29.7.03

Dialogue Interculturel



Surfant sur le web à la recherche d'informations pour préparer une petite chronique bien cinglante sur les préjugés que les Français (et les belges francolâtres) entretiennent sur nos cousins d'Outre-Atlantique, je suis tombé sur une page web écrite dans un français approximatif par Emily, une étudiante de PennState, l'Université de l'Etat de Pennsylvanie. Cette damoiselle participe à un programme d'échanges et d'apprentissage des langues entre deux universités américaines et un lycée grenoblois. Les textes qu'elle a rédigés en Français et en Anglais nous offrent une vision en miroir des préjugés et des attitudes que cultivent nombre de nos compatriotes.


27.7.03

Individualisme et solidarité

La tête de turc préférée des mouvements "solidaires, citoyens et festifs" est le système américain. Les rues des principales cités des Etats-Unis, pays d'individualistesforcenés , sont, à les en croire, remplies de sans-abris victimes du système américain qui, comme chacun sait, n'organise aucune sécurité sociale et laisse les chômeurs mourir dans la misère et l'indignité. Rendez-vous compte, amis lecteurs : le gouvernement de ce pays maudit préfère laisser le secteur privé s'occuper des pauvres et des déshérités. Quel cynisme, quel manque de solidarité ! Comment peut-on imaginer un seul instant que ces cow-boys égoïstes, mûs uniquement par l'appât du gain et l'intérêt personnel, puissent accorder une once d'intérêt aux exclus du système ? La honte soit sur eux !


Passons sur le fait que, contrairement aux affirmation des altercomprenants, les Etats-Unis possèdent un système de sécurité sociale qui procure un revenu de subistance aux chômeurs et aux personnes en difficulté, ainsi qu'un système de soins de santé pour les plus pauvres et intéressons-nous au soi-disant "individualisme" du citoyen américain. Contrairement au lieu commun propagé par les adversaires idéologiques - décidément mal informés - de ce pays, il existe une myriade d'associations caritatives - plus de 1,2 millions - dont les objectifs et les moyens sont extrêmement variés. Ce foisonnement est favorisé par la possibilité pour le citoyen US de déduire de ses impôts les montants versés aux organismes caritatifs. Le dynamisme de ce secteur est tel qu'il existe à présent des organismes, eux aussi financés par des dons volontaires, dont l'objectif est d'aider les donateurs potentiels à trouver la "charity" qui correspondra le mieux à leurs critères. C'est par exemple le cas de Charity Navigator. Ces associations ne se contentent pas de fournir des information sur le nom et les objectifs des associations qu'elles répertorient, et fournissent également une évaluation de leur santé financière, de la proportion des dons dépensée en frais de fonctionnement et de l'efficacité des politiques menées, et bien entendu informent les donneurs potentiels sur la déductibilité fiscale de leurs dons. Les associations caritatives elles-mêmes jouent la transparence, et publient des rapports annuels dans lesquels on peut trouver jusqu'au montant du salaire des administrateurs.

Bien entendu, et toujours contrairement aux lieux communs anti-américains, il existe des associations d'aide aux chômeurs. Ces associations les aident à trouver ou retrouver du travail le plus rapidement possible, en leur proposant une aide à la rédaction de leur curriculum vitae, des offres d'emploi auprès d'entreprises participantes, des conseils personnalisés, mais aussi prafois tout simplement l'accès à un téléphone et à un ordinateur. Avec souvent plus de succès que l'ONEM ou les ANPE ...

10.7.03

Les irresponsables du spectacle




La nouvelle est tombée ce matin, le Festival d'Avignon est annulé, grâce à la grève des "intermittents du spectacle". Mais sont-ils aussi unis et responsables qu'ils voudraient nous le faire croire ? Rien n'est moins sûr...

Nous examinerons dans une autre chronique les revendications de ces zozos patentés - lesquels, c'est le moins qu'on puisse dire, ne manquent pas de culot - j'aimerais aujourd'hui examiner avec vous un fait qui me dérange particulièrement. Ce sont les "intermittents" qui participent au festival officiel qui ont voté son annulation. Le Soir en ligne nous apprend que cela représente environ 120.000 billets vendus. Les compagnies qui participent à ce festival officiel ont pignon sur rue, sont probablement généreusement subsidiées, et, de manière générale, survivront sans trop de problèmes à l'annulation du festival. Par contre, le festival "off", organisé parallèlement, et qui avait déjà vendu plus de 500.000 places, regroupe des compagnies débutantes, dynamiques, et pour lesquelles la participation à cet événement culturel est importante. Nombre de ces compagnies ne survivront probablement pas à l'annulation du festival. Les comédiens et techniciens qui travaillent dans ces compagnies s'étaient prononcés contre l'annulation du festival. Ils sont donc les premières victimes de nos valeureux combattants de la liberté et de la solidarité. Attendez, vous avez dit "solidarité" ?


7.7.03

L'exception française



Une fois n'est pas coutume, je ne puis m'empêcher de regarder avec un amusement teinté de compassion le cours des événements au Sud de notre plat pays. Le "pays du pinard des fromages qui puent" - pour reprendre l'expression de Monsieur Sylvestre - semble empêtré dans une épidémie de SRAS* qui paralyse le pays depuis plusieurs mois.


Si je comprends bien, tout a commencé lorsque le gouvernement Raffarin a tenté de faire passer une réformette du système des pensions qui avait pour objectif d'éviter de foncer droit dans le mur, notamment en atténuant quelque peu (pas assez cependant d'après Alain Madelin) les privilèges scandaleux dont jouissent les fonctionnaires. Là-dessus, les syndicats du service public, cheminots et enseignants en tête, se sont mis en grève. Paralysie du pays et potaches en congé, jusque là rien de neuf. J'ai suivi avec un profond ennui le "débat citoyen" qui a suivi, dans lequel on reprochait également au gouvernement une mesure votée quelques semaines auparavant dans l'indifférence générale - quelque chose comme la décentralisation de la hiérarchie dans l'enseignement. Suivirent les habituels cortèges et "rassemblements citoyens, solidaires et festifs" auxquels la gauche nous a habitués, et les interviews de crétins lobotomisés bloqués dans leurs voitures par les grèves de la SNCF et les manifestations qui surgissaient un peu partout, interviews où lesdits crétins affirmaient "comprendre les grévistes".

C'est à peu près à ce moment-là que mon intérêt pour l'Hexagone se réveille. L'association libérale française "Liberté, j'écris ton nom" organise une grande manifestation pour protester contre le blocage du pays par les syndicats. Voici le texte du discours prononcé à cette occasion par Sabine Herold, la jeune et courageuse porte-parole de l'association. Contre toute attente, les victimes du blocus se sont rendues en masse au lieu de rendez-vous pour exprimer leur ras-le-bol, sans se faire arrêter par des syndicalistes ennemis de la liberté d'expression quand elle est utilisée pour défendre un autre point de vue que le leur. . C'est fort heureux, car mon ami Zek narrait peu avant ses mésaventures lors d'une tentative similaire à Toulouse.

Peu après, le mouvement syndical s'essouffle et le gouvernement Raffarin poursuit son travail. Fort bien, me dis-je, nos voisins du Sud reviennent à plus de bon sens. Il y aurait beaucoup à dire sur les insuffisances de la réforme en question - je vous engage d'ailleurs vivement à lire le résumé du livre de Madelin sur la question que donne Vincent Bénard sur le blog "Liberté" - mais voici au moins une victoire de la démocratie sur le chantage.

Quelques jours à peine ont passé et voilà que nos amis les "intermittents du spectacle" se mettent à leur tour en grève. Vous me direz qu'en tant qu'intermittents ça ne doit pas les changer beaucoup de ne pas travailler, mais bon, il paraît que la culture est en danger. Alors, avec leur bonne vieille logique syndicale (artistes, oui, mais syndiqués) ils menacent de paralyser toutes les activités culturelles en France, dont le célèbre festival d'Avignon. A en croire les responsables dudit festival, si ce blocage a lieu, non seulement une kyrielle de petites compagnies théâtrales seront obligées de mettre la clé sous le paillasson, renvoyant par la même leurs "intermittents" aux Assedic, mais en outre l'édition suivante du festival ne sera pas organisée car "l'argent des subsides de l'an prochain servira à couvrir le déficit dû à l'annulation". Donc non seulement grâce à leurs grèves les "intermittents" retourneront vivre au crochets du contribuable via leurs allocations de chômage, mais en plus le cochon de payeur verra son argent englouti pour couvrir le déficit causé par les grévistes. Remarquez, si le festival avait quand même été organisé, c'est aussi avec l'argent des contribuables qu'on aurait payé les comédiens. Je ne reviendrai pas sur l'inanité des arguments des grévistes, mon ami Zek (encore lui) s'en est déjà chargé dans sa dernière chronique.

Ces pantalonnades à répétition doivent sans doute bien faire rire nos cousins d'Outre-Manche et d'Outre-Atlantique, mais leurs moqueries n'atteignent pas les Français, car elles émanent de pays où "l'ultralibéralisme triomphe". Quoi qu'il en soit, elles m'ont bien amusé également. Et attristé aussi, car j'y vois une préfiguration de la situation en Communauté Française Wallonie Bruxelles de Belgique (enfin, un truc dans le genre) dans quelques années. D'ailleurs, les cheminots n'ont pas hésité à faire grève le jour du festival de Torhout-Werchter, preuve s'il en était besoin que le syndicalisme n'est pas si festif qu'il veut bien le faire croire.







* Syndicalisme Revendicatif Assommant et Stupide


Je m'en voudrais de ne pas vous recommander un excellent article sur la dérive collectiviste en France. Mutatis mutandis, il faut bien avouer que la situation belge n'est guère plus brillante.

5.7.03

Le grand mensonge




Une des réussites les plus éclatantes de la propagande collectiviste est sans conteste d'avoir fait gober au plus grand nombre - et même à certaines "élites intellectuelles" autoproclamées - que la mondialisation du commerce était une menace pour les pays pauvres, en particulier ceux d'Afrique subsaharienne. Il n'en est bien sûr rien, que du contraire. Seulement, affirmer cela au grand jour, c'est mettre les pieds dans un plat que l'Union Européenne, les Etats-Unis et le Japon ont bataillé ferme pour soustraire à la juridiction de l'Organisation Mondiale du Commerce : celui du protectionnisme en matière d'agriculture.


Un petit coup d'oeil sur un article daté du 12 février 99 et extrait des archives du Cato Institute, un des think-tanks libertariens les plus respectés nous apprend d'entrée de jeu que les droits de douane moyens sur les produits soumis à l'OMC sont de 5%, alors que les droits de douane moyens sur les produits agricoles sont de 40%, et que ce chiffre masque des plafonds astronomiques de 300% sur certains produits ! Les responsables de cet état de fait sont principalement les trois pays précités. Parallèlement à ces barrières douanières, l'agriculture est très lourdement subsidiée dans chacun de ces Etats. Ainsi, la célèbre Politique Agricole Commune des Quinze engloutit à elle seule plus de 50 milliards d'euros, soit la moitié du budget européen. Ces subsides, qui augmentent plus que sensiblement les revenus des agriculteurs européens, contribuent également à maintenir les prix agricoles artificiellement bas sur les marchés internationaux. Bien entendu, comme les Etats-Unis - avec un budget d'environ 19 milliards de dollars - et le Japon font de même, les prix du marché sont actuellement en-dessous du niveau où les pays d'Afrique ou d'Amérique du Sud pourraient être tentés de produire quoi que ce soit à destination de nos marchés, d'autant que les tarifs douaniers prohibitifs achèveront de dissuader ceux qui n'auraient pas encore compris le message. Autrement dit, alors que devant les caméras les politiciens européens et américains ne parlent que d'aider le Tiers-Monde, ils les poignardent dans le dos. Bel exemple de schizophrénie, vous ne trouvez pas.


Ceux d'entre vous que le sort des pays du Tiers-Monde n'émeut pas plus que cela seront peut-être plus sensibles à l'argument de l'égoïsme. Le libéralisation du commerce de produits agricoles aurait deux conséquences immédiates : abaissement drastique des barrières douanières, et suppression des subsides à l'agriculture. Non seulement, ces subsides absorbent un montant colossal prélevé auprès du contribuable européen - et représenteraient donc un gain appréciable sur la pression fiscale en Europe - mais en plus, conjugués aux droits de douane, ils privent le consommateur européen de la possibilité d'importer des produits moins cher et de meilleure qualité de pays où le climat est plus propice à leur culture. La globalisation permettrait donc à la fois de baisser le coût de la nourriture pour le consommateur européen, mais aussi d'offrir un marché aux produits agricoles issus d'Afrique - par exemple - et donc de procurer une source de revenus appréciable à ces pays qui leur permettrait de commencer leur ascension vers le progrès économique et social. C'est ce qu'on appelle en anglais un win-win situation .


Et ce n'est pas tout ! Les subsides à l'agriculture ont favorisé dans les pays industrialisés une agriculture intensive particulièrement néfaste pour l'environnement. Pensez aux tonnes d'engrais - qu'ils soit chimiques ou animaux, la pollution des nappes phréatiques par les nitrates est la même - déversées sur les champs, aux millions de litres de pesticides et de fongicides dont on les arrose, aux trois ou quatre récoltes par an imposées à un pauvre champ innocent. Pensez aux milliers de tonnes de carburant dépensées pour chauffer les serres dans lesquelles mûrissent des fruits et des légumes qu'on aurait avantageusement pu produire plus au sud en plein air. Evidemment, tant nos édiles que José Bovin et ses sbires se gardent bien de le mentionner dans leurs discours !!


Et tant que nous sommes à parler de José Bovin et des syndicats agricoles, je vous ai gardé le meilleur pour la fin. Dans un article daté du 19 juin 2003, The Economist nous révèle que 80% des subsides à l'agriculture vont aux 20% de fermiers européens qui possèdent les plus grandes fermes. Comment dès lors accorder le moindre crédit aux syndicats paysans quand ils disent défendre "la petite exploitation" contre la grosse multinationale ? C'est non seulement un mensonge à l'opinion publique, ce qui est déjà grave en soi, mais surtout un affront pour les petits agriculteurs qui accordent leur soutien à Bovin et ses sbires. Juste pour remettre les choses en perspective, permettez-moi également de vous rappeler que les agriculteurs européens représentent moins de 5% de la population. Trouvez-vous normal qu'on leur consacre 50% du budget annuel total de l'Union ? C'est un merveilleux cas de racket. Fermons les robinets et les voilà qui déversent leurs tomates subsidiées sur les routes. Tout ça pour continuer à vivre aux crochets des 95 autres pour cent de la population. Sans compter tous les agriculteurs du Tiers-Monde à qui José Bovin et ses acolytes entendent bien empêcher pour longtemps encore l'accès à leur marché, tout en prétendant vouloir les aider. C'est monstrueux de cynisme.

La prochaine fois que vous entendez quelqu'un vous parler des torts que ferait la mondialisation du commerce au pauvre paysan guatémaltèque là-bas tout là-bas, riez-lui au nez. C'est la seule réponse civilisée que méritent de telles fadaises.





Pour ceux que le sujet des effets de la mondialisation sur les pays africains intéressent, je vous suggère également un excellent article publié récemment sur le site du Québecquois Libre.





2.7.03

Surréalisme à la belge



Triste journée que celle où l'honnête homme, se levant de bon matin pour vaquer à ses occupations, apprend que le futur gouvernement belge "reprendra" la dette de la S.N.C.B. Réjouissez-vous, contribuables, en un coup de baguette magique, la dette publique belge augmente d'environ 700€ par citoyen ! On croit rêver - cauchemarder serait sans doute un terme plus adéquat. Dans la foulée, le formateur, un libéral apostat sans aucun doute, ajoute que le futur gouvernement souhaite tendre à terme vers la gratuité des transports en commun. C'est à peu près à ce moment-là que j'ai vomi mon petit déjeuner.


Si je comprends bien, non contents de subir plusieurs fois par an la prise en otage de la capitale par les syndicalistes en quête de prolongation de leurs privilèges, de fulminer à faire la file au guichet d'une gare desservi par un seul fonctionnaire pendant que ses trois collègues - qui font partie à n'en pas douter des dix mille inutiles que Karel Vinck souhaiterait voir déguerpir d'ici 2007 - jouent au whist au fond du local, d'entendre des imbéciles heureux bloqués dans leur voiture expliquer avec un sourire béat qu'ils soutiennent les actions de grévistes payés avec l'argent de leurs impôts et exigeant encore plus de privilèges, nous allons en plus devoir supporterla charge de la dette de la SNCB ? J'en frémis de rage.


La soi-disant "gratuité" des trains dans le futur - rappelez-vous mes chroniques sur l'arithmétique collectiviste est à peine moins nauséabonde. Comment peut-on parler de "gratuité" alors qu'il est évident que cette activité doit être financée par l'Etat, lequel puise évidemment ses moyens dans la poche du contribuable ? On a beau y assister tous les jours, ces tours d'illusionnisme que la population gobe sans piper mot ont de quoi révulser l'honnête homme ! Quoi que ... C'était sans compter sur l'inventivité sans bornes de l'Etat : la télévision bolchévique m'apprend ce soir que le futur gouvernement mettra généreusement quelques millions d'euros sur la table, le solde de 120 millions d'euros étant financé par les entreprises. "Tant mieux", rétorquera l'abruti moyen, "comme ça on ira prendre le pognon où il se trouve, dans les banques et les entreprises" (l'expression est de l'inénarrable "Solidaire", ce torchon maoiste émanant du PTB). Et où croyez-vous donc, cher ami, que les entreprises, si tant est qu'elles acceptent de céder au chantage étatique, trouveront l'argent nécessaire au financement de cette mesure ?

Il ne faut pas être prix nobel d'économie pour comprendre que ce coût supplémentaire sera en fin de compte pris en charge par les consommateurs via une augmentation du prix de vente des biens et services fournis par les entreprises. Joli tour de passe-passe, qui transforme une fois de plus les honnêtes entrepreneurs en percepteurs d'impôts. Sans compter que la répercussion du coût sur le prix de vente sera majorée des 21% de TVA que l'Etat prélève sur chaque vente faite à un particulier. Et comme 21% de 120 millions font plus que les 8 millions d'euros que l'Etat investit dans l'aventure, nous assisterons donc dans le futur à une nouvelle augmentation de la pression fiscale indirecte. Quand je vous disais que l'arithmétique collectiviste ne laisse pas de surprendre !