25.9.03

Hippies vociférateurs vs yuppies entrepreneurs




Les tonitruantes expectorations triomphantes des brutes barbares et chevelues qui ont occupé les rues de Cancun sont à présents retombées, et les pays du Tiers-Monde sont retournés aux limbes dans lequel l'effondrement de l'OMC les confinera pour de nombreuses années, ce qui fournira auxdits hippies l'occasion d'occuper encore moultes fois de leur vociférante et hargneuse multitude le pavé de pauvres villes qui n'avaient rien demandé à personne pour scander à qui-mieux-mieux des slogans aberrants témoignant de leur méconnaissance des sujets sur lesquels ils aiment à s'exprimer. Soit. Laissons-les si vous le voulez bien à leurs djembés et à leurs rassemblements festifs et tatoués pour voguer vers les horizons autrement bouillonnants des entrepreneurs capitalistes.

Mûs uniquement par leur individualisme et la recherche de leur profit, les entrepreneurs font plus pour l'environnement chaque jour dans leur petite parcelle de planète que la meute hurlante des ONG "citoyennes" en une année de défilés revanchards et revendicatifs. The Economist nous apprend ainsi qu'un chercheur du M.I.T. a découvert le moyen de retourner l'expression "gaz à effets de serre" à son avantage - financier, cela s'entend. Le brave homme a émis l'idée géniale d'utiliser les fumées rejetées par les centrales électriques pour chauffer des serres dans lesquelles faire pousser tomates et autres légumes à la croissance desquels la chaleur est indispensable. L'idée fonctionne parfaitement, nous apprend-il, avec les émissions des centrales au gaz, et qui plus est, le taux élevé de CO² de ces émissions représente un bonus, car cette molécule est indispensable au métabolisme des végétaux. Résultat escompté : moins de rejets atmosphériques de gaz à effet de serre, des tomates moins chères puisque le chauffage des serres est pratiquement gratuit si l'on excepte le coût de l'installation du dispositif, et en prime un confortable matelas de dollars pour le génial inventeur ... Aux orties le protocole des Kyoto et ses absurdes et coûteuses obligations, mettons le gaz à effet de serre dans des serres et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Le système est déjà conçu et va prochainement être installé aux côtés d'une centrale électrique du Massachussetts.

Parallèlement, le Congrès Mondial des Parcs Nationaux, s'est penché à Durban sur l'efficacité de la contribution desdits parcs à la survie des espèces menacées. Leur conclusion est unanime : cela fonctionne parfaitement quand ils parviennent à y intéresser des entreprises privées, lesquelles gèrent les choses de façon nettement plus efficace que les agences gouvernementales, tout en ne coûtant rien aux contribuables.

Les avocats de la conservation des marais et autres étendues fangeuses fréquentées par les grenouilles et les ornithologues ont eux aussi raison de se réjouir. De plus en plus de firmes privées s'intéressent à l'utilisation des marais en tout qu'outil de réhabilitation d'anciennes friches industrielles. Apparemment, de tels marais, outre l'indiscutable plaisir esthétique qu'ils procurent, sont une manière peu onéreuse de réhabiliter en quelques années les sols pollués. Du coup, il se développe aux Etats-Unis un nouveau secteur parfaitement écologique et dont les clients sont apparemment satisfaits. Qui dit mieux ? Un délégué ougandais à la conférence de Durban vient lui de faire comprendre à son gouvernement que la préservation des marais qui s'étendent au sud de Kampala est de l'intérêt même du gouvernement, car le travail de filtrage et d'épuration des eaux usées qu'ils effectuent nécessiterait une usine d'épuration - dont le coût avoisinnerait les 13 millions de dollars. Quel facteur pourrait mieux faire que l'intérêt bien compris ?

Bref, alors que les uns, à coups de sittings solidaires, réclament à cors et à cris la prise par les gouvernements de nouvelles mesures paralysantes et coûteuses - et ça c'est quand il ne se font pas les chantres d'un retour à l'Age des Cavernes - les autres, tranquillement et avec à l'esprit la double satisfaction d'aider à la convervation de la planète et de remplir leur bas de laine, vont leur petit bonhomme de chemin capitaliste et préparent l'environnement de demain. Belle leçon d'humilité !