La haine du profit
En ce début de XXIème siècle qui voit croître chaque jour l'emprise de l'Etat sur les individus, il est un mythe qui prend petit à petit valeur de dogme : la haine du profit. Selon ce dogme, une activité ne peut être noble si elle rapporte un quelconque avantage financier à celui qui la mène. Pour acquérir ses titres de noblesse, une activité doit être "non-marchande", c'est-à-dire en gros ne rapporter aucun bénéfice, ce qui revient en fin de compte, à moins d'un miracle d'équilibre budgétaire, à être subsidiée par l'Etat, ou plus exactement exercée aux dépens des contribuables.
Si ce mythe a pu prendre force de dogme au cours des dernières décennies, c'est grâce à l'action inlassable des journalistes et autres intellectuels de gauche (puissant oxymore s'il en est). Pas plus tard que ce matin, la radio bolchévique en donnait un exemple frappant : un journaliste de la radio-télévision bolchévique francolâtre interviewait un responsable de "Touring Assurances", la branche assurances de la société de dépannage Touring Secours. Touring Assurances vient en effet de lancer un nouveau produit, une assurance à tarif réduit destinée aux automobilistes qui utilisent les transports en commun pour se rendre sur leur lieu de travail, réservant l'usage de la voiture aux soirées, aux weekends et aux inévitables "grosses courses". Ce profil d'utilisation réduisant sensiblement les risques d'accident, la prime d'assurance, qui reflète ce risque, peut être réduite sans que la compagnie d'assurances y perde quoi que ce soit.
"Ah", s'exclame le journaliste avec dépit, "il y a donc un bémol". Et de poursuivre : "Touring Assurance en retire donc un profit".
Et voilà, le mot est lancé. Pour que cette initiative soit considérée comme intéressante, peu importe qu'elle profite aux automobilistes usagers réguliers des transports en commun, il faut donc avant tout qu'elle ne rapporte rien à son promoteur. Que ces automobilistes soient contents de payer moins cher leur assurance en responsabilité civile importe peu. L'initiative n'est pas noble car la société d'assurances y trouve elle aussi son compte.
En clair, la raison même de l'échange, qui est que les deux parties en retirent un avantage, est désormais suspecte. Pour qu'un échange soit "citoyen", il faut que seule une des deux parties à l'échange, celle qui ne tire pas de l'échange ses moyens de subsistance, en profite.
Voilà comment se crée une société d'assistés, financée par l'impôt. Mais tous ces braves journalistes et intellectuels se sont-ils déjà demandé ce qu'ils taxeront le jour ou plus personne ne fera de profit ?
3 Commentaires:
Ils n'ont pas ce minimum de cohérence, et ce pour la bonne et simple raison que c'est avec l'argent d'autrui qu'ils aiment à exercer leur "générosité". C'est à mon avis trop leur demander que d'espérer qu'ils poussent la réflexion jusqu'à analyser l'origine de ces fonds qu'ils dilapident.
Le mythe du tout gratuit; ce tour de passe passe, l'Etat magicien l'a réussi il ya bien longtemps... Continuez à ébranler ce sophisme!
Oui, moi aussi, le mythe du "tout gratuit" m'énerve. C'est l'ensemble des citoyens qui paie finalement la note.
Je pense aussi que dans un échange, les deux parties doivent y trouver leur compte. Cela n'a rien d'immoral, bien au contraire
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