29.9.03

Le principe d'imprécation

Les virulentes masses revendicatrices qui occupent le pavé avec une surprenante régularité dans un élan solidaire et citoyen ont une haine surprenante des arguments économiques ou scientifiques qu'on leur oppose. Il est vrai qu'il doit être assez frustrant pour de frustes frappeurs tambours africains de se faire sempiternellement contredire par des gens qui ont raison. Les hurluberlus hurleurs ne furent hélas pas longs à trouver une parade efficace à tout argument économique qui leur est opposé, taxant de "néolibéraux" les impudents qui osaient les contredire. La tactique, si elle manque d'élégance n'en est pas moins redoutablement efficace, et, en ces temps où la vaste entreprise de lavage de cerveau qu'on appelle "enseignement public" atteint enfin ses objectifs d'abrutissement des masses, il n'est plus beaucoup de contradicteurs capables de résister à leur barrage de mauvaise foi intellectuelle. Faisant fi du sens économique, ces fieffés farceurs vont donc répandant leurs sornettes sans que personne ne puisse leur opposer de résistance.


Le cas des économistes et autres valets de la mondialisation ultralibérale - remarquez à quel point le terme est élégant comparé aux vieilloteries marxistes du genre "grand capital international" - réglé une fois pour toutes, il fallait à présent à nos amis altermarxistes - un néologisme en hommage à leur capacité à réjuvéner l'iconographie communiste - s'occuper d'une autre race d'empêcheurs-de-manifester-son-indignation -en-rondes, j'ai nommé les scientifiques.

Et quoi, me direz-vous, qu'ont-ils fait, ces innocents et poussiéreux hommes à barbiches et binocles, cloîtrés au fond de leurs laboratoires qui sentent le formol à s'extasier devant le contenu de leurs petites éprouvettes ? C'est pourtant simple : il leur arrive régulièrement de contredire nos amis altermondialistes en leur expliquant que les recherches effectuées dans leurs laboratoires sont loin de corroborrer leurs thèses fétiches. Coup sur coup, ces faquins ont eu l'outrecuidance d'affirmer que le trou dans la couche d'ozone existait depuis belle lurette et qu'on n'avait simplement pas remarqué son existence avant, qu'il est impossible de quantifier l'importance du facteur humain dans les causes du réchauffement de la planète, et qu'il est impossible de prouver que les OGM sont dangereux pour la santé. C'en était trop, il fallait agir. C'est ainsi qu'un jour naquit le principe de précaution.


Le principe de précaution a cela de merveilleux qu'il permet de faire fi de toute vérité scientifique en faisant simultanément la preuve de ce merveilleux sens citoyen si prisé des zélotes de l'environnement. Par exemple, il devient très facile de lutter contre les organismes génétiquement modifiés. La science n'arrive pas à prouver que les OGM sont dangereux ? Qu'à cela ne tienne, ils n'ont pas prouvé l'inocuité des produits. Laissons là les résultats de ces centaines de recherches menées pour tenter de trouver un problème et retranchons-nous derrière le principe de précaution : il vaut mieux éviter d'en manger, on ne sait jamais. Et aussi d'en cultiver d'ailleurs, même si les conditions sont draconiennes et que toutes les précautions sont prises pour éviter la "contamination" des champs voisins. Au nom du principe de précaution, un citoyen vraiment solidaire se doit de protéger ses concitoyens de ce danger rampant en saccageant sans pitité toute plantation qu'il trouve sur son chemin.


Jusqu'ici, cependant, les altermondialistes et les écolâtres avaient soigneusement évité de proférer des paroles qui puissent permettre au commun des mortels de déceler la supercherie. C'était sans compter sur l'ineffable parti "Ecolo", relégué par les électeurs belges dans les limbes de la politique, mais toujours en mal d'une nouvelle reconnaissance.
La maladresse leur est hélas coutumière, et c'est donc ainsi que le lecteur du Soir en ligne put remarquer cette remarquable intervention d'un des secrétaires fédéraux d'Ecolo au sujet du problème de la pollution par l'ozone :

Malgré la controverse scientifique sur l'efficacité de pareilles mesures, les verts proposent des limitations de déplacement en voiture et le renforcement de dessertes de transports en commun lors des pics d'ozone.

Et voilà. Le masque est tombé. Du coup, je comprends mieux pourquoi ils ont perdu les élections. Avec de tels amis, le mouvement altermondialiste n'a pas besoin d'ennemis.


25.9.03

Hippies vociférateurs vs yuppies entrepreneurs




Les tonitruantes expectorations triomphantes des brutes barbares et chevelues qui ont occupé les rues de Cancun sont à présents retombées, et les pays du Tiers-Monde sont retournés aux limbes dans lequel l'effondrement de l'OMC les confinera pour de nombreuses années, ce qui fournira auxdits hippies l'occasion d'occuper encore moultes fois de leur vociférante et hargneuse multitude le pavé de pauvres villes qui n'avaient rien demandé à personne pour scander à qui-mieux-mieux des slogans aberrants témoignant de leur méconnaissance des sujets sur lesquels ils aiment à s'exprimer. Soit. Laissons-les si vous le voulez bien à leurs djembés et à leurs rassemblements festifs et tatoués pour voguer vers les horizons autrement bouillonnants des entrepreneurs capitalistes.

Mûs uniquement par leur individualisme et la recherche de leur profit, les entrepreneurs font plus pour l'environnement chaque jour dans leur petite parcelle de planète que la meute hurlante des ONG "citoyennes" en une année de défilés revanchards et revendicatifs. The Economist nous apprend ainsi qu'un chercheur du M.I.T. a découvert le moyen de retourner l'expression "gaz à effets de serre" à son avantage - financier, cela s'entend. Le brave homme a émis l'idée géniale d'utiliser les fumées rejetées par les centrales électriques pour chauffer des serres dans lesquelles faire pousser tomates et autres légumes à la croissance desquels la chaleur est indispensable. L'idée fonctionne parfaitement, nous apprend-il, avec les émissions des centrales au gaz, et qui plus est, le taux élevé de CO² de ces émissions représente un bonus, car cette molécule est indispensable au métabolisme des végétaux. Résultat escompté : moins de rejets atmosphériques de gaz à effet de serre, des tomates moins chères puisque le chauffage des serres est pratiquement gratuit si l'on excepte le coût de l'installation du dispositif, et en prime un confortable matelas de dollars pour le génial inventeur ... Aux orties le protocole des Kyoto et ses absurdes et coûteuses obligations, mettons le gaz à effet de serre dans des serres et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Le système est déjà conçu et va prochainement être installé aux côtés d'une centrale électrique du Massachussetts.

Parallèlement, le Congrès Mondial des Parcs Nationaux, s'est penché à Durban sur l'efficacité de la contribution desdits parcs à la survie des espèces menacées. Leur conclusion est unanime : cela fonctionne parfaitement quand ils parviennent à y intéresser des entreprises privées, lesquelles gèrent les choses de façon nettement plus efficace que les agences gouvernementales, tout en ne coûtant rien aux contribuables.

Les avocats de la conservation des marais et autres étendues fangeuses fréquentées par les grenouilles et les ornithologues ont eux aussi raison de se réjouir. De plus en plus de firmes privées s'intéressent à l'utilisation des marais en tout qu'outil de réhabilitation d'anciennes friches industrielles. Apparemment, de tels marais, outre l'indiscutable plaisir esthétique qu'ils procurent, sont une manière peu onéreuse de réhabiliter en quelques années les sols pollués. Du coup, il se développe aux Etats-Unis un nouveau secteur parfaitement écologique et dont les clients sont apparemment satisfaits. Qui dit mieux ? Un délégué ougandais à la conférence de Durban vient lui de faire comprendre à son gouvernement que la préservation des marais qui s'étendent au sud de Kampala est de l'intérêt même du gouvernement, car le travail de filtrage et d'épuration des eaux usées qu'ils effectuent nécessiterait une usine d'épuration - dont le coût avoisinnerait les 13 millions de dollars. Quel facteur pourrait mieux faire que l'intérêt bien compris ?

Bref, alors que les uns, à coups de sittings solidaires, réclament à cors et à cris la prise par les gouvernements de nouvelles mesures paralysantes et coûteuses - et ça c'est quand il ne se font pas les chantres d'un retour à l'Age des Cavernes - les autres, tranquillement et avec à l'esprit la double satisfaction d'aider à la convervation de la planète et de remplir leur bas de laine, vont leur petit bonhomme de chemin capitaliste et préparent l'environnement de demain. Belle leçon d'humilité !





22.9.03

Le sommet de la bêtise ?

Pendant que les altermondialistes et certains pays du Tiers-Monde se réjouissent et se gaussent de ce qu'ils qualifient fort originalement d'échec de la mondialisation ultralibérale, l'Union Européenne, les Etats-Unis et le Japon se frottent les mains. Grâce à l'aide inattendue mais bienvenue des ONG et des pays du Tiers-Monde, dont on connaît l'extraordinaire propension à scier la branche sur laquelle ils sont assis, ils ont réussi à sauver le principal : les subsides et subventions à l'agriculture et leur protectionnisme vis-à-vis des produits issus des pays en voie de développement.


Loin des rires et des flonflons des gigues altercomprenantes, les vrais partisans du Tiers-Monde - ainsi d'ailleurs que nombre d'ambassadeurs de ces pays auprès de l'OMC - ne peuvent cacher leur tristesse. Les efforts constants et acharnés des altermondialistes ont eu raison de la seule institution internationale dans laquelle les pays pauvres avaient autant à dire que les pays riches, puisque chaque pays possède une voix et le droit de veto. Ils ont réussi à compromettre très sérieusement les chances que toute négociation multilatérale aboutisse d'ici longtemps. Le résultat ? Pêle-mêle, le maintien des subsides américains aux exportations de coton et le maintient des barrières douanières américaines aux importations de textiles venus d'Afrique, la survie de la Politique Agricole Commune européenne et de ces subsides à l'exportation qui permettent à nos agriculteurs d'inonder les marchés africains à des prix que les producteurs locaux ne peuvent pas atteindre, le probable repli des Etats-Unis sur une extension du NAFTA et de Mercosur, ce qui favorisera les pays d'Amerique Centrale et du Sud et laissera l'Afrique subsaharienne se débrouiller seule, bref, le retour des nations industrialisées à un protectionnisme sélectif qui dans le meilleur des cas maintiendra les pays les plus pauvres dans leur misère actuelle.


Les altermondialistes qui font innocemment la fête se rendront bientôt compte qu'ils célébraient une victoire à la Pyrrhus. Pour eux, les conséquences ne seront pas trop dommageables, cela risque juste de leur coûter un peu plus cher de prendre l'avion ou d'acheter américain. Hélas, pour ceux qu'ils prétendaient défendre, cela signifiera plus de misère et moins de chances de s'en sortir. Ce qui permettra à leurs ardents défenseurs d'organiser moultes manifestations festives et citoyennes, et, dans un admirable effort de négation de la vérité qui ne sera pas sans rappeler ceux de leurs prédecesseurs marxistes , rappelleront aux "grands de ce monde" que de toute façon tout est de leur faute puisque ce sont de méchants capitalistes.

Pendant ce temps, José Bové et ses complices continueront, satisfaits, à empocher les largesses de l'Union Européenne...





19.9.03

Décès d’un malfaisant ?

Le 9 septembre 2003, Edward Teller s’éteignait sur le sol de sa patrie d’accueil, les Etats-Unis d’Amérique, à l’âge respectable de 95 ans. Nous nous serions bien passés de l’héritage qu’il nous laisse, puisque ce monsieur est l’inventeur de la bombe à hydrogène. Il fit également partie, avant ce douteux coup d’éclat, de l’équipe de scientifiques qui a conçu les bombes atomiques que le président Truman fit lâcher sur Hiroshima et Nagasaki – sans encourir, notons-le au passage, les foudres du tribunal de Nüremberg pour cet atroce crime de guerre.


Ne lui jetons cependant pas trop rapidement la pierre. Monsieur Teller aurait-il eu de quoi financer ses atroces recherches si le gouvernement américain ne lui avait pas baillé les fonds nécessaires à leur accomplissement ? Aurait-il même seulement eu l’idée d’embrasser la carrière de concepteur d’engins de mort si on ne le lui avait pas demandé ? La problématique de la bombe atomique illustre à elle seule le danger que représente l’Etat pour l’humanité. Car seul un Etat pouvait, par la prédation sur exercée sur les revenus de ses citoyens, acquérir les sommes colossales nécessaires au financement du projet insensé que constitue la conception d’une arme capable de rayerquelques kilomètres carrés de la surface du globe et de contaminer les zones environnantes de manière telle que la vie y soit impossible pour des décennies …


La construction de la bombe H s’avérerait le détonateur de la course aux armements que se livrèrent les Etats-Unis et l’URSS durant la guerre froide pendant que le reste de l’humanité tremblait. Dans la foulée, la France, la Chine et Israël se mirent en tête de s’équiper de leur propre arsenal de destruction. A présent que la boîte de Pandore est ouverte, bien malin qui pourra dire où les choses s’arrêteront. L’Inde et le Pakistan se regardent en chiens de faïence au-dessus des montagnes du Kashmir, l’Iran construit des bombes tout en prétendant que non, la Corée du Nord est prête à rayer le Japon de la carte dès que le dément qui préside à ses destinées décidera que tel est son bon plaisir. Et la dynastie la plus malfaisante de la planète – la maison de Saud – vient d’annoncer publiquement son intention de s’équiper à son tour.


Mais n’ayez crainte, bonnes gens, l’Etat veille et nous prépare sans nul doute de nouvelles armes qui permettront à nos glorieuses démocraties occidentales de tenir en respect ces nations arrogantes qui osent nous défier !






15.9.03

Un combat quotidien

texte publié sur le site de l'Institut Molinari




Les moines et les libertariens ont une chose en commun : leurs convictions intimes sont le résultat d’une révélation. Pour les moines, c’est celle de l’existence de Dieu. Pour les libertariens, l’épiphanie est intellectuelle.

La plupart des libertariens que je connais ont été convaincus par la lecture d’un même livre, The Ethics of Liberty de Murray Rothbard. « Le vieux Murray », comme nous l’appelons lors de nos réunions politico-hédonistes, était un écrivain prolifique et un pamphlétaire hors pair. Il a consacré sa vie entière à la diffusion de sa pensée politique et à la lutte contre l’Etat, ainsi qu’en témoigne l’excellente biographie de Justin Raimondo, « An Enemy of the State », dont mon ami Mélodius fait un excellent compte-rendu sur son blog.

S’il est souvent fort difficile d’expliquer le point de vue libéral sur les questions de société qui sont régulièrement débattues, ne fût-ce que parce que l’étiquette libérale est monopolisée dans nos contrées par des gens qui n’ont rien de libéral, promouvoir l’idéal libertarien s’avère une tâche encore plus ardue. Le radicalisme des positions libertariennes en ce qui concerne l’Etat, que les libertariens minarchistes voudraient réduit à sa plus simple expression – l’exercice des fonctions régaliennes – et que les anarcho-capitalistes voudraient voir sombrer à jamais dans les oubliettes de l’histoire, et la priorité absolue donnée à la liberté et à la responsabilité individuelle peuvent souvent sembler incongrues à ceux qui analysent la politique en termes de gauche et de droite. L’individualisme et le respect de l’autre qui sont à la base de notre philosophie assurent un foisonnement d’idées et de positions au sein du mouvement libertarien qui rendent souvent impossibles les prises de position claires de la communauté libertarienne sur les grands thèmes actuels.

Prenons par exemple l’intervention américaine en Irak : elle compte parmi les libertariens à peu près autant de partisans que d’adversaires. Les uns arguent de la nécessité d’intervenir pour débarrasser le monde d’une dictature sanguinaire, les autres de la violence fait par l’Etat américain à ses citoyens – par l’impôt et la mort de soldats US – et aux citoyens irakiens – les victimes des « dommages collatéraux ». Si le débat fait encore rage parmi notre communauté, force est de constater qu’il s’établit de manière entièrement différente de celui qui a lieu sur la place publique. Il n’est pas question ici de discuter de la validité de la théorie du complot qui voudrait que tout cela ne soit que le produit de la volonté du clan Bush de s’approprier les richesses pétrolières irakiennes ou de la pertinence des déclarations américaines et britanniques sur le danger que représentaient les armes de destruction massives que l’on prêtait à Saddam Hussein. Le thème central du libertarianisme étant la nature intrinsèquement mauvaise de l’Etat, qu’il soit dirigé par des élus démocratiques ou par un dictateur d’obédience stalinienne, les discussions sur l’Irak prennent un tour radicalement différent. le caractère abject du régime de Saddam Hussein étant démontré, le débat sur la justification de l’intervention ne tourne nullement autour de la question de la véracité des preuves concernant la détention d’armes de destruction massive, ni du non-respect des résolutions des Nations-Unies. Le thème central du débat devient : un Etat, si démocratique soit-il, a-t-il le droit – voire le devoir – de faire violence fiscale à ses citoyens pour financer l’envoi de troupes dans une région qui ne représente aucune menace directe à sa sécurité ? Ce qui, reconnaissons-le, est fort éloigné du débat habituel.

Pour un public habitué à raisonner selon des catégorisations simples – extrême-droite, droite centre, gauche, extrême-gauche – les libertariens sont des êtres déroutants. Leur respect absolu de la liberté individuelle les conduit à s’opposer à toute forme d’Etat-Providence, en ce que ce dernier, par le mode de financement de ses activités – l’impôt – représente une agression inacceptable des individus. Par contre, tous se prononcent en faveur d’assurances privées et nombre d’entre eux sont partisans de la création de sociétés basées sur la mutualisation des risques, pour autant que la participation à de tels organismes se fasse uniquement sur base volontaire.

Leur habitude de dissocier l’organisation de la société et l’éthique individuelle les rend de même difficiles à cerner sur un débat comme celui de la légalisation des drogues. Nombre de libertariens sont en effet opposés à l’usage de drogues récréatives, mais farouches partisans d’une légalisation totale et inconditionnelle des drogues, qu’elles soient dures ou douces. De même, beaucoup de libertariens sont viscéralement opposés à l’avortement mais défendent bec et ongles le droit des mères à disposer du libre choix d’avorter. L’apparente contradiction de ses positions disparaît lorsqu’on les examine à la lumière de la philosophie libertarienne. L’organisation de la société libertarienne est en effet basée sur le respect du droit de propriété des individus sur leur propre corps et sur le fruit de leur labeur et sur le respect des contrats. Un comportement n’est répréhensible que s’il viole le droit de propriété de quelqu’un ou rompt un contrat existant. Dès lors, l’usage de drogues, tant que le consommateur s’abstient de violences à l’encontre de tiers ou d’entorses aux termes d’un contrat (par exemple celui qui pourrait le lier au propriétaire du lieu où il s’adonne à la consommation de substances psychotropes) n’est nullement répréhensible et est laissé à la seule appréciation des individus souverains. En d’autres termes, et à l’inverse du politicien moyen, le libertarien se refuse à imposer ce qu’il juge bon ou bien à autrui, et demande simplement qu’on le laisse jouir de la même liberté. En ces temps où la pensée pré-formattée et le prêt-à-s’indigner et règnent en maître, le libertarien revendique le droit de penser pour lui-même et de construire sa propre éthique.



Fascisme et islamisme : l'interdiction qui renforce

Il y a quelques années, au moment du vote de la loi sur les propos racistes en Belgique, votre serviteur s'était fait expulser sans ménagements du forum du Soir en ligne. Les opinions que j'avais émises n'avaient pas eu l'heur de plaire aux modérateurs dudit forum, lesquels s'étaient sans doute offusqués de ne pas me voir bêler avec le troupeau qui se réjouissait de l'interdiction des propos racistes. Mon argument, qui n'a pas changé depuis, est que d'une telle interdiction découlent deux effets pernicieux : le renforcement de l'extrême-droite, qui peut depuis le vote de cette loi jouer la pauvre victime de la censure et s'attirer ainsi la sympathie d'une plus grande frange de la population, et une première atteinte au principe de liberté d'expression qui, tôt ou tard, ouvrira la porte à d'autres entorses aux conséquences plus sérieuses.


Que je puisse défendre le droit des malfaisants à s'exprimer n'implique nullement que je cautionne leur propos nauséabonds. J'estime cependant que le refus du débat tel qu'il est sanctionné par la loi fait le jeu de l'extrême-droite, qui faute de pouvoir s'exprimer sur la place publique, est privée de la confrontation de ses idées avec les réfutations argumentées qui pourraient aisément les réduire à néant. Le navrant résultat de cette excommunication est donc que la propagande haineuse continue sous le manteau, à l'abri des contradicteurs, et que les thèses racistes gagnent chaque jour de nouveaux zélateurs.


La récente polémique autour du port du foulard islamique me semble le contrepoint de cette première erreur. Les fanatiques barbus, avec à leur tête le ramollah du bulbe rachidien qu'est Jean-François "Abdullah" Bastin, imam autoproclamé des radicaux intolérants, et Abu Jahjah, suppôt d'une organisation islamiste égyptienne peu reluisante, se sont emparés d'une nouvelle tribune d'expression de leurs thèses puantes en prenant fait et cause pour les élèves illettrées* et voilées d'un obscur établissement bruxellois.


Avant de poursuivre, le libertarien que je suis ne peut manquer, chers lecteurs, de vous faire remarquer que ce genre de polémique n'aurait pas lieu dans une école privée, où le contrat d'insrciption stipulerait les droits et obligations de chacune des parties, en ce compris si telle est la décision de l'école l'obligation de laisser le foulard au vestiaire. Dans un système d'écoles publiques dont la vocation est d'être ouvertes à toutes et tous, l'interdiction du voile pose par contre problème. D'abord parce que la mesure introduit une discrimination envers les musulmanes qui souhaitent porter le voile de manière pacifique et sans prosélytisme. Ensuite parce que les commentateurs amalgament plusieurs problèmes, beaucoup prétendant à tort que céder sur le voile implique, dans un futur proche, de céder sur la mixité des cours ou le contenu des programmes. Enfin, et surtout, parce que la polémique qui s'ensuit est une formidalbe occasion pour les islamistes de répandre leurs idées tout aussi nauséabondes que celles de l'extrême-droite. Que seules 250 personnes sur les 200.000 maghrébins plus ou moins musulmans qui vivent à Bruxelles se soient déplacées (et encore, je ne compte pas les militants qu'Abu Jahjah a importés d'Anvers pour l'occasion) suffit à démontrer le peu de cas que fait la communauté maghrébine de Bruxelles de ce ridicule incident. Pourquoi dès lors offrir aux extrémistes de tout poil l'occasion de se faire connaître ?


Dans l'affaire qui nous occupe aujourd'hui, celle de l'Athénée Bruxelles 2, le préfet et les enseignants expliquent que la décision actuelle d'interdire le voile est motivée par la recrudescence du port du voile (qui se fait par ailleurs de plus en plus imposant) et le prosélytisme dont font preuve les élèves voilées qui tentent de convaincre leurs petites camarades de les rejoindre. Et alors ? Si ces jeunes demoiselles éprouvent l'envie immodérée de diminuer elles-mêmes leurs chances d'intégration dans la société, et d'en convaincre leurs camarades, libre à elles. Et si elles sont victimes de la pression sociale ou de la pression familiale, est-ce vraiment le rôle de la Communauté Française de "voler à leur secours" ? N'est-il pas plus important de leur donner une bonne formation (la déplorbale orthographe des calicaots des manifestants nous indique qu'il y a encore des progrès à faire dans ce domaine). Quand l'Etat prétend aider les gens, l'effet contre-productif de son action aboutit généralement à l'inverse des résultats escomptés. Le meilleur service que la Communauté Française puisse rendre à ces jeunes femmes, c'est peut-être d'arrêter de vouloir les aider à tout prix.


Interdire le voile dans les écoles, c'est donner l'occasion à ceux et celles qui promeuvent l'Islamisme de se poser en victimes et de s'attirer la sympathie d'une frange plus large de la population. Couplée à l'interdiction des propos racistes, cette mesure permet aux deux "camps" fasciste et islamiste de se radicaliser et de gagner de nouveaux adeptes. Bref, c'est jeter de l'huile sur le feu en prétendant éteindre l'incendie. Remarquons par ailleurs que l'Etat, ou l'organisme étatique assimilé qui gère l'enseignement en Communauté Française a lâchement décidé de déléguer le choix de l'interdiction ou de l'autorisation aux écoles, preuve s'il en fallait encore une du remarquable courage de nos politiciens.





lorsqu'elles brandissent fièrement un calicot sur lequel est inscrit "ABBAT LE RACISME VIVE LA TOLERENCE", sont-elles conscientes de porter de l'eau au moulin de ceux qui prétendent que l'Islam est une religion obscurantiste ?


Mise à jour : l'ami Melodius a consacré un excellent article à l'interdiction du foulard, lisez-le sans plus tarder !


12.9.03

Kiwi kiwi kiwi watch watch watch watch

Après avoir envoyé à l'Institut Molinari une épître des plus sérieuses exposant sa vision des événements du 11 septembre, votre chroniqueur préféré, attristé, contrit, bouleversé, avait besoin d'un moment de détente bien mérité. Celui-ci lui fut gracieusement offert par un des joyeux participants du forum des libéraux, lequel nous apprenait la naissance controversée du kiwiburger dans les fast-food néo-zélandais.


Le lecteur cultivé aura compris qu'il ne s'agissait nullement d'une préparation végétarienne à base de fruits sucrés à chair verte et de sauce béarnaise mais bien d'un hamburger concocté à partir de la chair d'un volatile habitant la Nouvelle-Zélande. Cette contrée reculée, patrie de l'ornithorynque, sorte de Frankenstein de la Création, s'enorgueillit - et c'est fort dommage - d'abriter également un des oiseaux les plus absurdes au monde : le kiwi, de son nom latin Apteryx mantelli.


Le kiwi est un volatile grotesque et affligeant. Il ne vole pas, ce qui nous permet de le distinguer assez rapidement du délinquant juvénile. D'ailleurs ses ailes sont tellement petites qu'elle ne lui servent à rien.

Le kiwi a grosso modo les mensurations d'un poulet, mais sa femelle s'est mis en tête de pondre des oeufs de la taille d'un oeuf d'autruche. Ca doit faire mal quand ça passe. Nous pouvons en déduire que, non content d'être ridicule, le kiwi est un animal masochiste.

Ah, j'oubliais, il n'a pas de queue non plus, ce qui ne manque pas de plonger Rocco Sifredi et Peter North dans l'hilarité la plus profonde.

Les narines du kiwi sont situées presque à l'extrémité de son long bec. Du coup, un tas de sal...s lui rentrent dans le nez lorsqu'il fouille le sol à la recherche de vers et de baies. Malgré cela, son odorat est excellent, ce qui, vu son régime alimentaire, ne doit pas contribuer à le mettre en appétit.

L'apparence du kiwi est tout simplement grotesque. Jugez-en par vous-même :





D'après les experts, le kiwi, bien qu'il soit capable de pratiquer une sorte de karaté primitif en utilisant ses petites pattes pourvues de trois doigts griffus (rappelez-vous, ses ailes, courtes et ridicules, ne lui servent à rien) doit sa survie à sa capacité à courir très vite. C'est donc un couard.

A l'instar des mauvais garçons, le kiwi ne sort que la nuit. Pour faire quoi ? Mystère, puisque ses ailes ne lui servent à rien et qu'il ne sait que courir. On prétend d'ailleurs que Tom Hanks a longuement étudié le kiwi avant de tourner Forrest Gump.

Le kiwi vivait en paix et sans prédateurs pour lui courir derrière jusqu'à l'arrivée des maoris, qui se sont mis à les massacrer à coup de boomerang. Sans ailes, les kiwis sont en effet incapables d'attraper le boomerang ou de parer le coup, à moins d'effectuer le coup de pied retourné, figure chère au karateka Jean-Claude Vandamme. Hélas pour le kiwi amateur de films de combat, son long bec vient gêner la manoeuvre et il termine généralement fiché dans le sol. Le maori qui vient le cueillir n'a même plus à l'achever, puisque l'animal est mort étouffé (rappelez-vous, il a les narines au bout du bec, l'imbécile).
Gageons que les maoris ont bien dû rire en arrivant en Nouvelle-Zélande. Les Américains, ces petits farceurs, ont eu l'idée d'introduire l'oppossum dans ce pays. Comprenant rapidement ce que faisaient les maoris, l'oppossum aussi s'est mis à chasser le kiwi, mais sans boomerang.

Bref, le kiwi est un animal en voie de disparition. Je suppose que sa transformation en hamburger va hâter sa fin. Il disparaîtra sans doute avant la baleine, car même si quelqu'un (en Islande par exemple) avait l'idée de faire un whaleburger, il faut beaucoup de kiwis pour faire un seul burger alors qu'il ne faut qu'une seule baleine pour faire beaucoup de burgers. Interrogés sur ce problème préoccupant, Flipper le Dauphin et Willy ont éclaté de rire, prouvant ainsi le peu de cas qu'ils font de cet animal.

Vous l'aurez compris, cet affligeant avien, non content d'être grotesque, est également maudit. Pas aussi con que le dodo, mais presque. Ce qui explique qu'il soit encore là alors que le dodo a déjà disparu.



10.9.03

Bon sang, mais c'est bien sûr !

Feuilletant avec désoeuvrement les pages d'un périodique "économique" qui, me suis-je laissé dire, est utilisé en France par les professeurs du secondaire désireux de mettre leurs élèves au courant de la situation économique merveilleuse dans laquelle évolue leur beau pays et des menaces ultralibérales qui pèsent sur son bien-être, je suis tombé sur une chronique rédigée par un certain Bernard Simonin, "directeur d'études au Centres d'études de l'emploi". Amusé par le titre dudit opus - "les politiques d'emploi restent légitimes" - j'en ai rapidement parcouru les colonnes, pensant y apprendre les raisons secrètes qui donnent aux fonctionnaires de l'Etat la ferme conviction que les tripatouillages législatifs auxquels ils se livrent contribuent à assainir le marché de l'emploi. Je n'ai pas été déçu. L'auteur, s'inquiétant des critiques formulées par le secteur privé à l'égard des "dispositifs développés par le secteur public ou associatif pour répondre à des besoins insatisfaits en offrant une sécurité d'emploi qui pourraient être accusés de provoquer une mauvaise allocation des ressources, au détriment des entreprises et des besoins du marché", nous livre dans son analyse la quintessence de l'action étatique :

"Pourtant, un des facteurs qui font la pertinence des politiques d'emploi est la capacité à contrecarrer la sélectivité du marché du travail".

Voilà au moins un collectiviste qui tombe le masque et confirme, bien qu'ingénument j'imagine, que le rôle de l'Etat est d'empêcher le bon fonctionnement des marchés, et par là de gêner l'évolution de l'économie. Tout en se plaignant de l'inquiétant niveau du chômage et en en rejetant la faute sur le secteur privé. Une sorte de pastiche à l'échelle d'une nation (que dis-je, d'un continent) des célèbres déboires du Dr Jekyll et de Mr Hyde ...

5.9.03

Caution morale

Dans une précédente chronique, je vous expliquais que le défunt Pierre Poujade avait un digne successeur en la personne de José Bové. La lecture de la colonne "Obituary" du magazine The Economist m'indique ce matin que je ne suis pas le seul à penser cela.


Poujadism, however, lives on. Anti-tax, anti-semitic and anti-establishment, its blend of gruff nationalism, direct action and arcadian nostalgia can be seen in the campaigns of Jean-Marie Le Pen, the leader of France's xenophobic National Front, and José Bové, the leader of its anti-globalisation movement.

Outre la confirmation de mon opinion sur José Bové, cette phrase me réjouit en ce qu'elle représente l'affirmation d'une autre vérité de la scène politique : l'extrême-gauche et l'extrême-droite ne sont éloignées qu'en apparence. Leur objectif est similaire : la domination du pays, le repli sur soi, et la volonté d'imposer aux autres ce que leurs zélotes estiment être bon et juste. Que le "bon et juste" de Bové soit une bande de néo-hippies cultivant leur nourriture "biologique" aux frais de l'Union Européenne et celui de Le Pen une bande de Français de pur souche ayant "bouté l'Arabe, le Nègre, le Juif et le Pédé hors de France" pour y établir un Etat-Providence semblable à celui qu'Hitler instaura en Allemagne à la fin des années 30, la différence importe peu. Ce qui intéresse ces inquiétants histrions, c'est de forcer les autres à faire comme eux ou à prendre la porte. Et ce qui inquiète votre serviteur, c'est que le cri d'alarme poussé pour la première fois par Friedrich Hayek en 1944 dans "The Road to Serfdom" pour rappeler à tous l'inévitable issue totalitaire de l'application tant des idéologies d'extrême-gauche que de celles d'extrême-droite n'a toujours pas été entendu par ceux, toujours plus nombreux, qui se rallient à la cause altermondialiste.

Que "The Economist" le rappelle dans ses colonnes est une bonne chose.


3.9.03

Sécurité et port d'armes

Je m'en voudrais de ne pas vous signaler une excellente chronique accueillie par mon ami Mélodius sur son blog. Omer Vidalis - c'est le pseudonyme de sa guest-star - nous y livre son opinion sur la vision collectiviste de la sécurité. Un texte que j'aurais aimé écrire moi-même ...