25.10.04

Au pays, de Benali, ...

On n'avait plus fait mieux depuis la dernière élection du Raïs : le président Benali a été réélu avec 94,48% des voix. Comme il doit être réconfortant d'être aussi aimé par sa population.

A ceux qui oseraient parler d'absence de démocratie, rappelons que Benali avait même un challenger, qui a engrangé 0,95% des votes. D'ailleurs, le scrutin était régulier, les observateurs de la Ligue Arabe, cet organisme qui a à coeur de faire avancer la démocratie au Moyen-Orient, l'ont confirmé.

Comment ? Les bulletins de vote étaient de couleur différente selon qu'on votait pour Benali ou pour son challenger ? Et Benali a refusé que qui que ce soit d'autre que la Ligue Arabe vienne monitorer les élections ? Ragots que tout cela, Monsieur Constantin. D'ailleurs, vous aviez à l'époque écrit une chronique dithyrambique sur notre bien-aimé président.

C'est vrai, je l'avoue, j'ai encore médit. La réélection du président Benali est une victoire pour la démocratie. Bravo !

20.10.04

Oh Madeleine, si tu savais ... (épisode II)

Aujourd'hui, dans notre deuxième épisode de la saga Madeleine Jacquemotte, le jeu des sept différences.

Extrait du "Soir en Ligne" d'aujourd'hui : Quant aux rumeurs d'absentéisme persistant à l'athénée, l'ex-préfet rejette ces accusations d'un revers de main: Nous avons eu une inspection en octobre 2003, au
cours de laquelle tous les élèves ont été comptés un à un, et pas un ne manquait", souligne-t-il.


Interview par Constantin d'un ancien professeur de MJ : "Je me rappelle, il y a un an, le préfet a abordé un élève dans le couloir où je me trouvais et lui a dit "Tu vas dans la classe là-bas, et tu dis à la dame que tu t'appelles X".


Extrait du "Soir en Ligne" d'aujourd'hui : "Les deux hommes estiment avoir fait les frais d'une politique du fusible et affirment jouir du soutien d'une grande partie du corps professoral de l'Athénée."

Interview par votre serviteur d'un ancien professeur de MJ : "Ah ben oui, forcément que certains sont de son côté. En échange de leur silence sur ses petites magouilles, ils jouissaient de privilèges au sein de l'établissement, comme de pouvoir décider eux-mêmes de leurs classes et de leurs horaires. C'est simple. Il y avait ceux que le préfet invitait à prendre le café chaque matin dans son bureau, et les autres".


Extrait du "Soir en Ligne" d'aujourd'hui : "L'ex-préfet, qui affirme comme M. Stas [l'ex-proviseur, NDLR] jouir d'un important soutien au sein du corps professoral, nie par ailleurs toute falsification de document, en dehors d'éventuelles erreurs d'encodement."

Oui mais voilà, curieusment, les relevés d'absence manuscrits qui ont fait l'objet d'un encodage "erroné" ont disparu mystérieusement des archives de l'école. Un professeur, qui en avait un double dans son casier, a vu ce dernier fracturé.


Allez, je m'arrête là pour aujourd'hui. Une dernière petite chose. Suis-je le seul à avoir été choqué, en regardant le journal télévisé, de voir le proviseur de l'école faire la bise à ses élèves ?

Commentaire d'un ancien professeur : Les nouveaux enseignants qui arrivaient dans l'école saluaient le chef d'établissement d'un "Bonjour, monsieur le préfet". Pour ouvrir de grands yeux, quand, trente secondes plus tard, un élève de terminale passait, donnait une claque sur l'épaule dudit préfet accompagnée d'un jovial "Salut Pascal !".



18.10.04

Très fort !

Depuis quelques semaines, le Maître du Monde nous fait l'immense honneur de s'adresser à nous via un blog qui vaut le détour. Sa nouvelle chronique est particulièrement hilarante, et je vous la recommande chaudement.



Oh, Madeleine, si tu savais ...

La nouvelle circule et fait de temps à autre surface dans les média : le préfet de l'Athénée Royal Madeleine Jacquemotte d'Ixelles fait l'objet d'une enquête judiciaire pour faux, usage de faux et détournement de fonds. La nouvelle a été brièvement évoquée dans le journal télévisé de la RTBF la semaine dernière, mais fort rapidement, au point qu'on pourrait se demander si elle ne dérange pas beaucoup de monde. D'autant que la semaine précédente, le même établissement faisait la une suite aux agresssions dont ont été victimes deux de ses enseignants.

Quelques informations sont parvenues aux oreilles de votre serviteur, qui permettent de dresser un portrait peu flatteur de ce fleuron de l'enseignement étatisé. Commençons par ce qui est de notoriété publique. Un avocat pénaliste de ma connaissance me confirmait l'autre jour qu'une forte proportion de sa clientèle de petits délinquants sont actuellement "scolarisés" dans cet établissement. Il est d'ailleurs de notoriété publique que le quartier (proche de la place Fernand Cocq) où est installée la principale implantation de l'athénée n'est pas agréable à fréquenter, et que les riverains se plaignent amèrement du climat d'insécurité qui y règne. Les propriétaires des immeubles riverains ont de plus en plus difficile à trouver des locataires, et les loyers, qui sont en augmentation partout à Bruxelles, baissent par contre dans le voisinage. Quant à la police, elle ne patrouille plus dans le quartier depuis que le préfet leur a fait remarquer qu'ils "provoquaient" les élèves. Provocation auxquelles lesdits élèves répondaient par des jets de bancs et de chaises par les fenêtres de leurs classes.

Et à ce propos, je m'en voudrais de ne pas vous faire part de cette anecdote. La police, qui effectuait une ronde dans le quartier suite à des plaintes de riverains excédés de retrouver des papiers de sandwiches (voire des restes de sandwiches) dans leurs boîtes aux lettres après la récréation de midi, a vu quelques bancs et chaises choir dans la rue. Ayant repéré la classe dont était issu le mobilier volant, ils s'introduisent dans l'école et se rendent dans la classe en question. Ou un professeur manifestement terrorisé explique aux policiers qu'il donnait cours et que personne n'a rien jeté par la fenêtre, vous devez vous tromper monsieur l'agent, oui, merci, bonne journée à vous aussi.

Comment, les élèves menaceraient leurs professeurs ? C'est apparemment monnaie courante. Ainsi, une jeune femme au demeurant fort séduisante, professeur dans l'établissement il y a quelque temps, entendait régulièrement à son passage dans les escaliers de voix issues d'autre étages lui susurrant "on va te tuer, madame !".

Mais ils n'en restent hélas pas au stade des menaces. Ainsi, il y a deux ans, une assistante sociale a soudain vu, en approchant de l'établissement, un véhicule conduit par un élève foncer sur elle. Ils ont été "gentils", elle s'est seulement fait rouler sur le pied. Deux mois de plâtre.

Le climat est planté. Dans la prochaine chronique, je vous parlerai des raisons pour lesquelles le préfet de l'établissement fait l'objet d'une enquête ...

4.10.04

De l'attitude partisane

Une petite réflexion d'un des joyeux intervenants dans les commentaires de l'excellent Chacun pour soi en réaction au petit billet d'humour sur Super Size Me que j'y ai publié m'a incité à réfléchir sur l'attitude partisane.

Un des principaux reproches que la communauté libérale fait aux collectivistes de tout poil est de manquer d'honnêteté intellectuelle et de refuser d'examiner avec un minimum d'a priori une position, un article ou un argument qui contredit la doctrine qu'ils défendent. L'étape suivante, l'attitude partisane, consiste à émettre une opinion sur les dires de telle ou telle personne sans même les avoir examinés soi-même, la seule identité de la personne suffisant apparemment à discréditer tout ce qu'elle pourrait avoir envie d'exprimer.

Michaël Moore a été une des victimes les plus médiatisées d'un tel comportement de la part de la droite. Nombre de membres de la communauté libérale l'ont brocardé sans même prendre la peine de prendre connaissance des idées qu'il défend. Ne vous méprenez pas, je n'éprouve pour le personnage qu'une sympathie somme toute fort modérée, mais il me semble que son oeuvre, une fois que l'on gratte le vernis, recèle quelques thèse intéressantes. Je n'ai pas d'avis sur "Fahrenheit 911", que je n'ai pas encore regardé, mais tant "Bowling for Columbine" que le livre "Stupid White Men" ne manquent pas de pistes de réflexions et de points de vue pour le moins originaux sur la société américaine. Nous n'entrerons pas ici dans les détails, je l'ai fait en son temps sur Libéraux.org, et je ne vois pas l'intérêt de recommencer une fois de plus. Ce qui m'a frappé à l'époque c'est l'opposition viscérale à Moore dont faisaient preuve certains et qui les conduisait à sous-estimer voire à glisser subrepticement sous le tapis certains arguments qui valaient la peine d'être examinés. Jeter ainsi le bébé avec l'eau du bain ne me paraît pas une attitude propice à la réflexion et au débat.

Quoi qu'il en soit, le film de Morgan Spurlock semble à présent bénéficier du même traitement. D'un côté, les gauchistes antiaméricains encensent le réalisateur sans discernement, de l'autre une série de libéraux rabiquement proaméricains le pourfendent de manière tout aussi radicale.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, chers lecteurs, mais les deux attitudes me semblent également détestables. Le propre de l'attitude intellectuelle consiste précisément à analyser et à disséquer non seulement la pensée de ceux avec lesquels nous sommes d'accord, mais aussi celle de nos adversaires idéologiques. Mon ami Mélodius, par exemple, n'hésite pas - et cela lui a été souvent reproché - à défendre les mérites de Lénine, du moins en ce qui concerne la façon dont ce dernier conçoit le "marketing" des idées. Cela lui a valu de la part d'une kyrielle de minus habens des insultes plus ou moins subtiles dont la plus fréquente était "communiste". J'ai eu l'occasion d'accompagner Ronnie Hayek - alias la bibliothèque vivante - chez un bouquiniste bien connu à Bruxelles où il allait à la recherche des oeuvres d'un obscur sociologue marxiste des années 60. Le résultat est que notre ami Ronnie connaît souvent mieux les thèses défendues par nos adversaires idéologiques qu'ils ne les connaissent eux-mêmes.

Une autre erreur communément répandue chez les victimes de l'attitude partisane est de voir un film (ou de lire un livre ou un article) à la lueur de leur propre référentiel. C'est particulièrement le cas pour le récent opus de Spurlock. Le français (ou le belge francophone) chauvin et anitiaméricain y voit une virulente critique de la "malbouffe" et la porte aux nues. Pour la même raison, les libéraux pro-américains la vouent aux gémonies. Tout qui a vécu quelque temps aux Etats-Unis verra pourtant dans l'oeuvre de Spurlock le résultat d'une préoccupation légitime : le fast-food a pris là-bas une importance que l'on imagine assez mal en Europe et la majorité de la population n'est pas (ou refuse d'être) consciente des effets sur la santé que peut avoir l'abus de ce genre de nourriture. C'est sous cet angle qu'il faut analyser la démarche de Spurlock. Y voir une critique acerbe de la société américaine est à mon sens une erreur.