La nuit des morts-vivants
De retour d’une soirée polémique consacrée à l’avenir d’un des « fleurons » sous-financés de la Communauté Française et Solidaire de la République Soviétique de Belgicanie, je flânais tranquillement dans les avenues fleuries du parkings du campus de la Plaine des Manœuvres, ce site de l’Université Libre de Bruxelles où l’on trouve de tout sauf des ouvriers peu qualifiés. L’air était léger, et les quelques décilitres de champagne qui se diffusaient plaisamment dans mon organisme consécutivement à leur assimilation par ma paroi gastrique commençaient à donner à la soirée un côté agréablement parfumé et pétillant. Soudain, au détour d’un chemin apparut un homme en costume clair, l’air quelque peu perdu et ébahi. Cet individu, fort courtois au demeurant, s’enquit avec inquiétude de l’emplacement exact de l’endroit où il se trouvait déjà – endroit qu’il n’avait manifestement pas reconnu puisqu’il me demanda comment s’y rendre par le plus court chemin. « Diable », pensai-je en mon for intérieur, « ce brave homme me semble perdu comme un collectiviste dans son utopie sans issue ». C’est alors que le génie physionomiste qui me visite à ses heures me susurra au creux de l’oreille ces mots qui me laissèrent pantois : « Constantin, ami si précieux, ne reconnais-tu pas sous ces traits hagards et échevelés la morgue arrogante d’un de ces malfaisants hommes d’Etat issus d’un passé proche et hantant toujours de leur présence impie le pays qu’ils ont saigné à blanc ? »
Je réalisai soudain avec qui le hasard me mettait face à face : Guy S., ministre d’Etat, spécialiste ès hélicoptères, déchu et brisé par le scandale qui n’empêche toujours pas les bœufs décervelés qui me servent de concitoyens de voter socialiste.
Après l’avoir fort obligeamment renseigné, je ne pus m’empêcher de noter l’ironie du sort qui obligeait un socialiste à demander à un libertarien le moyen de sortir du merdier dans lequel il s’était égaré.
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