L’arroseur arrosé ...
« Il ne faut pas rire du malheur des autres », dit l’adage. « Sauf si c’est drôle », c’est empressé d’ajouter un humoriste facétieux. C’est pourquoi je vous propose, chers lecteurs, de nous payer ensemble une pinte de bon sang aux dépens du pachyderme suffisant qui sert habituellement de ministre des affaires étrangères à ce plat pays dont la capacité à utiliser en guise de porte-parole hors de ses frontières des pantins lamentables qui font bien peu pour la crédibilité du pays ne laisse pas de m’étonner. Pour nos yeux ébahis et nos zygomatiques en mal d’exercice, le* voici qui nous propose le célèbre numéro de l’arroseur arrosé (un sketch qui, si je ne me trompe, fut filmé pour la première fois par les frères Lumière eux-mêmes).
Un parti politique flamand, lui-même gros producteur à ses heures d’hippopotames tonitruants, a déposé plainte contre Louis Michel en vertu de la loi de compétence universelle. Motif : les ventes d’armes au Népal. Passons sur le côté amusant de voir un parti catholique défendre une guérilla communiste, qui elle n’a apparemment aucun mal à se procurer des armes, voir Louis Michel dans le rôle de l’accusé a de quoi faire rire le plus sérieux. Et quoi, notre pourfendeur des « vilains pas humanistes » comme Pinochet, les vilains génocidaires du lointain Rwanda (où, faut-il le rappeler, les blacks s’abattent**), Ariel Sharon et même Tony Franks, le commandant en chef des forces américaines en Irak, serait lui-même poursuivi ? Celui qui la défendait à cor et à cri en dépit du risque manifeste de voir les farfelus les plus divers s’en servir pour casser les pieds de ceux qui ne leur plaisent pas (les deux derniers exemples cités) devrait-il se plier à l’ignominie du statut de victime de la loi la plus ridicule de l’histoire ? L’hilarité nous gagne, et elle est justifiée.
Passons même sur les conséquences économiques de certaines plaintes farfelues, dont mon ami Melodius nous entretient dans sa dernière chronique, il est temps d’abroger ce lamentable morceau de législation à la belge. Outre qu’elle viole le principe de séparation du povoir exécutif et du pouvoir judiciaire (en autorisant le gouvernement à « transférer » certaines plaintes devant les tribunaux du pays de l’accusé (une manière élégante de lui faire prendre la direction de la corbeille à papier), il y a quelque chose d’indécent à voir ce pays, déjà incapable d’assurer à ses citoyens une justice rapide, augmenter encore l’engorgement de ses tribunaux en s’instituant compétent pour n’importe quel crime contre l’humanité commis sur la planète. Tout cela avecl’argent du contribuable, qui, à tout faire, préfèrerait sans nul doute qu’on s’en serve pour remédier aux multiples dysfonctionnements d’un système qui craque de partout.
Espérons que ce dernier épisode, aboutissement du ridicule paradoxe judiciaire que constitue la loi de compétence universelle, apportera au législateur la volonté d’appliquer la récente loi sur l’euthanasie à ce texte de loi qui a clairement fait la preuve de son inanité.
* les lecteurs abrutis ou ouvriers ayant des difficultés à retrouver le sujet de cette phrase me copieront cent fois "Constantin n'aime pas être compris du peuple".
** ce calembour prouve qu'on peut être à la fois un pompeux libertarien et un fan de hard-rock
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