31.10.03

Spam

Les fidèles clients de Hotmail sont coutumiers des e-mails publicitaires non sollicités - spams en jargon internet - qui s'entassent sans fin dans leur "boîte de réception" et dont la plupart leur proposent mille et une façons de faire souffler leur banc ou de refinancer leur prêt hypothécaire à un taux imbattable. Bien que source d'irritation pour les tempéraments les plus sanguins, ces courriers plublicitaires sont en fin de compte comparables aux innombrables publicités dont nos boîtes aux lettres sont chaque jour innondées - une source temporaire de léger inconfort - et comme eux achèvent leur existence au fond d'une corbeille.


Pourtant, les politiciens - une détestable catégorie d'individus qui adorent mettre leur nez dans les affaires des autres pour ensuite leur dire ce qu'il faut faire et ne pas faire - se sont mis en tête de lutter contre l'intolérable menace que représente le spam. Après la loi anti-spam votée en Californie en 1998 et qui vient de faire sa première victime, quelques parlementaires de notre merveilleux plat pays viennent de décider de proposer au vote de leurs pairs une courageuse mesure d'interdiction du "spam". En-dehors du caractère proprement grotesque de ce mauvais épisode de "Belgium vs the World" - dont le premier volet, "Universal Competence", fut un lamentable flop - l'observateur attentif des choses du Net peut se demander en quoi il est nécessaire de légiférer en la matière. Le secteur privé a en effet développé ses propres garde-fous et ses propres règles en la matière, qui fonctionnent à merveille.

Ainsi, les ISP - les Internet Service Providers, qui offrent au public divers modes d'accès à internet - ont édicté une série de règles concernant le spam, et rejettent par exemple tout e-mail en provenance d'un "domaine" connu pour ses activités de "spamming". D'autres offrent à leurs clients la possibilité d'établir une série de filtres sur leurs courriers entrants, filtres qui agissent avant même que l'utilisateur ne se connecte à son ISP pour télécharger son courrier. D'autres services - payants - sont mis à disposition des internautes par des entreprises actives dans les logiciels de protection - firewalls, antivirus, etc. - par exemple le très intéressant Spamnet. Les utilisateurs de Hotmail ou d'autres services de messagerie gratuits disposent quant à eux d'outils de paramétrage leur permettant de filtrer le courrier entrant et de bloquer les e-mails indésirables. Bref, pour quelqu'un un tant soit peu entreprenant et décidé à s'informer, quantité de solutions existent pour se prémunir contre le spam. Pourquoi dès lors légiférer ? Je suppose que nos édiles sont une fois de plus mal informés de la réalité de terrain. Je présume que leur prochain mouvement en direction d'internet sera d'interdire les "cookies" non sollicités et les pop-ups alors qu'il existe au moins dix mille logiciels permettant de lutter efficacement contre ces fléaux du surf.


Finalement, on peut se demander si ce qui n'énerve pas les politiciens c'est le caractère fondamentalement libéral d'internet : les problèmes qui y apparaissent sont immédiatement solutionnés sans aucune intervention gouvernementale et à la satisfaction de toutes les parties, et certaines personnes - ceux qui développent ledites solutions - y trouvent même une saine occasion d'enrichissement personnel. Il est vrai qu'ils doivent trouver frustrant de voir ainsi sous leur nez un exemple parfait de la totale inutilité de l'Etat.





18.10.03

Ami, remplis mon verre

Melodius le fait pertinemment remarquer sur l'en-tête de son blog, nous formons avec Aristophane, Walter, et Omer Vidolis l'avant-garde ludique des libertariens bruxellois. Ce cher vieux Melodius, fidèle aux préceptes de charité chrétienne qui lui furent inculqués dans sa prime jeunesse par les soldats de la Compagnie de Jesus, tient à inclure Sylvain dans le lot. L'accueil de ce brave Sylvain dans notre joyeux groupe, qui se fit fort joyeusement d'ailleurs dans un restaurant de la capitale, ne lui confère malheureusement pas à mon sens les titres et privilèges d'un membre effectif de notre très hermétique confrérie, en raison d'une tare rédhibitoire : Sylvain ne goûte la bière que très modérément. Les joies de l'intoxication alcoolique consécutive à l'absorption de moultes pintes de ce breuvage houblonné lui étant de ce fait inaccessibles, le caractère bacchique de nos cérémonies ne peut atteindre en lui cette fibre qui nous pousse à beugler à gorge déployée des hymnes à la gloire du vieux Murray à l'heure où les discussions sur l'adéquation de la théorie du droit naturel à la protection des baleines en milieu arctique perd soudain tout intérêt pour Aristophane dont le vit se dresse à la vue d'une accorte serveuse porteuse d'un apétissant plateau de cervoises fraîches. C'est fort dommage.

Afin d'égayer nos prochaines réunions bibitives d'un nouveau chant qui, je l'espère, deviendra l'hymne officiel de notre ludique mouvement, je me suis permis de détourner "L'ivrogne" du Grand Jacques à la sauce libertarienne :


Ami remplis mon verre
Encore un et je vas
Encore un et je vais
Non je ne pleure pas
Je chante et je suis gai
Mais j’ai marre de l’Etat
Ami remplis mon verre
Ami remplis mon verre


Buvons à ta santé
Toi qui sais si bien dire
Que tout va s’arranger
« The end of State is near »
Tant pis si tu es menteur
Vieux Murray sans tendresse
Je serai saoul dans une heure
Je serai sans tristesse


Buvons à la santé
Des amis et du vin
Des fêtes endiablées
Des vieux libertariens
Tant pis s’il faut se dire
Sans avoir l’air trop fier
« L’Etat vole mon plaisir
Il a taxé ma bière »


Ami remplis mon verre
Encore un et je vas
Encore un et je vais
Non je ne pleure pas
Je chante et je suis gai
Mais j’ai marre de l’Etat
Ami remplis mon verre
Ami remplis mon verre

Buvons à ma santé
Que l’on boive avec moi
Que l’on vienne parler
De supprimer l’Etat
Tant pis si les gauchistes
D’un ton très citoyen
Nous traitent de fascistes
Nous sommes libertariens !

Buvons aux fonctionnaires
Qui pillent ma tirelire
Et d’un ton débonnaire
Se mêlent de me dire
Ce qu’il me faut aimer
Ce qu’il ne faut pas faire
Je serai saoul dans une heure
Je serai solidaire


Ami remplis mon verre
Encore un et je vas
Encore un et je vais
Non je ne pleure pas
Je chante et je suis gai
Mais j’ai marre de l’Etat
Ami remplis mon verre
Ami remplis mon verre

9.10.03

L'énergie éolienne ? C'est du vent

Depuis que le Parti du retour au Paléolithique, fort heureusement relégué dans les limbes de la politique depuis le dernier scrutin, a réussi à faire voter simultanément par la Belgique la sortie du nucléaire et le respect du protocole de Kyoto, une question me taraude : puisque le nucléaire produit actuellement 55% de l'électricité consommée en Belgique et que la construction de nouvelles centrales thermiques "classiques" nous empêcherait de maintenir nos émissions de dioxyde de carbone à un niveau acceptable pour l'Inquisition Carboxhydrique, comment nos édiles comptent-ils exactement éviter le retour à la bougie en tant que mode d'éclairage privilégié des Belges ? Epineuse question.

Dans sa grande naïveté, le lecteur inculte ou socialiste me rétorquera sans doute avec la morgue condescendante qui sied à celui qui détient la vérité suprême et se trouve obligé de l'expliquer aux béotiens que les éoliennes nous permettront bientôt de bénéficier d'une électricité "propre" et "durable". Oui oui. Citoyenne et solidaire également, ça ne fait pas un pli.

Contrairement à celle de l'ami Zek qui commence à s'énerver, ma patience envers les intermittents de l'intelligence est infinie, et je préfère le dialogue à la diatribe. J'ai donc effectué ma petite enquête au pays de l'utopie écologiste.

Autant l'avouer tout de suite, les premiers résultats ne sont guère encourageants. Le parc nucléaire belge a une puissance de production de 5.600 mégawatts. C'est beaucoup. Il faudrait 9.333 éoliennes de 600 kilowatts pour les remplacer. Dans les meilleures conditions. Parce que les éoliennes, ça ne s'intalle pas n'importe où et ça ne fonctionne pas en permanence. Le vent doit par exemple avoir une vitesse supérieure à 13km/h - c'est la vitesse nécessaire pour faire tourner les pales de l'hélice - et inférieure à 90km/h - vitesse à laquelle il vaut mieux découpler l'éolienne si vous ne voulez pas tout faire griller. Un très intéressant rapportcompare les ressources mobilisées par les différents modes de production d'électricité pour une production annuelle de 1000 MW pendant un an (un sixième de la capacité nucléaire belge). On y apprend notamment qu'en tempérant la puissance nominale des éoliennes par le rendement qu'on peut raisonnablement en attendre qu'il faut 5600 éoliennes de 600 kW pour produire les 1000MW en question. Une rapide règle de trois nous permet donc de déduire qu'il faudrait à la Belgique 31.360 jolies petites hélices pour remplacer les vilains neutrons. Comme je présume qu'Olivier Deleuze n'aura pas malheureusement pas assez de place dans son jardin pour les accueillir toutes, il va falloir leur trouver quelques sites d'implantation. La solution parît tout à coup nettement moins séduisante. Mais nos amis écolos ne sont pas tombés de la dernière pluie acide. Leur programme précise prudemment que leur objectif est de produire 10% de l'électricité belge grâce aux éoliennes. C'est vrai que cinq ou six mille éoliennes, c'est tout de suite plus raisonnable.


Ce n'est hélas pas tout. Au cours de mes recherches, un très intéressant site m'est tombé sous la souris. Il reprend un rapport réalisé par un ingénieur belge pour le gouvernement haïtien sur l'opportunité d'adjoindre des éoliennes au parc de production électrique de cette sympathique république bananière. L'avantage d'un tel rapport sur les études classiques est qu'il envisage la question de l'éolienne sous un angle purement pratique, puisqu'il étudie les conditions auxquelles gouvernement de Haïti peut envisager sérieusement d'installer des éoliennes, court-circuitant totalement la question du caractère politiquement correct de la solution pour se concentrer sur une simple analyse coût-bénéfice. Les conclusions de l'analyse sont limpides et sans appel : l'utilisation des éoliennes n'est pas nécessairement possible au moment où la demande d'électricité se fait sentir. Le recours à un tel mode de production n'est donc pas destiné à augmenter la capacité du réseau mais seulement à les substituer lorsque c'est possible à des modes de production plus coûteux pour faire baisser les coûts de production. Voilà qui devient nettement plus gênant pour les partisans des énergies "propres" qui ne jurent que par l'éolienne.


En fin de compte, le plus dérangeant c'est que le premier imbécile venu n'a qu'à surfer pendant une heure ou deux pour comprendre que la sortie du nucléaire grâce aux énergies renouvelables est une vaste foutaise. Mais la loi a déjà été votée. On n'est pas dans la merde ...



5.10.03

Deux poids, deux mesures ?

L'antiaméricanisme primaire - qui dis-je primitif - de la radio-télévision bolchévique a atteint de nouveaux sommets cette semaine. Les téléspectateurs avides de journaux télévisés auront sans doute remarqué le petit reportage qui est passé il y a deux ou trois jours sur la procédure de recall en Californie. Avec la mauvaise foi et le parti pris qui caractérisent la majorité des journalistes ertébéens dès qu'il s'agit de nos cousins d'Outre-Atlantique, ce reportage outrageusement simplificateur nous présentait la procédure de recall comme une simple élection ou seuls deux candidats s'affrontent : un acteur musclé et une star de l'industrie pronographique. En guise de cerise sur cet indigeste gâteau de propagande antiaméricaine, le présentateur du journal télévisé, petit sourire de mépris amusé au lèvres, ajoute finement : "ce doit être ce qu'on appelle le bon goût américain".

Evidemment. Que des élections soient à ce point libres qu'il n'est pas nécessaire d'être dans les bonnes grâces d'un chef de parti pour avoir le droit de s'y présenter est sans doute un concept trop difficile à saisir au moyen des deux malheureux neurones de cet infâme valet du service public. Un homme qui a rampé toute sa vie dans l'ombre de la particratie, brandissant sa carte comme un faire-valoir aux époques où le parti dont il était membre régnait en maître, tentant servilement de se faire oublier durant les années sombres où un autre camp dominait, peut difficilement - j'imagine - concevoir d'élever le débat et de prendre une vue d'ensemble de la circulation, le plafond de sa propre médiocrité ancillaire empêchant probablement le décollage ...

Soit. Laissons-là un instant ce reportage lamentable et le malfaisant imbécile qui l'a commenté avec morgue et intéressons-nous de plus près aux préjugés qui empêchent nos journalistes francolâtres de considérer avec sérieux la candidature de monsieur Schwarzenegger aux élections qui prendront place si la procédure de recall aboutit. Assurément, ce qui doit les déranger est le fait qu'un acteur se lance dans la politique. "Pourquoi diable un saltimbanque se mêle-t-il donc de ces choses-là au lieu de laisser ceux qui ont le bagage intellectuel nécessaire s'en occuper ?" est probablement la snobinarde réaction d'une majorité d'intellectuels en pantoufles qui s'imaginent que le Monde Diplomatique est un journal sérieux et impartial. A première vue, l'argument peut sembler digne de considération, mais un examen approfondi de la situation politique en francophonie socialiste a tôt fait de le démonter. En effet, quand une écervelée à la forte poitrine et aux lèvres pulpeuses se lance dans des diatribes gauchisantes en prétendant maîtriser dans son entière complexité la question de l'immigration illégale en France, tout le monde applaudit et la croit. Quand un "comique" - à l'humour plutôt douteux et plein de haine, d'ailleurs - présente sa candidature aux élections présidentielles, chacun se réjouit. Vous avez dit "bizarre" ?

L'explication est simple : un artiste a tout à fait le droit de faire de la politique avec la bénédiction de l'establishment journalistico-intellectuelle pour autant qu'il prenne bien garde à n'exprimer que les opinions de la gauche bien-pensante. Il est vrai qu'à la lecture du programme de celui qu'on appelle là-bas "gubernator", le doute n'est plus permis : il est pour la diminution des impôts et insiste sur l'importance de l'initiative privée dans la santé de l'économie.

Est-ce une raison pour le salir ? Plus que probablement. Reagan, en son temps, fut la cible du même genre d'attaques sous la ceinture. C'était dans son cas d'autant plus injustifié qu'il était depuis des années chroniqueur dans diverses revues politiques outre-atlantique. Finalement, ce qui me rassure dans cette histoire, c'est que l'ami Schwarzie n'a cure de tout cela. Il est candidat au poste de gouverneur de l'Etat le plus dynamique des Etats-Unis, et l'opinion de quelques journaleux crève-la-faim mais bien-pensants issus d'une démocratie bananière collectiviste d'outre-atlantique lui importe bien peu.

2.10.03

Cthulhu fhtagn !

L'espace d'un instant, et sans doute sous l'effet de la fièvre, j'ai été séduit par le programme pour le moins original d'un candidat aux présidentielles américaines. Selon plusieurs sources anonymes, un certain Y. Sototh aurait accepté la vice-présidence.



Les aphorismes de Constantin

Terrassé par un soudain accès de ce que la plèbe a surnommé de manière fort charmante "la crève", je me morfonds dans mon logis où la couette semble la seule partie du monde qui ne soit pas devenue cruelle, froide et inhospitalière.


Il y a environ une heure, l'ami Melodius me tirait de ma torpeur alanguie par un coup de téléphone impromptu. Rassemblant toute mon énergie pour faire bonne figure, je lui sortis dans un éclair de lucidité cet aphorisme confondant que je vous livre à présent :

Une économie paralysée par le collectivisme, c'est un peu comme un corps alité par la maladie. On voudrait bien faire quelque chose pour que ça change, mais on n'en a plus la force.

Ce qui ne m'inspire pas de pensées particulièrement positives pour l'avenir de notre plat pays. Sur ce, je retourne me coucher. L'avantage de la crève sur le collectivisme, c'est qu'elle finit par passer.