9.10.03

L'énergie éolienne ? C'est du vent

Depuis que le Parti du retour au Paléolithique, fort heureusement relégué dans les limbes de la politique depuis le dernier scrutin, a réussi à faire voter simultanément par la Belgique la sortie du nucléaire et le respect du protocole de Kyoto, une question me taraude : puisque le nucléaire produit actuellement 55% de l'électricité consommée en Belgique et que la construction de nouvelles centrales thermiques "classiques" nous empêcherait de maintenir nos émissions de dioxyde de carbone à un niveau acceptable pour l'Inquisition Carboxhydrique, comment nos édiles comptent-ils exactement éviter le retour à la bougie en tant que mode d'éclairage privilégié des Belges ? Epineuse question.

Dans sa grande naïveté, le lecteur inculte ou socialiste me rétorquera sans doute avec la morgue condescendante qui sied à celui qui détient la vérité suprême et se trouve obligé de l'expliquer aux béotiens que les éoliennes nous permettront bientôt de bénéficier d'une électricité "propre" et "durable". Oui oui. Citoyenne et solidaire également, ça ne fait pas un pli.

Contrairement à celle de l'ami Zek qui commence à s'énerver, ma patience envers les intermittents de l'intelligence est infinie, et je préfère le dialogue à la diatribe. J'ai donc effectué ma petite enquête au pays de l'utopie écologiste.

Autant l'avouer tout de suite, les premiers résultats ne sont guère encourageants. Le parc nucléaire belge a une puissance de production de 5.600 mégawatts. C'est beaucoup. Il faudrait 9.333 éoliennes de 600 kilowatts pour les remplacer. Dans les meilleures conditions. Parce que les éoliennes, ça ne s'intalle pas n'importe où et ça ne fonctionne pas en permanence. Le vent doit par exemple avoir une vitesse supérieure à 13km/h - c'est la vitesse nécessaire pour faire tourner les pales de l'hélice - et inférieure à 90km/h - vitesse à laquelle il vaut mieux découpler l'éolienne si vous ne voulez pas tout faire griller. Un très intéressant rapportcompare les ressources mobilisées par les différents modes de production d'électricité pour une production annuelle de 1000 MW pendant un an (un sixième de la capacité nucléaire belge). On y apprend notamment qu'en tempérant la puissance nominale des éoliennes par le rendement qu'on peut raisonnablement en attendre qu'il faut 5600 éoliennes de 600 kW pour produire les 1000MW en question. Une rapide règle de trois nous permet donc de déduire qu'il faudrait à la Belgique 31.360 jolies petites hélices pour remplacer les vilains neutrons. Comme je présume qu'Olivier Deleuze n'aura pas malheureusement pas assez de place dans son jardin pour les accueillir toutes, il va falloir leur trouver quelques sites d'implantation. La solution parît tout à coup nettement moins séduisante. Mais nos amis écolos ne sont pas tombés de la dernière pluie acide. Leur programme précise prudemment que leur objectif est de produire 10% de l'électricité belge grâce aux éoliennes. C'est vrai que cinq ou six mille éoliennes, c'est tout de suite plus raisonnable.


Ce n'est hélas pas tout. Au cours de mes recherches, un très intéressant site m'est tombé sous la souris. Il reprend un rapport réalisé par un ingénieur belge pour le gouvernement haïtien sur l'opportunité d'adjoindre des éoliennes au parc de production électrique de cette sympathique république bananière. L'avantage d'un tel rapport sur les études classiques est qu'il envisage la question de l'éolienne sous un angle purement pratique, puisqu'il étudie les conditions auxquelles gouvernement de Haïti peut envisager sérieusement d'installer des éoliennes, court-circuitant totalement la question du caractère politiquement correct de la solution pour se concentrer sur une simple analyse coût-bénéfice. Les conclusions de l'analyse sont limpides et sans appel : l'utilisation des éoliennes n'est pas nécessairement possible au moment où la demande d'électricité se fait sentir. Le recours à un tel mode de production n'est donc pas destiné à augmenter la capacité du réseau mais seulement à les substituer lorsque c'est possible à des modes de production plus coûteux pour faire baisser les coûts de production. Voilà qui devient nettement plus gênant pour les partisans des énergies "propres" qui ne jurent que par l'éolienne.


En fin de compte, le plus dérangeant c'est que le premier imbécile venu n'a qu'à surfer pendant une heure ou deux pour comprendre que la sortie du nucléaire grâce aux énergies renouvelables est une vaste foutaise. Mais la loi a déjà été votée. On n'est pas dans la merde ...