19.6.06

Pensionnés : les dindons de la farce étatique

Monsieur Di Rupo frappe fort, ou du moins le croit-il : il veut relever la pension minimale à 1.000 € par personne, 1.200 pour ceux qui ont "charge de ménage". Fort bien, je suppose que les pensionnés l'applaudiront. D'ici 2011, si vous me permettez un moment de cynisme, il ne fait aucun doute que quelques-uns de ceux qui l'applaudissaient hier ne seront plus là pour en profiter. Mais ne gâchons pas leur plaisir.

Cet événement repose cependant avec acuité une question que Mr Di Rupo aimerait sans nul doute éviter : pourquoi donc nos pauvres pensionnés, qui ont contribué toute leur vie au système des pensions, sont-ils ainsi tributaires de la volonté de nos édiles quand il s'agit de déterminer le revenu mensuel auquel ils ont droit ? Et pourquoi ce revenu fluctue-t-il chaque année au gré des décisions gouvernementales ? Ne serait-il pas normal qu'une contribution donnée garantisse un niveau de revenu donné ?

La réponse est simple : parce que la "pension légale", comme son nom l'indique, est régie par la loi, ergo par l'administration. Niveau de contribution et montant de la pension sont déterminés par des formules alambiquées sur lesquelles le citoyen n'a aucune prise. La seule chose qu'on lui demande, c'est de cracher au bassinet, et, le moment venu, de tendre la main en disant "merci". L'Etat décide de tout, et chacun est prié de se conformer aux décisions prises. L'octroi de la pension légale est en outre subordonné à une série de conditions, dont la plus inique est sans aucun doute celle qui limite sévérement le droit pour le pensionné de travailler pour arrondir le maigre pécule que lui accorde l'Etat.

Mais pourquoi toutes ces imprécisions et toutes ces restrictions ? Parce qu'en Belgique et en France la pension légale fonctionne selon un système de "répartition". Concrètement, cela signifie que les allocations des pensionnés ne sont pas prélevées sur un capital constitué de leurs contributions augmentées des intérêts qu'elles ont généré au fil des ans, comme on pourrait s'y attendre. Elles sont en réalité payées par les contributions des travailleurs encore actifs. Ce système de "pension par répartition" peut fort bien fonctionner dans le cas où la pyramide des âges possède une forme favorable, c'est-à-dire en gros quand le nombre de travailleurs actifs est largement supérieur au nombre de retraités. C'était le cas jusque, grosso modo, dans les années soixante. Seulement voilà, non seulement il y a eu le fameux "baby boom", une augmentation drastique de la natalité au cours des années 60, mais les décennies qui ont suivi ont été caractérisées par une forte baisse de la natalité. Résultat, la proportion de travailleurs actifs par pensionné - qu'en statistique démographique on appelle le taux de support potentiel - est tombée à 2,50 et on prévoit qu'elle passera en-dessous de 2 d'ici 2050. En clair, donc, la charge d'une pension pèse sur 2,5 actifs. Pour vous aider à vous faire une idée de la situation, cela signifie que si tous les pensionnés recevaient la pension minimum proposée par Mr Di Rupo, chaque salarié contribuerait de sa poche pour environ 400€ par mois. Ca fait réfléchir, n'est-ce pas ? Et encore, ce montant ne comprend pas les inévitables frais de fonctionnement. C'est qu'il y a tout un ministère qui s'occupe des pensions : des milliers de fonctionnaires à payer, des bureaux à louer et à meubler, des ordinateurs, des serveurs, des secrétaires, des voitures de direction pour les "top managers" de la fonction publique, et j'en passe.

Quatre cent euros par mois. Vous imaginez ? Placés sur un simple livret d'épargne au taux conservateur de 2,5% pendant trente ans - prenons l'hypothèse que le lecteur moyen de ces chroniques est âgé de 35 ans - ces contributions mensuelles rapporteraient un capital de 215.000€(1), soit, si cet argent reste sur le même compte d'épargne, de quoi percevoir la fameuse "pension minimum" pendant 20 ans et de laisser un petit héritage de 43.000 € environ à sa famille. Enfin, ça c'est le montant avant paiement de la taxe sur la mort que l'Etat, qui excelle à nous faire prendre des vessies pour des lanternes appelle pudiquement "droits de succession".

Voilà, c'est cela le miracle de la pension par répartition lorsque la pyramide des âges n'a pas la structure propice à ce genre de calcul. Notez bien que les premiers sytèmes de pension étaient beaucoup plus intelligemment gérés, enfin, si l'on se place dans un contexte de gestion étatique des pensions, puisqu'il s'agissait de pension par capitalisation, c'est-à-dire exactement le système décrit au paragraphe précédent : les contributions de chaque travailleur sont placées et la pension finale est payée au moyen du capital ainsi constitué. Evidemment, cela a constitué au fil du temps une manne bien tentante pour les hommes de l'Etat. J'ignore à quel moment un imbécile heureux a décidé en Belgique du passage à la pension par répartition, mais je sais par contre qu'en France c'est une joyeuseté que l'on doit à l'inénarrable maréchal Pétain et au régime de Vichy, trop heureux de faire au passage main basse sur les richesses dejà accumulées.

Et voilà pourquoi à chaque mois qui passe les pensionnés qui ont fait confiance à l'Etat et n'ont pas constitué de leur côté un petit bas de laine voient leur pension rabotée et leur pouvoir d'achat diminuer. La prochaine fois qu'un collectiviste vous parle du problème des pensions, n'oubliez pas de lui rappeler que ce sont ses semblables qui ont créé il y a cinquante ans les conditions du désastre que nous connaissons aujourd'hui.





(1) à l'attention des esprits curieux, je signale que j'ai pris pour hypothèse de ce calcul que le montant de 400€ sera indexé, afin de neutraliser l'effet de l'inflation sur le calcul. Il s'agit donc d'un calcul en euros constants, avec pour base l'année 2006.




1.6.06

Un remake du procès du sang contaminé ?

C'est officiel, le responsable de la propagande gouvernementale à l'époque des événements de Tchernobyl vient d'être mis en examen. Mais ne nous réjouissons pas trop vite. La dépêche d'AFP, lue entre les lignes, augure déjà d'un remake de l'affaire du sang contaminé, ou seuls quelques sous-fifres ont vaguement été condamnés.


Mme Bertella-Geffroy est en charge depuis juillet 2001 de ce dossier d'"atteinte involontaire à l'intégrité physique d'autrui" en lien avec le passage en France du nuage issu de l'explosion de la centrale ukrainienne de Tchernobyl, le 26 avril 1986.


Notez bien les termes employés. Il n'y a rien qui vous choque ? Personnellement, j'ai du mal à digérer le terme "involontaire". Ce sinistre personnage, aux ordres du gouvernement français et du lobby du nucléaire, a sciemment dissimulé les dangers encourus par la population française. Je ne vois rien d'involontaire là-dedans, que du contraire.



Une expertise rendue fin 2005 a fait état de mesures radioactives "occultées" par les autorités de contrôle françaises. Selon cette expertise, Pierre Pellerin a fourni des cartes de relevés incomplètes.


Hélas, la France n'avait pas attendu Tchernobyl pour subir les retombées néfastes de la présence d'un régime communiste à l'Est. Le président Mitterand n'avait rien à envier à Leonid Brejnev lorsqu'il s'agissait de secret, de dissimulation et d'actions généralement malfaisantes envers la population. La question à ce stade est de savoir si Pélerin servira de bouc-émissaire où si la justice aura le courage de remonter jusqu'à la personne qui a donné instruction à cet homme d'effectuer des mesures en secret et de ne pas en dévoiler le résultat alors que la santé de millions de Français en dépendait.


Les auteurs du rapport ont estimé que la publication de valeurs moyennes par département a masqué la présence d'isotopes radioactifs dangereux concentrés dans certaines zones à forte pluviosité. Le rapport précise que plusieurs relevés établis en France contiennent des valeurs comparables à celles de "certains territoires proches de la centrale de Tchernobyl" entre avril et juin 1986.


On voit ici l'étendue de la malfaisance des "responsables" de l'époque. Les chiffres étaient disponibles mais l'utilisation de moyennes départementales a permis de masquer la réalité. La population, faussement rassurée, a donc évité de prendre les mesures de précaution nécessaires. Le niveau de radiation en certains endroits était similaire à ce que l'on retrouvait à côté de la centrale. La réponse d'un gouvernement prétendument démocratique a été la même que celui de la dictature communiste : on minimise les faits dans la presse et on n'évacue pas les territoires gravement contaminés. Tout cela, je le rappelle, sous un gouvernement socialiste, c'est-à-dire prétendûment plus respectueux de la personne humaine que n'importe quel autre parti.

L'avenir nous dira si les responsabilités seront clairement établies par la justice ou si nous assisterons une fois de plus à une mascarade destinée à protéger l'image trompeuse qu'ont encore beaucoup de gens du ramassis de crapules qui a sévi en France dans le courant des années 80 sous le nom de "gouvernement de gauche".