Le besoin d'intervention étatique (I)
Jamais la tentation de faire appel à l'Etat pour résoudre le moindre de nos problèmes n'a été aussi forte dans nos social-démocraties qu'en ce début de XXIème siècle. Il ne se passe pas un jour sans qu'un journaliste ou une figure publique n'en appelle à une plus grande intervention étatique dans tel ou tel domaine, que ce soit pour réglementer une activité, protéger le citoyen ou assister financièrement quelque groupe en difficulté. Se tourner vers l'Etat est devenu une sorte de réflexe pavlovien. Malheureusement, l'intervention étatique n'est pas une panacée. Dans le meilleur des cas le problème reste entier. Dans le pire des cas, l'intervention complique encore la situation, ce qui entraîne une nouvelle intervention qui vise à corriger le tir mais ne fait généralement qu'aggraver le problème, et ainsi de suite en un cercle vicieux d'interventions inefficaces.
L'aveuglement généralisé quant à l'inefficacité de l'intervention étatique a de quoi surprendre. Nos édiles, qui aiment à répéter qu'il faut apprendre les leçons de l'Histoire, font preuve d'un curieux aveuglement quand ces leçons s'appliquent à leurs propres décicions. Prenez la "lutte contre la drogue", par exemple. Cela fait maintenant presque trois quart de siècle que les Etats-Unis ont aboli la Prohibition. Cette tentative de lutter contre les ravages de l'alcool, loin de réduire l'alcoolisme, l'a encouragé, et a au passage contribué à l'essor d'organisations mafieuses pour lesquelles le commerce du produit interdit vint remplacer le bon vieux racket comme source de financement. Pourtant, l'échec de la Prohibition n'empêcha pas les mêmes Etats-Unis de promulguer, quelques années àpeine après la fin de cette triste expérience, l'interdiction de consommer et de vendre le cannabis et ses produits dérivés. Aujourd'hui, la "guerre contre la drogue" mobilise des moyens gigantesques sans réellement parvenir à endiguer l'augmentation de la consommation de drogues, tant dures que douces, au pays de l'Oncle Sam.
Si nous voulons nous opposer efficacement à l'accroissement généralisé de l'intervention étatique, il ne nous suffira donc pas de démontrer son inefficacité, puisqu'à cette leçon-là personne ne semble prêter attention. Ce fait même nous indique cependant la nature du problème auquel nous faisons face : le recours à l'intervention étatique, malgré les discours contraires que nous entendons à l'occasion, est un phénomène non pas intellectuel mais émotionnel. L'acharnement de certains libéraux à prouver par les faits l'inefficacité de l'intervention étatique n'est certes pas entièrement inutile - car elle sert à convaincre ceux qui, comme nous, sont sensibles à la voix de la raison - mais elle ne suffira pas à renverser la vapeur. Ce sont les facteurs émotionnels qu'il nous faut analyser et ensuite combattre.
La vraie question est dès lors de savoir quelles sont les causes de cet acharnement à recourir à l'Etat en dépit de la raison. A mon sens, il en existe quatre :
- la notion de morale collective
- le besoin d'une mère
- l'endoctrinement par l'éducation étatique
- la propagande intellectuelle
Je vous proposer de consacrer une chronique à chacun de ces phénomènes. J'espère que vous profiterez de la fonction "commentaires" pour enrichir le débat.
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