Fascisme et islamisme : l'interdiction qui renforce
Il y a quelques années, au moment du vote de la loi sur les propos racistes en Belgique, votre serviteur s'était fait expulser sans ménagements du forum du Soir en ligne. Les opinions que j'avais émises n'avaient pas eu l'heur de plaire aux modérateurs dudit forum, lesquels s'étaient sans doute offusqués de ne pas me voir bêler avec le troupeau qui se réjouissait de l'interdiction des propos racistes. Mon argument, qui n'a pas changé depuis, est que d'une telle interdiction découlent deux effets pernicieux : le renforcement de l'extrême-droite, qui peut depuis le vote de cette loi jouer la pauvre victime de la censure et s'attirer ainsi la sympathie d'une plus grande frange de la population, et une première atteinte au principe de liberté d'expression qui, tôt ou tard, ouvrira la porte à d'autres entorses aux conséquences plus sérieuses.
Que je puisse défendre le droit des malfaisants à s'exprimer n'implique nullement que je cautionne leur propos nauséabonds. J'estime cependant que le refus du débat tel qu'il est sanctionné par la loi fait le jeu de l'extrême-droite, qui faute de pouvoir s'exprimer sur la place publique, est privée de la confrontation de ses idées avec les réfutations argumentées qui pourraient aisément les réduire à néant. Le navrant résultat de cette excommunication est donc que la propagande haineuse continue sous le manteau, à l'abri des contradicteurs, et que les thèses racistes gagnent chaque jour de nouveaux zélateurs.
La récente polémique autour du port du foulard islamique me semble le contrepoint de cette première erreur. Les fanatiques barbus, avec à leur tête le ramollah du bulbe rachidien qu'est Jean-François "Abdullah" Bastin, imam autoproclamé des radicaux intolérants, et Abu Jahjah, suppôt d'une organisation islamiste égyptienne peu reluisante, se sont emparés d'une nouvelle tribune d'expression de leurs thèses puantes en prenant fait et cause pour les élèves illettrées* et voilées d'un obscur établissement bruxellois.
Avant de poursuivre, le libertarien que je suis ne peut manquer, chers lecteurs, de vous faire remarquer que ce genre de polémique n'aurait pas lieu dans une école privée, où le contrat d'insrciption stipulerait les droits et obligations de chacune des parties, en ce compris si telle est la décision de l'école l'obligation de laisser le foulard au vestiaire. Dans un système d'écoles publiques dont la vocation est d'être ouvertes à toutes et tous, l'interdiction du voile pose par contre problème. D'abord parce que la mesure introduit une discrimination envers les musulmanes qui souhaitent porter le voile de manière pacifique et sans prosélytisme. Ensuite parce que les commentateurs amalgament plusieurs problèmes, beaucoup prétendant à tort que céder sur le voile implique, dans un futur proche, de céder sur la mixité des cours ou le contenu des programmes. Enfin, et surtout, parce que la polémique qui s'ensuit est une formidalbe occasion pour les islamistes de répandre leurs idées tout aussi nauséabondes que celles de l'extrême-droite. Que seules 250 personnes sur les 200.000 maghrébins plus ou moins musulmans qui vivent à Bruxelles se soient déplacées (et encore, je ne compte pas les militants qu'Abu Jahjah a importés d'Anvers pour l'occasion) suffit à démontrer le peu de cas que fait la communauté maghrébine de Bruxelles de ce ridicule incident. Pourquoi dès lors offrir aux extrémistes de tout poil l'occasion de se faire connaître ?
Dans l'affaire qui nous occupe aujourd'hui, celle de l'Athénée Bruxelles 2, le préfet et les enseignants expliquent que la décision actuelle d'interdire le voile est motivée par la recrudescence du port du voile (qui se fait par ailleurs de plus en plus imposant) et le prosélytisme dont font preuve les élèves voilées qui tentent de convaincre leurs petites camarades de les rejoindre. Et alors ? Si ces jeunes demoiselles éprouvent l'envie immodérée de diminuer elles-mêmes leurs chances d'intégration dans la société, et d'en convaincre leurs camarades, libre à elles. Et si elles sont victimes de la pression sociale ou de la pression familiale, est-ce vraiment le rôle de la Communauté Française de "voler à leur secours" ? N'est-il pas plus important de leur donner une bonne formation (la déplorbale orthographe des calicaots des manifestants nous indique qu'il y a encore des progrès à faire dans ce domaine). Quand l'Etat prétend aider les gens, l'effet contre-productif de son action aboutit généralement à l'inverse des résultats escomptés. Le meilleur service que la Communauté Française puisse rendre à ces jeunes femmes, c'est peut-être d'arrêter de vouloir les aider à tout prix.
Interdire le voile dans les écoles, c'est donner l'occasion à ceux et celles qui promeuvent l'Islamisme de se poser en victimes et de s'attirer la sympathie d'une frange plus large de la population. Couplée à l'interdiction des propos racistes, cette mesure permet aux deux "camps" fasciste et islamiste de se radicaliser et de gagner de nouveaux adeptes. Bref, c'est jeter de l'huile sur le feu en prétendant éteindre l'incendie. Remarquons par ailleurs que l'Etat, ou l'organisme étatique assimilé qui gère l'enseignement en Communauté Française a lâchement décidé de déléguer le choix de l'interdiction ou de l'autorisation aux écoles, preuve s'il en fallait encore une du remarquable courage de nos politiciens.
lorsqu'elles brandissent fièrement un calicot sur lequel est inscrit "ABBAT LE RACISME VIVE LA TOLERENCE", sont-elles conscientes de porter de l'eau au moulin de ceux qui prétendent que l'Islam est une religion obscurantiste ?
Mise à jour : l'ami Melodius a consacré un excellent article à l'interdiction du foulard, lisez-le sans plus tarder !
<< Retour à l'accueil