conseil : si cet article vous a donné envie de vous tirer une balle dans la tête, évitez de vous rater, sinon vous allez encore augmenter le déficit de la sécurité sociale.
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