7.12.05

Petite histoire du commerce mondial (première partie)

« Les chiens aboient, la caravane passe » Pas besoin d’être grand historien pour se douter que l’expression est plus ancienne que les congés payés aux Pays-Bas. Et que ce proverbe arabe ne parle pas de camping mais bien de commerce : au Moyen-Age, les caravanes étaient des groupes de marchands qui se réunissaient pour parcourir de longues distances. N'en déplaise aux altermondialeux, le commerce international ne date donc pas d’hier.

Ni d’avant-hier d’ailleurs. Dans son ouvrage « From fire to Freud : a history of ideas », le journaliste et chercheur en archéologie Peter Watson nous apprend que les premiers échanges commerciaux sur de longues distances ont eu lieu il y a plus de 150.000 ans, en plein Paléolithique ! Des fouilles menées sur divers sites paléolithiques à travers le monde ont en effet permis d’exhumer des artefacts fabriqués à partir de matières premières disponibles seulement à plusieurs centaines ou plusieurs milliers de kilomètres de leur lieu de découverte. Autrement dit, les hommes du Paléolithique troquaient des objets qu’ils ne pouvaient pas se procurer dans leur région, comme par exemple les pierres de silex ou d’obsidienne, contre des biens dont ils disposaient en abondance.

Plus récemment, autour de la mer Méditerranée, on retrouve les traces de civilisations entièrement basées commerce. La plus fameuse est sans conteste celle des Phéniciens. Originaires de l’endroit où se trouvent actuellement la Syrie et le Liban, ils avaient établi sur les côtes de la Méditerranée un réseau de ports commerciaux. Ils transportaient et échangeaient les marchandises les plus variées : Cèdres du Liban, tissus et verre de Phénicie, argent et étain d’Espagne et de Grande-Bretagne, cuivre de Chypre, et même des épices et de la soie venues d’Asie par les routes commerciales terrestres (la célèbre « Route de la Soie »). Les marchands phéniciens étaient en contact avec la totalité du monde connu ! Ils étaient les principaux fournisseurs de bois de l’Egypte des pharaons. La civilisation phénicienne remonte à plus de 3000 ans avant Jésus-Christ et connaît sa période la plus florissante entre 1200 et 800 avant J-C. Certaines villes fondées par les Phéniciens existent encore de nos jours, comme par exemple Tyr (Sur) au Liban, Tripoli en Libye, Sousse et Carthage en Tunisie, et les villes espagnoles de Cadix et Carthagène.

La domination des Phéniciens sur les routes maritimes a peu à peu fait place à la concurrence avec une autre puissance : la Grèce. La Sicile, par exemple, abritait à une époque des colonies grecques et phéniciennes. La concurrence commerciale se mua hélas rapidement en guerre. Mais c’est l’empire romain qui, après avoir conquis la Grèce et les colonies grecques de Méditerrannée, mettra définitivement fin à la présence phénicienne par la destruction de Carthage en 146 avant J-C, à l’issue de la troisième Guerre Punique. Notons au passage que les Phéniciens, peuple de commerçants, ne goûtaient que très modérément la guerre et les combats. Les guerres puniques furent d’ailleurs démarrées par Rome, puissance militaire et non commerciale. Contrairement aux armées romaines, les armées carthaginoises étaient presque uniquement composées de mercenaires. Ce qui ne les empêcha pas d’obtenir des résultats impressionnants: lors de la deuxième guerre punique, le général carthaginois Hasdrubal conquit l’Espagne. Son fils Hannibal, à la tête d’une armée de mercenaires, réussit ensuite l’exploit de remonter le long des côtes depuis l’Espagne et de faire traverser les Alpes à son armée de plus de 50.000 mercenaires (y compris une cavalerie et des éléphants). En 217 avant J-C, sur les bords du lac Trasimène, il inflige à l’armée romaine menée par le consul Flaminius une de ses plus ignominieuses défaites. L’année suivante, il remet le couvert à Cannes, en Apulie, où il liquide plus de 60.000 légionnaires (sur une armée de 86.000 hommes).

Si Hannibal ne poursuit pas sur sa lancée pour écraser Rome, c’est « grâce » aux politiciens carthaginois de l’époque, qui, dans un de ces mémorables calculs politiciens qui démontrent mieux que de longs discours la nuisibilité des hommes de l’Etat, refusent d’envoyer des renforts, de peur que la gloire d’Hannibal en cas de victoire ne mette en péril leur propre carrière politique. Leur refus s’avèrera néfaste au-delà de toutes les projections : l’absence de renforts empêche Hannibal de conquérir Rome, et la contre-offensive romaine menée par Scipion l’Africain mettra fin à la deuxième guerre punique. Quelques cinquante années plus tard, Rome décidera de la destruction totale de la ville de Carthage. A peine trois ans seront nécessaires à Scipion Emilien pour vaincre les carthaginois affaiblis, massacrer la population, vendre les survivants comme esclaves, raser entièrement la ville et répandre du sel sur le sol pour le rendre stérile.




13 Commentaires:

Blogger Constantin a écrit...

Je ne vois pas le rapport entre la censure et le commerce, mais bon. Ni entre Spartacus et le commerce, d'ailleurs. A moins qu'il ne s'agisse du commerce d'esclaves, commerce florissant à l'époque carthaginoise comme à l'époque de la colonisation, ainsi que nous le verrons dans une prochaine rubrique historique.

8/12/05 18:17  
Blogger Constantin a écrit...

Je suis un homme libre, je ne demande rien de plus que la liberté. Vous, par contre, vous exigez que les hommes soient réduits en esclavage et vivent de la manière que vous estimez bonne et conforme à votre définition de la morale. C'est donc vous le chaud partisan de l'esclavagisme (qu'on appelle aussi parfois Etat-Providence), pas moi.

9/12/05 17:13  
Anonymous Anonyme a écrit...

C'est rafraichissant de lire un peu d'histoire classique. C'est vrai qu'ils ont manque de motivation dans la guerre contre Rome (qui elle etait toujours enthousiaste).

Mais aucun renfort n'aurait permis a Hannibal de gagner la guerre en Italie. Les levees de la seule population de Rome aurait suffit a arreter toute attaque contre la ville. L'espoir etait de revolter les celtes et les peuples d'Italie contre Rome. La panique suivant Cannae a ete gravement exageree par les commentateurs romains de la posterite.
Les fautes du senat carthaginois sont aussi l'abandon premature de la Sicile a la fin de la premiere guerre punique (pour des raisons commerciales justement), et les clameurs guerrieres et tergiversations au debut de la troisieme guerre punique.

Pour l'usage de mercenaires, il faut excuser les carthaginois. Ce n'est pas forcement le manque de civisme, mais plutot le caractere financier de leur etablissement militaire. Les citoyens servant principalement sur les quinqueremes n'etaient pas disponibles pour le service sur terre. L'argent etait le nerf de la guerre pour equiper une flotte tres onereuse, et engager des mercenaires pour leurs armees.

Le tort de Carthage: une economie incompatible avec la guerre, qui leur interdisait toute action belliqueuse. Meme contre la seule ville de Syracuse en Sicile ils ont eu du mal a se maintenir. On peut voir des paralleles modernes.

L'histoire antique ne manque d'exemples ou l'incompetence des politiciens se traduit immediatement par la defaite voire la disparition de tout un peuple.

10/12/05 01:32  
Anonymous Anonyme a écrit...

Oh le beau commentaire de Thibault.

C'est pas biaise du tout ca de renier l'histoire classique sous pretexte qu'elle n'est pas presentee dans le contexte de la lutte des classes.
Avez-vous vraiment envie de vous donner la peine d'etudier les traites detailles des historiens scientifiques comme DeCoulanges ou Bloch (qui au passage etait largement d'inspiration marxiste, ce qui ne fait qu'enrichir son analyse) si riches justement en details sociaux? Ou preferez-vous simplement denigrer?

La j'attends une reponse, parce si vous etes interesse, j'ai le sentiment que je pourrais vous en apprendre pas mal sur l'histoire de l'esclavage, quoique je ne sois pas expert.

10/12/05 07:48  
Blogger Constantin a écrit...

C'est rafraichissant de lire un peu d'histoire classique. C'est vrai qu'ils ont manque de motivation dans la guerre contre Rome (qui elle etait toujours enthousiaste)

Merci de ce gentil commentaire. N'étant pas historien, je m'aventure en terrain dangereux, mais j'avoue que les Phéniciens me fascinent. L'idée d'un peuple de commerçants qui, alors que le Latium était encore peuplé de crétins dégénérés, avait déjà établi des routes commerciales entre la Syrie et le sud de l'Angleterre me remplit d'admiration.

Mais aucun renfort n'aurait permis a Hannibal de gagner la guerre en Italie. Les levees de la seule population de Rome aurait suffit a arreter toute attaque contre la ville. L'espoir etait de revolter les celtes et les peuples d'Italie contre Rome.

Effectivement. Mais il ne s'en sortait pas trop mal dans sa mission de soulèvement des peuples d'Italie, si je me rappelle bien. Cannae restera surtout célèbre pour la manoeuvre militaire utilisée par Hannibal pour s'assurer la victoire. Pour le reste, je n'en sais ma foi trop rien. Si les renforts avaient été envoyés à Hannibal, les Romains n'auraient peut-être pas eu l'occasion de porter la guerre directement sur le sol africain.


La panique suivant Cannae a ete gravement exageree par les commentateurs romains de la posterite.
Les fautes du senat carthaginois sont aussi l'abandon premature de la Sicile a la fin de la premiere guerre punique (pour des raisons commerciales justement), et les clameurs guerrieres et tergiversations au debut de la troisieme guerre punique.


Ils n'ont effectivement pas brillé par leur pensée stratégique.



Pour l'usage de mercenaires, il faut excuser les carthaginois. Ce n'est pas forcement le manque de civisme, mais plutot le caractere financier de leur etablissement militaire. Les citoyens servant principalement sur les quinqueremes n'etaient pas disponibles pour le service sur terre. L'argent etait le nerf de la guerre pour equiper une flotte tres onereuse, et engager des mercenaires pour leurs armees.


Certes. Mais je préfère une société centrée sur le commerce, comme la société phénicienne, plutôt que sur la guerre et le conquête, comme les Romains.



Le tort de Carthage: une economie incompatible avec la guerre, qui leur interdisait toute action belliqueuse. Meme contre la seule ville de Syracuse en Sicile ils ont eu du mal a se maintenir. On peut voir des paralleles modernes.


De fait


L'histoire antique ne manque d'exemples ou l'incompetence des politiciens se traduit immediatement par la defaite voire la disparition de tout un peuple.


Hé oui, et le sempiternel couplet sur les leçons du passé a un petit goût amer ...

10/12/05 11:37  
Anonymous Anonyme a écrit...

“Certes. Mais je préfère une société centrée sur le commerce, comme la société phénicienne, plutôt que sur la guerre et le conquête, comme les Romains.”

Je partage votre inclination, comme je pense la plupart des gens rationnels. Pour schématiser très grossièrement, la richesse de Carthage à cette époque c’était les métaux. La ressource la plus précieuse du monde antique: la supériorité du légionnaire romain ou du hoplite grec, c’est avant tout 30kg de métal raffiné par personne. L’exploitation des ressources naturelles permettant cette production n’était pas très compatible avec la guerre sur terre ou sur mer. Ce n’est pas parce qu’on est belliqueux et qu’on accepte de commencer les guerres qu’on peut se donner les moyens de les finir.
Les romains en revanche avaient un système gros producteur et gros consommateur d’esclaves. Les guerres perpétuelles étaient génératrices de prisonniers de guerre. En même temps les territoires conquis demandaient de la main d’oeuvre servile pour être colonisés (un système quand même un peu moche). Le romain n’était pas du tout commerçant, mais la guerre, même couteuse et même dans la durée, ça ne lui a jamais posé de problèmes.

Au risque de me répéter, les parallèles modernes sont sous nos yeux.

11/12/05 00:51  
Blogger Constantin a écrit...

De fait, le système romain était basé sur la guerre et l'expansion, et donc mieux conçu pour résister aux guerres puniques, si j'ose dire.

D'ailleurs, si je ne me trompe, après la première guerre punique, les carthaginois ont eu quelques problèmes avec leurs mercenaires, non ?

Ceci dit, si je ne me trompe, les carthaginois avaient beau être de "pacifiques" (ou presque) commerçants, il faut avouer que certaines de leurs coutumes, comme le sacrifice rituel des premiers-nés, n'étaient pas des plus appétissantes.

11/12/05 12:29  
Anonymous Anonyme a écrit...

Pacifique? Il ne faut pas aller trop loin en effet. Patrick vous me faites un procés d’intention. Ai-je dit doux commerçant ou pacifique? Si c’est le cas vous faites bien de me rapeller à l’ordre. Incapable de faire la guerre, ne veut pas dire pacifique. D’ailleurs le carthaginois du troisième siécle n’est pas moins cruel dans ses moeurs que le romain, simplement son économie repose sur des échanges commerciaux incompatibles avec la guerre. La flotte sert aussi à combattre les corsaires romains et aetoliens infestant la méditerranée.

Le sacrifice des bébés, j’en ai entendu parler mais je suis complètement ignorant de la chose. Je suppose qu’il s’agissait d’enfants d’esclaves. Evidemment toutes ces moeurs sont choquantes pour nous. Le plus “humain” de cette période est probablement le grec héllenistique, qui a eu plusieurs siècles de culture politique pour adoucir ses moeurs. Le grec du cinquiéme siècle ne réfléchit pas à deux fois avant de tuer tous les mâles dans la cité conquise et de vendre les femmes et les enfants en esclavage (le Romain se le permet encore en 146av.JC). Mais le grec héllenistique ne se permet presque jamais de prendre les prisonniers de guerre et de les vendre en esclavage: trop cruel.

Les difficultés avec les mercenaires à la fin de la première guerre punique, je pense est à apparenter avec les bétises anti-romaines qui se sont dites dans le sénat carthaginois provoquant en partie la troisième guerre punique. Manque de lucidité des politiciens.

Un dernier point, cher Patrick. Les guerres en Sicile contre les colonies grecques: Carthage est souvent l’agresseur, je suis d’accord. Les guerres puniques: Rome est l’agresseur. Mais je ne cherchais pas à établir un quelconque statut de victimes.

Les parallèles: c’est à chacun de les faire en fonction de sa perception personelle de l’histoire moderne.

13/12/05 08:01  
Anonymous Anonyme a écrit...

Patrick, je relis votre message. Je n’allais évidemment pas faire: gentils=carthaginois, méchants=romain, suivi de parallèle moderne: gentils=[insérer votre pays/religion], méchants=[insérer vos ennemis]. Je ne prétend pas être un expert, et mon orthographe est terrible, mais donnez-moi quand même crédit pour deux centimes d’esprit critique!

13/12/05 08:10  
Anonymous Anonyme a écrit...

Patrick, je n’ai pas de problème avec votre caractérisation de la guerre carthaginoise: une guerre limitée pour des objectifs limités et souvent économiques.

Des quatres civilisations majeures du troisième siécle, basées sur l’Europe. Les grecs/macédoniens ont conquis la Perse et se partagent toute l’Asie. Les romains, sans commentaire. Les celtes envahissent toute l’Europe, seules la Macédoine et l’Italie resistent à leurs coups de boutoir. Et enfin les carthaginois, sont les seuls dont la puissance est basée sur le commerce et non pas la pure conquête militaire (pas pour dire que c’était des gentils hein?). Je pense que c’est ça l’argument de Constantin, et c’est quand même une certaine vérité.

Parce que cher Thibault, personne ne défend l’esclavage. Ni les moeurs de l’époque, ni la guerre, ça c’est sûr. Vous cherchez des ennemis là oú vous n’en avez pas. Moi aussi je vais paraphraser quelqu’un. C’est en comprenant les erreurs et les crimes du passé, qu’on peut éviter de les reproduire. Donc ouvrez-vous un peu l’esprit à l’histoire, même si vous la trouvez dégoûtante. Ce sont des gens comme vous qui veulent passer la Shoah sous silence. L’histoire ce sont les bons moments et les mauvais moments. Sinon on apprend rien et on recommence.

“Vous avez raison, le commerce a toujours été le facteur essentiel des guerres.”
Ouais, enfin si on parle de l’antiquité, il faut certainement rajouter: le pillage, le viol, et l’acquisition de terres et d’esclaves.

14/12/05 06:05  
Anonymous Anonyme a écrit...

“Une guerre limitée pour des objectifs limités et souvent économiques.”
Enfin ça c’est la théorie, parce que la guerre on sait où ça commence, on sait rarement où ça finit. La première guerre punique ça a été le gros dérapage. Erreur de calcul pour reprendre les termes que Thibault m'attribue.

14/12/05 06:48  
Blogger Constantin a écrit...

Mon cher Thibault, je ne vois pas ce que la Shoah a de commun avec le morceau d'histoire dont nous discutons. Nous sommes en train de faire une analyse comparée entre les Romains, les Celtes, les Grecs et les Phéniciens, pas de discuter de la Shoah ou des vingt millions de morts causées par Staline. Donc si vous déviez encore du sujet j'effacerai vos posts. Même chose pour les posts ou vous vous plaindrez de la censure que j'exerce à votre égard.

A DJ et Patrick :

Effectivement, mon propos était de marquer la différence entre les Phéniciens qui basaient l'essentiel de leur civilisation sur le commerce, et les Romains, Grecs ou Celtes qui basaient (et c'est surtout le cas pour les Romains) l'entière organisation de leur société sur la guerre, la conquête et l'oppression.

Ceci dit, je ne veux pas non plus dire que les Carthaginois sont blancs comme neige. L'exemple du Moloch (le sacrifice rituel des enfants premiers-nés) est par exemple révélateur d'une certaine sauvagerie des moeurs. Entre parenthèses, et tant pis pour notre défenseur maison de la veuve et de l'orphelin, il s'agissait bien d'enfants d'hommes libres, pas d'enfants d'esclaves. Les esclaves, mon cher Thibault, ça coûte cher, on ne les gaspille pas comme ça.

D'autre part, toujours concernant Carthage, la victoire de Zama qui mit fin à la deuxième guerre punique a été rendue possible par l'alliance des romains avec le roi Numide Massinissa. Pourquoi celui-ci s'est-il retourné contre son allié carthaginois ? Est-ce dans l'espoir d'obtenir une part des revenus du pillage de Carthage ou parce que les termes de son alliance avec Carthage lui étaient trop défavorables ?

14/12/05 15:37  
Anonymous Anonyme a écrit...

L’expertise sur les guerres puniques me fait vraiment défaut. La défection de Massinissa, c’est le moment clef qui rend l’invasion de l’Afrique terminale. A-t-il senti tourner le vent en faveur des romains après la défaite d’Hasdrubal? L’espoir de devenir un protectorat de Rome au lieu d’un protectorat carthaginois?

Thibault:
L’histoire politique (celle des "tyrans" comme vous dites) bien qu’intéressante en elle-même, est aussi la porte d’entrée à l’histoire des peuples. C’est une condition absolument nécessaire à une exploration plus en profondeur, qui peut se compléter par la litérature, l’architecture, l’art, l’archéologie, etc… . Nous sommes en présence des témoignages écrits des dirigeants et des historiens de l’époque (les élites privilégiées), mais pas des individus ordinaires. D’où un certain biais, et une nécessité initiale de lire les textes qui ont survécus avant de se lancer à lire entre les lignes (je crois que je répete là les précepts de l’école scientifique). L’histoire des peuples et des cultures en géneral, intéresse souvent beaucoup plus que l’histoire politique. Mais cette dernière est un passage obligé. Dans le contexte d’un petit blog il faudrait des pages avant de faire la transition.

Je remarque bien que Constantin est interessé par la culture marchande carthaginoise et en commence par là, mais c’est évident que dans une discussion superficielle comme la notre, on en arrive très vite à “l’histoire-batailles” comme on l’appelle.

Si la tyrannie des politiciens sur les peuples vous intéresse, je vous conseille de lire ou de relire Aristophanes. C’est le Coluche de l’Athène antique et il ne mâche pas ses mots sur la guerre décidée par les politiciens soi-disant démocratiques et qui affame le paysan moyen (Les Archarniens par exemple). Mais il le fait avec un certain comique, et à chaque fois que j’y reviens, je découvre des petits détails passionants de la vie antique.

15/12/05 05:21  

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