22.11.06

Volkswagen et la névrose socialiste

Entendons-nous tout de suite. La nouvelle du licenciement de deux tiers du personnel de VW Forest est un drame humain et je plains sincèrement les pauvres types qui passeront Noël au chômage. Il n'empêche, cet événement est l'occasion de réfléchir aux incohérences du discours socialiste ainsi qu'à leur méconnaissance de l'industrie automobile. Il constitue par ailleurs un rappel sordide des conséquences des politiques que prônent les chantres du collectivisme belgicain.

Commençons par la méconnaissance de l'industrie automobile. Il semblerait que nos politiciens et nos journalistes découvrent seulement aujourd'hui que l'industrie automobile mondiale est en crise : trop de marques, trop de modèles et trop de capacité de production. Le magazine Trends/Tendances indiquait il y a une ou deux semaines qu'il faudrait fermer l'équivalent de 40 Renault-Vilvorde à travers le monde pour que l'industrie revienne à une capacité de production en ligne avec les possibilités de vente. Les ennuis de General Motors aux Etats-Unis, les sempiternels problèmes de Fiat, la désastreuse fusion de Daimler-Benz avec Chrysler, autant d'événements plus ou moins récents qui nous rappellent que nous avons affaire à un marché en perte de vitesse où quelques catastrophes risquent de se produire. GM, par exemple, est au bord de la faillite.

Quant à la marque créée sous la bienveillante autorité de ce brave Adolf Hitler (hé oui, on oublie trop souvent que la "Volks-Wagen" faisait partie du rêve national-socialiste) elle accumule depuis quelques années les erreurs et les échecs commerciaux. Le lancement raté de la Phaeton, sorte de modèle haut de gamme destiné à concurrencer Audi (ce qui s'appelle "se tirer dans le pied"), Mercedes et BMW, a fait perdre des centaines de millions d'euros à la marque : pour l'année 2004, VW écoule 6.000 Phaeton au lieu des 15.000 que prévoyait le "business plan". Parallèlement, la marque peine à imposer les nouvelles version de son produit-phare. La Golf IV et la Golf V n'arrivent pas à réitérer le formidable succès que fut la Golf III, dont les exemplaires sport, les fameux "GTI", s'échangent toujours à prix d'or sur le marché de l'occasion, malgré leur âge. VW souffre également d'un problème de qualité et de fiabilité. L'application timide de certains principes du "modèle Toyota" ne suffisent pas à résoudre les problèmes de montage. L'usine de Forest, pourtant vantée comme le dernier cri de la technologie, fonctionne toujours avec le principe de la bonne vieille "zone de réparation" : si un problème est constaté sur la chaîne de montage, le véhicule est "marqué", continue son petit bonhomme de chemin, puis dépiauté et réparé en fin de parcours. Chez Toyota, par contraste, chaque ouvrier a le pouvoir d'arrêter le défilement de la chaîne de montage et de régler le problème constaté (il est même récompensé pour cela). Le résultat est une qualité moyenne largement supérieure. Toyota peut se permettre sans problèmes d'offrir cinq ans de garantie totale à ses clients, le peu de voitures problématiques rend le coût de cette mesure insignifiant.

Bref, l'industrie automobile non-nipponne est en crise, et VW ne fait pas exception à la règle. Il était clair pour les observateurs que les dirigeants allaient devoir "sabrer" et réduire la capacité de production du groupe. C'est là que l'illusion socialiste et le protectionnisme, boomerang idéologique de nos édiles, leur revient en pleine poire. Petit flashback : il y a quelques mois, Interbrew, ou plutôt InBev, délocalise une partie de ses services financiers, d'achats et d'exportations en Hongrie et en Tchéquie. A l'époque, les politiciens, tels de joyeux petits Gavroche, montent sur les barricades et s'en donnent à coeur joie. "C'est un scandale !", "Inbev est devenu un groupe international qui oublie ses racines". Vilains, méchants ! L'indignation, ça vend bien, et le protectionnisme primaire attire l'électeur. Nos braves politiciens peuvent se réjouir, car VW les a entendus et n'oublie pas ses racines : "Deutshland über alles !". Et les mêmes politiciens, dociles petites girouettes, d'accuser VW de nationalisme et de protectionnisme. Ils n'ont pas tort. L'usine de Forest, pourtant classée deuxième dans le groupe en termes de productivité passera à la trappe. Aucne logique industrielle là-dedans, simple réflexe nationaliste (qui, entre parenthèses, coûtera de l'argent aux actionnaires de VW). Nos politiciens ont juste la mémoire courte et oublient qu'eux-mêmes prônent la même attitude dès qu'il s'agit d'entreprises belges. Je doute fort cependant que le cas VW leur rappelle enfin que le protectionnisme, ou, pour parler la langue de bois, le "nationalisme économique", est une idéologie néfaste à double tranchant.

La fermeture de l'usine de Forest nous rappelle également à une autre réalité que nos politiciens peinent de plus en plus à celer. La Belgique, grâce à cent ans de politiques collectivistes, est à présent en voie de tiers-mondisation. Une des plus puissantes économies mondiales au début du siècle, malgré sa taille réduite, elle est devenue le symbole de la déroute de la social-démocratie. Son taux de chômage, malgré les sordides manipulations des statistiques officielles, est parmi les plus élevés d'Europe. Les charges qui pèsent sur le travail sont gigantesques (un travailleur coûte en moyenne à son employeur 2,5 fois le montant de son salaire net). Ce qui reste du secteur secondaire est condamné à disparaître plus ou moins rapidement, même dans les segments à haute valeur ajoutée. L'opposition stupide menée par les socialistes belges à la directive Bolkestein empêchera hélas la Belgique de profiter pleinement de son passage au tertiaire. Son marché intérieur est trop petit, à l'inverse des marchés allemands et français, et les restrictions aux exportations de services risquent fort de freiner la transition vers le tertiaire, laissant toujours plus de chômeurs sur le carreau. Le Titanic social-démocrate a heurté l'iceberg de la réalité économique. Combien de temps avant que nos dirigeants admettent enfin que bateau Belgique sombrera corps et biens en l'absence de mesures drastiques ?




16.11.06

Le socialisme est-il une névrose ?

Cette question m’a soudainement frappé en plein milieu du concert d’une jeune chanteuse de mes connaissances. La brave demoiselle avait parsemé son tour de chant de petites anecdotes relatives à son enfance. L’une d’entre elles relatait la fin d’un camp de vacances. L’histoire se passe au moment où les moniteurs du camp présentent aux enfants rassemblés les objets sans propriétaires qu’ils ont retrouvé tout au long de la semaine. Notre héroïne reconnaît au milieu des affaires présentées sa petite culotte favorite (l’histoire ne dit pas comment elle a réussi à la perdre), un charmant accessoire de couleur rose représentant des personnages de dessins animés. Son premier mouvement est de réclamer son bien, mais, prise d’angoisse à l’idée des quolibets dont elle pourrait être la victime, elle finit par y renoncer. La conclusion de son histoire ? « La société a eu raison de moi. Et ce n’est pas la dernière fois ».
Et quoi ? En quoi « la société » a-t-elle quelque chose à voir là-dedans ? N’est-ce pas la gamine elle-même qui a renoncé à se mettre en avant ? Certes, me direz-vous, mais elle a agi ainsi par peur du « qu’en dira-t-on », ce qui démontre l’existence d’une pression sociale. C’est indéniable. Cependant, ce n’est pas une entité abstraite comme « la société », ou « la pression sociale » qui a pris la décision, mais l’enfant. Le choix qu’elle fait nous apprend qu’elle préfère renoncer à son bien le plus précieux de l’époque plutôt qu’affronter un moment de honte et quelques quolibets. Mais pourquoi chercher à faire porter par « la société » la responsabilité d’un choix qui n’appartient qu’à elle ?

Parce qu’il est bien sûr plus facile, psychologiquement parlant, de rejeter le blâme sur un facteur extérieur plutôt que d’accepter qu’elle est l’unique artisan de son malheur. Ce genre de comportement, symptomatique de la pensée de gauche, fait partie de ce que les psychologues appellent les « croyances déraisonnables ». Il s’agit de croyances profondément ancrées dans le psychisme des individus souffrant de névrose, et dont l’existence même est à l’origine du comportement névrotique. Parmi ces croyances figure justement celle qui permet d’attribuer une cause extérieure à tous les malheurs qui peuvent nous frapper dans l’existence.

Les socialistes ont beaucoup travaillé depuis mai 68 à propager cette idée mortifère. « C’est la faute de la société », « Du béton, du béton partout », les slogans et les phrases toutes faites abondent. Arrête-t-on un meurtrier en série ? Le voilà qui invoque un père alcoolique ou une jeunesse orpheline. Un travailleur se fait licencier ? C’est forcément son patron qui est un tyran qui ne peut pas le supporter. L’économie du pays va mal ? C’est la faute à la mondialisation. Les politiciens français sont passés maîtres en la matière, eux qui, depuis vingt ans, utilisent l’Europe et la mondialisation pour masquer leurs coupables erreurs de gestion.
Mais le discours n’est pas que politique. Les relais du pouvoir, les prétendues associations « citoyennes », les enseignants et les journalistes assurent chaque jour de la diffusion du credo de la déresponsabilisation à travers toutes les couches de la société. Les chômeurs s’entendent dire que ce n’est pas de leur faute qu’ils sont au chômage, qu’ils sont les victimes de la société néolibérale et de la mondialisation. Les étudiants s’entendent dire que si l’enseignement qu’ils reçoivent est mauvais, c’est à cause du gouvernement qui ne donne pas assez de moyens (alors que les élèves de France et de Belgique francophone sont parmi les élèves les plus subsididiés du monde développé). Combien de fois n’ai-je pas entendu un élève recevant un mauvais résultat me dire « monsieur, ce soir je vais me faire engueuler et ce sera de votre faute ». Combien de fois les avocats de violeurs n’entendent-ils pas leurs clients, ou la mère de ceux-ci, pester contre « la petite salope qui les a allumés » ? De nos jours, la tendance s’accélère, et la déresponsabilisation confine souvent à l’absurde. Une de mes connaissances, qui était allé porter signaler le vol de sa Mercedes au commissariat de son quartier, a écouté, médusé, un policier lui expliquer que « quand on a une voiture pareille, il ne faut pas s’étonner de se la faire voler ».
Cette campagne massive de déresponsabilisation cache évidemment un agenda collectiviste bien établi. D’abord, il faut convaincre les gens qu’à chaque moment de leur existence ils sont menacés par des forces occultes et monstrueuses. Une fois cette croyance bien enracinée, il suffit de leur expliquer que seul l’Etat bienveillant est là pour les protéger.

La liberté, c’est l’esclavage.