23.5.03

L’arithmétique collectiviste




Il y a de cela quelques années, alors que l’économie mondiale se portait bien, et qu’on parlait de « redistribuer les fruits de la croissance », je me rappelle l’interview d’un quelconque syndicaliste qui accusait le gouvernement de « manquer d’ambition ». Selon lui, il ne fallait pas seulement procéder à ladite redistribution (selon des critères bien évidemment gauchistes bien éloignés de la baisse des impôts que chacun attendait), mais aller plus loin encore et profiter de la bonne conjoncture pour présenter un budget de l’Etat en déficit afin de faire encore plus de « cadeaux » aux divers allocataires sociaux dont la population sans cesse grossissante et les exigences de plus en plus démesurées pèsent de façon intolérable sur le budget de l’Etat. Je suppose que ce digne représentant des syndicats ne possédait aucune formation économique, cependant cela ne constitue nullement une excuse à la tenu de tels propos, qui constituent, n’ayons pas peu des mots, un outrage au bon sens.


Hélas, ce que j’appellerai l’arithmétique collectiviste, un mélange de mauvaise foi intellectuelle et de duperie perpétrée en pleine connaissance de cause a fait son chemin dans les cerveaux embrumés de nos concitoyens : le Tyran et ses malfaisants alliés corporatistes ont réussi à dissocier totalement des discussions sur les activités du gouvernement la question de leur financement. Chacun, prêchant pour sa chapelle, appelle à telle ou telle politique censée favoriser le groupement d’intérêts qu’il représente (en vrac, syndicats, immigrés, sans-papiers, chômeurs en fin de droits, jeunes ménages avec ou sans enfants , vieux isolés avec ou sans pension complémentaire extra-légale, et j’en passe), sans que jamais ne soit mentionné le coût additionnel de cette politique. De manière générale, les discussions tant parlementaires que ministérielles passent généralement ce genre d’aspects sous silence. Forcément, puisqu’en fin de compte, il faudra venir subrepticement puiser l’argent nécessaire dans le portefeuille du contribuable belge, qui fait pourtant déjà partie du peu enviable club des citoyens les plus taxés au monde.

Une exemple parmi d’autres des scandales habilement évités que génère cette politique du silence prudent et de la dissociation des coûts et des bénéfices est à puiser dans la gestion de l’après-Sabena. Saviez-vous, chers lecteurs (et chères lectrices, bien entendu), que les ex-sabéniens qui trouveraient à se recaser dans l’enseignement de la Communauté Française (laquelle souffre actuellement d’une grave pénurie de professeurs de langues et d’éducateurs) verront l’ancienneté acquise à la Sabena prise en compte dans le calcul de leur rémunération. Passons outre le scandale que représente le fait de voir ces gens, sans aucune formation pédagogique, gagner plus dès le départ qu’un régent ou un licencié qui a travaillé dur pour obtenir son agrégation, ce qui me choque particulièrement est la façon sournoise dont le gouvernement fédéral est ainsi parvenu à transférer une partie non négligeable du coût de la gestion de l’après-faillite vers la Communauté Française. Et hop, ni vu ni connu, le citoyen n’en sait rien et ainsi il est plus facile de dissimuler le vrai coût de la chose.