27.1.06

Les effets nocifs de l'antiracisme primaire

Dans une récente chronique, je m'étais fixé pour but de démonter la prétendue supériorité culturelle de l'Occident, argument fétiche des néoconservateurs américains et des donneurs de leçons européens pour justifier les plus vils actes de politique internationale, qu'il s'agisse d'envahir un pays dont le régime n'a pas l'heur de plaire à la Maison Blanche ou de poser en phare de la civilisation apportant la lumière aux peuplades barbares qui n'ont pas la chance de vivre dans notre belle Europe laïque et solidaire. Il y a quelques mois, je m'étais attaqué à la chape de plomb du politiquement correct qui a - c'est ma thèse - fait des blondes les cibles favorites des blagues racistes de ce début de millénaire citoyen.

J'aimerais aujourd'hui aborder un autre thème délicat, celui des conséquences néfastes du politiquement correct, et plus particulièrement de la volonté de nier toute différence entre races. Qu'on me comprenne bien, je ne cherche pas ici à démontrer la supériorité de la race X sur la race Y, exercice que j'estime d'autant plus dénué d'intérêt que les facteurs culturels sont plus importants dans le développement d'un individu que son bagage génétique. Ce qui m'intéresse, c'est de démontrer le caractère mortifère des tabous introduits par ceux qui voudraient nier l'évidence, à savoir que les "races" humaines présentent des caractéristiques différentes, et empêcher l'étude scientifique desdites différences afin de faire progresser l'humanité.

Mais, me direz-vous, en quoi donc l'étude des différences entre, disons, un africain et un "caucasien" (pour reprendre le terme américain), peut-elle s'avérer vectrice de progrès pour l'humanité ? Et bien parce que dans certains cas une meilleure connaissance de ces différences peut avoir un effet tangible sur la santé humaine.

Jusqu'il y a peu, je tenais pour vraie la vulgate en matière de races, à savoir que les différences dans le bagage génétique humain étaient trop faibles que pour avoir un impact sur des facteurs autres que la morphologie et la couleur de la peau. Thèse d'autant plus facile à accepter qu'il est désormais prouvé que la terre a été peuplée par vagues de migrations successives dont toutes trouvent leur origine dans la région d'Afrique qui a vu naître les premiers hommes. L'édition de Noël de The Economistnous explique d'ailleurs que les paléontologues, en étudiant d'une part le bagage génétique des mitochondries (qui est toujours transmis par la mère) et d'autre part celui du fameux chromosome Y masculin, ont réussi à retracer les schémas migratoires des premiers hommes et, chose encore plus étonnante, à retrouver l'époque et le lieu ou a vécu la femme qui est à l'origine de l'humanité.

Cependant, les différences génétiques vont en fait plus loin que la simple couleur de la peau. Mon premier contact avec cette affirmation remonte à quelques années, lors d'une discussion avec un représentant de l'industrie pharmaceutique. Cette personne m'avait expliqué, à l'époque, que l'on avait constaté aux Etats-Unis, où de telles recherches sont moins taboues qu'en Europe, que certains médicaments destinés à traiter les maladies cardiovasculaires s'avéraient beaucoup moins efficaces sur la population d'origine africaine que sur les autres populations présentes aux Etats-Unis. Et de déplorer que le caractère tabou des différences raciales mette un sérieux frein à ce genre de recherches.

Un article paru aujourd'hui sur Yahoo News tend à confirmer un peu l'importance des différences génétiques : il existe, semble-t-il, une différence significative entre noirs et blancs lorsqu'on s'intéresse aux risques de développer un cancer du poumon. L'article mentionne d'autre part la commercialisation aux USA d'un médicament spécifiquement destiné aux afro-américains pour le traitement de maladies cardio-vasculaires.

De façon plus anecdotique, certaines recherches ont mis en évidence des différences génétiques entre races qui influencent le rapport à l'alcool : une variation dans le codage des gènes qui déterminent la production d'alcool déhydrogénase (ADH)et d'aldéhyde déhydrogénase (ADH2) par le foie est à l'origine de différences entre populations dans la "résistance" à l'alcool et à l'alcoolisme. Le métabolisme de l'alcool dans l'organisme est en effet affecté de manière significative par des altérations dans la production de ces enzymes. En effet, ces deux enzymes entrent en jeu dans la "décomposition" de l'alcool en glucides. L'ADH décompose l'alcool en aldéhyde et l'ADH2 décompose l'aldéhyde en molécules assimilables par l'organisme. L'éthanol non transformé par l'ADH passe directement dans l'organisme et cause l'intoxication alcoolique. Autrement dit, l'absence ou la moindre efficacité d'ADH entraîne une intoxication alcoolique plus rapide. C'est notamment le cas chez les Indiens d'Amérique, et c'est ce qui explique une prédisposition à l'alcoolisme beaucoup plus importante. Prédisposition dont ont usé sans scrupules les premiers colons américains pour exploiter les populations indiennes. Ajoutez ce facteur au génocide de masse perpétré au siècle passé et vous comprendrez la raison de la quasi-disparition des populations qui peuplaient à l'origine le continent nord-américain. Les populations asiatiques, elles, ont une production d'ADH2 moins efficace. Autrement dit, l'alcool métabolisé est transformé en aldéhyde mais l'aldéhyde n'est pas décomposé. L'aldéhyde est une molécule beaucoup plus toxique que l'éthanol. Ses effets sur l'organisme incluent notamment rougeurs, palpitations, vertiges et migraines, symptômes fortement désagréables. Ce qui explique une moins grande prédisposition génétique à l'alcoolisme chez les populations asiatiques et également, semble-t-il, chez certaines populations africaines.


La question de la différence génétique entre races est donc loin d'être anodine, et l'étude de ces différences peut s'avérer riche en découvertes susceptibles d'améliorer le sort de l'humanité. La pudibonderie qui règne actuellement empêche malheureusement ce genre de recherches de connaître le développement que l'on serait en droit d'espérer. Le politiquement correct n'est donc pas seulement gênant d'un point de vue social. C'est aussi un facteur d'inhibition des progrès de l'humanité. Il est heureux de constater que le tabou commence tout doucement à céder. Mais combien de morts aura-t-il causés dans l'intervalle ? Alors, pour paraphraser Pierre Desproges, ne sombrons pas dans l'antiracisme primaire.




20.1.06

Constantin joue à Nostradamus

Chères lectrices,
Cheres lecteur,

Une information parue ce matin dans la Dernière Heure et répercutée par la radio d'Etat me donne l'occasion, bien que ce soit à contrecoeur, d'émettre une prédiction qui se vérifiera sans nul doute d'ici 2015 : trouver un appartement où se loger à Bruxelles va prendre plus d'un an et les immeubles à l'abandon vont se multiplier. En effet, Mme Onkelinckx, grâce à qui l'enseignement d'Etat est devenu, dans le primaire, une machine à rendre les élèves analphabètes et nuls en calcul, s'apprête à présent à transformer Bruxelles en annexe de Sarajevo.

Evidemment, d'un point de vue électoraliste, proposer un contrôle des loyers est une mesure intéressante : les locataires étant beaucoup plus nombreux que les propriétaires, opprimer les uns pour faire plaisir aux autres est une opération rentable en termes de voix. Mais ceux qui aujourd'hui applaudissent des deux mains, et notamment - ô surprise - le Syndicat des Locataires, risquent fort de se mordre les doigts d'ici quelques années.

Une première remarque avant d'aller plus avant : le contrôle des loyers proposé par l'Etat arrive après qu'une correction se soit mise en route sur le marché de l'immobilier. Dans un fort intéressant dossier consacré au marché immobilier dans les 19 communes bruxelloises, Trends/Tendances, à la fin de l'année passée, relevait déjà le phénomène : dans certaines communes Bruxelloises, dont Auderghem et Woluwe-Saint-Pierre, les appartements mis en location commencent à trouver difficilement acquéreur. De nombreux candidats locataires, échaudés par la hausse des loyers, préfèrent acheter que louer. Il ne faudra pas longtemps pour que la loi de l'offre et de la demande se mette à jouer : devant la diminution de la demande, les loyers repartiront à la baisse. Pour un propriétaire, en effet, la période de chômage locatif ne peut pas trop s'éterniser : une baisse de loyer afin de relouer plus rapidement est préférable à la perte d'un ou deux mois de loyer, qu'il faudra plusieurs mois, voire plus d'un an, pour amortir, dans les meilleures conditions, c'est-à-dire à condition de finir par louer au prix attendu. Evidemment, ce n'est pas le cas de toutes les communes, et dans certaines d'entre elles, le marché locatif est florissant, mais les ventes ralentissent car les prix demandés sont trop élevés. Bref, le marché locatif, indubitablement, se stabilise.

C'est dans ce contexte que débarquent les socialistes, toujours avides de grapiller quelques voix pour les prochaines élections. Leur idée : un contrôle des loyers afin de bloquer les prix, couplé à l'obligation de verser la garantie, non plus sur un compte bloqué, mais dans un fonds administré par le gouvernement.

Du point de vue du locataire, indubitablement, cela semble une bonne affaire : des loyers moins élevés et une garantie locative gérée par un fonds qui octroiera en outre des prêts aux plus démunis. Mais ne s'improvise pas économiste qui veut, et surtout pas nos amis du parti socialiste. N'importe quel économiste digne de ce nom vous le confirmera : la loi de l'offre et la demande, loi fondamentale de l'économie, ne peut pas être contournée par un diktat gouvernemental, si bien intentionné soit-il.

Petite explication : cette loi stipule en fait que, dans un marché libre, le prix auquel s'échange un bien vient naturellement se fixer au niveau qui permet d'égaliser l'offre et la demande. En clair, les loyers sur le marché locatif s'équilibrent à un niveau où les logements mis en location rencontreront la demande de logements. Mais pourquoi alors les loyers sont-ils aussi élevés ? Deux facteurs peuvent l'expliquer. Le premier est une augmentation de la demande : de plus en plus de personnes cherchent à se loger à Bruxelles. L'offre de logements ne pouvant pas augmenter instantanément, les loyers augmentent pour refléter la rareté relative de l'offre.

Au niveau du propriétaire, l'équation est simple : je fixe un prix. Si je trouve preneur, c'est qu'il est raisonnable, voire en-dessous de la moyenne. Si je ne trouve pas preneur, c'est que je suis trop cher par rapport à la concurrence (les autres propriétaires) et que les locataires prospectifs le savent. Chaque fois qu'ils mettent leurs biens en location, les propriétaires ajustent donc leur prix au niveau qui reflète la tendance du marché.

En principe, cependant, la donne changera sur le long terme : en effet, voyant que la pénurie de logements rend la location rentable, de nouveaux investisseurs vont vouloir profiter de l'occasion. Ils vont effectuer des transformations, ou construire de nouveaux immeubles afin de profiter de la relative cherté des loyers. L'augmentation de l'offre fera diminuer la pression sur les prix, et un nouvel équilibre se créera à un prix inférieur à la situation précédente de pénurie.

Cette explication ne vaut évidemment que pour un marché entièrement libre. Ce qui n'est, hélas, pas le cas du marché du logement. Les propriétaires sont déjà lourdement pénalisés par une législation sur les baux immobiliers particulièrement contraignante, notamment quant aux possibilités d'éviction des locataires. Du coup, nombre d'entre eux hésitent à construire ou à proposer à la location, ce qui entretient la situation de pénurie qui est à la base de la hausse des loyers.

Le marché français, que Mme Onkelinckx, qui n'en est pas à une connerie près, cite en exemple, est à cet égard particulièrement révélateur. Les lois françaises, et, hélas, la plupart des juges, ont tendance à favoriser de manière disporportionnée les locataires dans les litiges immobiliers. Il est presque impossible pour un propriétaire d'obtenir l'éviction d'un locataire qui ne paie pas son loyer, et même d'obtenir un jugement permettant d'expulser un squatter d'un immeuble. Le résultat n'a pas tardé à se faire sentir : un appartement de cinquante mètres carrés, à Paris, se loue près de mille euros par mois, les locataires doivent avancer cinq ou six mois de garantie et fournir moultes preuves de solvabilité à leur futur propriétaire : fiches de paie, extraits de compte, caution des parents pour les plus jeunes. La situation empire d'année en année. A l'inverse, le marché immobilier américain est extrêmement flexible : les durées de renom sont nettement moins importante (à la semaine ou au mois, pas plus) et les garanties locatives sont réduites, voire inexistantes. Résultat : quand, à Paris, il faut parfois presque un an pour trouver un logement, il est possible, à Los Angeles, de se loger en moins d'une semaine. Et de repartir en moins d'une semaine une fois qu'on a trouvé un autre appartement à son goût.

Le contrôle des loyers, idée très en vogue à Paris et, depuis ce matin, à Bruxelles, est encore plus pernicieux. En effet, en empêchant les prix de jouer le rôle d'équilibrage entre l'offre et la demande, le contrôle des prix crée une situation de pénurie : à long terme, les propriétaires, peu attirés par le rendement moins important du logement, arrêteront tout simplement de proposer les biens à la location et un nombre significatif de locataires ne trouveront tout simplement plus à se loger. A moyen terme, et tant que le loyer est inférieur au coût du logement (entretien, taxes, remboursement des prêts hypothécaires) le contrôle des prix), en rendant impossible une adaptation à la hausse des loyers, a une influence néfaste sur la qualité des logements proposés : puisqu'il ne pourra plus rentabiliser des travaux de rénovation, de rafraîchissement ou de rénovation en profitant des améliorations apportées pour justifier une augmentation du loyer, le propriétaire n'investira tout simplement plus dans l'amélioration des logements qu'il possède. Pire encore, il rechignera plus longtemps à effectuer les réparations indispensables, tout simplement parce qu'il ne pourra plus se le permettre. N'oublions pas en effet que la majorité des propriétaires ne sont pas de riches capitalistes qui nagent dans l'opulence : ceux-là savent bien que les marchés boursiers sont beaucoup plus rentables que les investissement immobiliers. La plupart des propriétaires bruxellois sont issus des classes moyennes et font fructifier un petit capital immobilier qui soit leur est échu au décès d'un membre de la famille, soit est le résultat d'un placement "en bon père de famille".

Les lecteurs intéressés par le raisonnement économique brièvement énoncé ici peuvent se reporter à un excellent texte de Henry Hazlitt traduit par Hervé Dequengo, Les résultats du contrôle des loyers. Pour ma part, je conclurai sur une excellente citation de l'économiste suédois Assar Lindbeck :

Le contrôle des loyers est la meilleur façon de raser une ville; plus efficace, même, que la bombe à hydrogène



P.S. merci à Gadrel et à Ase pour les liens et la citation

De l'ingérence grandissante de l'Etat dans les affaires privées

Le début d'année, avec son cortège de bonnes résolutions, semble hélas une période propice à l'invention de nouveaux moyens de coercition éatique. Notre royaume fritier a ainsi, ces derniers jours, fait quelques pas de plus vers la société de flicage permanent que les constructivistes appellent de leurs voeux.

Par exemple, une pauvre crèche innocente a été victime des foudres de l'Office National de l'Enfance, le machin censé "surveiller" les institutions d'accueil des enfants. Son crime ? L'intention, exprimée par sa direction en accord avec les parents des bambins pensionnaires de la crèche, d'installer quelques webcams dans la crèche et de permettre aux parents de contempler leurs petits chéris une demi-heure par jour. L'objectif était de permettre aux parents, qui, au moment de la séparation, s'inquiètent de voir leurs bambins pleurer toutes les larmes de leur corps, de constater par eux-mêmes que ces pleurs ne durent jamais très longtemps.

L'article paru dans Le Soir en ligne détaille les raisons avancées par le conseil d'administration de l'ONE. Extraits choisis :


Cette prise de position intervient à la suite de l'annonce faite par une crèche privée de Braine-l'Alleud de son intention d'installer une webcam à destination des parents dans les espaces de jeu des enfants.

Notez bien que le Soir dénonce à mots couverts l'origine ignominieuse de l'idée : il s'agit d'une crèche privée. Soit dit en passant, cela ne m'étonne guère de trouver de l'innovation du côté du privé. Mais ça, le Soir évite prudemment de le relever. Il est vrai qu'ils sont tellement occupés à se lever contre l'inacceptable, les pauvres !


L'installation de webcams dans les milieux d'accueil est mauvaise car elle porte atteinte à la relation saine entre les parents et l'enfant, lequel doit apprendre à devenir autonome, estime l'ONE.

Parents, taisez-vous et subissez notre loi ! Nous, fonctionnaires de l'ONE, savions mieux que vous ce qui est bon pour vos rejetons. D'ailleurs, vous devriez être contents qu'on vous laisse en profiter six années avant que nous ne prenions nous-mêmes en charge leur éducation.


Il faut couper le cordon ombilical, a déclaré le président du conseil d'administration, Georges Bovy.

Le message est clair : parents, vos enfants ne vous appartiennent pas. Sachez-le. Nous ne voulons pas de ces liens d'affection surannés.


Elle porte également atteinte à la relation entre les parents et les professionnels, qui risquent de modifier leur attitude s'ils se savent filmés, a poursuivi M. Bovy.

Les professionnels risquent de modifier leur attitude ? Qu'est-ce à dire ? Qu'ils font n'importe quoi quand les parents ont le dos tourné ? De deux choses l'une : soit l'ONE a une opinion exécrable du travail des "professionnels", et dans ce cas, le fait de les filmer est souhaitable pour protéger les enfants; soit le personnel des crèches fait bien son travail et dans ce cas pourquoi devrait-il modifier son attitude devant la caméra ?



Les webcams induiraient en outre une fausse transparence et une fausse image du déroulement de la journée car les images, consultables pour une durée limitée, seraient sorties du contexte global du séjour de l'enfant.

Bien évidemment, les parents sont beaucoup trop bêtes pour se rendre compte par eux-mêmes qu'une demi-heure ce n'est pas la même chose que huit heures.




Enfin, accepter une telle cybersurveillance déclencherait un engrenage dangereux et risquerait de créer un précédent, a estimé le président du conseil d'administration, qui craint qu'une telle mesure ne soit alors étendue à d'autres établissements, comme les écoles et les hôpitaux.

L'argument typique des étatistes de tout poil : le scénario catastrophe. Si vous acceptez cette chose que nous jugeons néfaste, soyez en sûr, l'Apocalypse frappera bientôt à nos portes.


L'ONE rappelle par ailleurs qu'elle est bien compétente pour traiter du dossier: l'infrastructure d'une crèche est en effet prise en considération dans l'évaluation de la qualité de la pratique d'accueil, évaluation dont dépend l'agrément délivré à l'établissement, même s'il n'est pas subventionné. Et la mise en place de webcams ne serait pas un plus, mais un moins dans cette évaluation, a relevé M. Bovy.

Pour conclure, un bon petit argument d'autorité : de toute façon c'est moi qui décide. Et même si votre crèche ne reçoit pas de subsides et se croit donc indépendante, c'est moi qui décide si elle peut ou non continuer ses activités, alors vous rentrez dans le rang et plus vite que ça.


L'ONE peut retirer son agrément à une crèche. Mais on en est pas encore là à Braine-l'Alleud, a-t-il insisté.

Tapons encore un peu plus sur le clou : C'EST NOUS QUI DECIDONS, PAS LES PARENTS OU LES RESPONSABLES DE CRECHES !

Et de préciser aussi que l'ONE soutient l'initiative de la ministre communautaire de l'Enfance, Catherine Fonck (cdH), de consulter la Commission de la protection de la vie privée sur la problématique des webcams. En décembre dernier, le conseil d'avis de l'ONE avait déjà transmis un rapport négatif au conseil d'administration.

Préparez-vous à une offensive de grande envergure : l'Etat va s'intéresser à la problématique des webcams. Attendez-vous dans le futur à une pléthore de mesures coercitives. Vraiment, quel beau pays que celui dans lequel nous vivons. Rien n'y échappe bien longtemps à la vigilance de l'Etat.



La liberté, c'est l'esclavage.




13.1.06

La question de la supériorité culturelle

Tout récemment, j'évoquais dans ce petit coin de toile les démêlés de Corentin de Salle avec la rédaction de La Libre Belgique, dont l'origine était un article qui abordait - fort maladroitement - la question de la supériorié culturelle de l'Occident. Au départ, mon objectif n'était pas de cautionner les propos de Corentin, ou d'effectuer une analyse critique de son petit opus, mais plutôt de relever un acte d'autocensure causé sans nul doute par le caractère sulfureux d'une telle question dans une époque où l'opinion dominante est à l'encensement aveugle de la multiculturalité et à la négation de la différence. Cependant, c'est en fin de compte le texte de Corentin lui-même qui a fait l'objet d'une longue discussion dans les commentaires de mon post, discussion au cours de laquelle j'ai promis à mon excellent ami Ronnie Hayek de rédiger une chronique sur cette question de prétendue supériorité culturelle.

Les "valeurs" de "l'Occident" sont-elles, comme certains de gauche comme de droite tentent de nous en persuader, réellement supérieures aux valeurs défendues dans d'autres partie du monde ? La culture occidentale est-elle supérieure à tout autre forme de culture ? Question épineuse et à laquelle, je crois, il n'est pas possible de donner de réponse définitive, et sûrement pas avec l'assertivité qui caractérise les hystériques nationalistes d'extrême-droite ou les défenseurs étatistes du "rayonnement de l'Occident", que l'on trouve aussi bien chez les néoconservateurs américains, les atlantistes européens et les étatistes franchouillards ou francolâtres.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais insister sur un fait qui me semble primordial : la question de l'existence d'une quelconque supériorité est d'un intérêt tout particulier pour les partisans de l'interventionnisme en tant que politique étrangère d'une nation ou d'un groupe de nations. Il est d'ailleurs troublant de constater que des ennemis idéologiques en apparence, par exemple Jacques Chirac et George W. Bush, s'en réclament tous les deux. Quand Jacques Chirac ou Louis Michel veulent utiliser la diplomatie - c'est-à-dire le chantage politique et économique - pour imposer aux peuplades ignorantes les merveilleuses notions que sont les Droits de l'Homme, quand George W. Bush envoie deux cent mille soldats équipés de pied en cap occuper un pays à l'autre bout de la terre pour "amener la démocratie au Moyen-Orient", c'est la même idée fixe que l'on retrouve : il faut imposer au monde entier, par la chantage ou par la force des baïonnettes (et surtout par les balles des fusils qui sont au bout desdistes baïonnettes), les "valeurs", occidentales ou humanistes selon que vous soyez texan ou corrézien, qui font la grandeur de notre belle civilisation. Pouacre ! Que la prétendue supériorité de l'Occident serve ainsi de cache-sexe à l'impérialisme rend déjà cette notion plus que suspecte avant même que d'en commencer l'analyse.

Mais soit. Faisons un instant fi des usages puants que font les Etats de cette notion et lançons-nous dans une analyse un peu plus détaillée. Prenons la proposition suivante : "la culture et les valeurs occidentales sont supérieures aux autres" et décortiquons-la pour en examiner la véracité.

Le premier écueil que l'on rencontre est le caractère flou des termes employés, et en particulier du vocable "occidental". De quoi parlons-nous ? Dans son acception la plus courante, l'Occident englobe l'Europe de l'Ouest, les Etats-Unis, le Canada, mais aussi ces satellites "exotiques" que sont les anciennes colonies britanniques d'Australie et de Nouvelle Zélande. C'est fort vaste. Peut-on parler de culture commune ? Il me paraît quelque peu hasardeux de dire, par exemple, que la culture américaine est la même que la culture française, italienne ou espagnole. Quel est le point commun entre une colonie de peuplement dont l'identité s'est construite sur les deux cent dernières années en tant que melting-pot social, culturel et religieux, un pays uni dans des frontières plus ou moins stables depuis les environs de l'an mille, un pays ayant connu la prospérité pendant plusieurs siècles sous le houlette de dirigeants issus du Moyen-Orient et l'ancien berceau de la civilisation romaine ? Tout au plus peut-on éventuellement les relier à l'héritage commun des cultures grecque et romaine, mais ce même héritage n'a pas le même poids partout. Si la France, par exemple, exalte les vertus de la Grèce Antique comme berceau de la démocratie, ou tire sa langue du latin, le Siècle des Lumières a pour les intellectuels français une importance capitale. Quant aux Etats-Unis, les philosophes du monde anglo-saxon et le protestantisme passent bien avant l'héritage gréco-romain. Alors, quoi ? Quelle est cette "culture", quelles sont ces "valeurs" ? Si l'on peut dire qu'il y a quelque chose, du Parthénon à Picasso ou Dali, qui fait partie des connaissances de chacun dans le monde occidental - et encore, ne s'agit-il pas avant tout d'une "élite" intellectuelle - cet héritage, s'il dénote une richesse artistique et une longue tradition intellectuelle, ne peut me semble-t-il pas constituer un argument attestant la "supériorité" de l'Occident. Après tout, Angkor Vat, les pyramides égyptiennes ou précolombiennes, l'imprimerie et la poudre à canon inventées en Chine, les mathématiciens et médecins arabes du Moyen-Age, le bouddhisme, le centre intellectuel que fut Tombouctou, ou les statues de l'Ile de Pâques pour attester de la grandeur de civilisations non occidentales et de leur apport au patrimoine humain. Et puis, de toute façon, ce n'est pas au nom de Michel-Ange ou de Ludwig Von Beethoven que les troupes américaines ont débarqué en Irak, pas plus que ce n'est au nom de Molière et de Lully que la France joue un jeu particulièrement sordide en Afrique de l'Ouest.

Réflexion qui nous amène à la question suivante : qu'est-ce qui est représentatif de la culture occidentale, ou à fortiori d'autres cultures ? Peut-on affirmer sans rire, comme le fait d'ailleurs Corentin de Salle, que Saddam Hussein gazant les kurdes et Oussama Ben Laden dirigeant un réseau du fous furieux qui sèment la mort et la destruction aux quatre coins de la planète sont représentatifs du "monde arabe" ? Peut-on considérer la corruption qui règne dans de nombreux gouvernements africains, la dictature sanglante de Robert Mugabé ou le génocide rwandais comme représentatifs de la "culture africaine". Pourquoi ne pas carrément affirmer que les cartels de la drogue et Fidel Castro sont les dignes représentants de la "culture sud-américaine" ? Et qu'entend-on par "culture occidentale" ou "valeurs de l'Occident", auxquelles les soi-disant cultures "définies" ci-dessus servent de repoussoir fort commode ?

En fait, répondre à ces questions nous ramène à la case départ : tout cela est avant tout affaire de géopolitique. La confusion savamment entretenue entre différences culturelles et actes perpétrés par des régimes dictatoriaux - dont la plupart se sont d'ailleurs installés en bénéficiant de la complaisance, voire de l'aide active, des grandes puissances occidentales "démocratiques" - n'a qu'un seul objectif : tenter de légitimer coûte que coûte la politique étrangère menée par nos gouvernements. Point à la ligne.

Entendons-nous bien, cela ne signifie pas que les différences culturelles n'existent pas et qu'il ne pourrait pas être intéressant d'en discuter. Mais cela ne peut se faire qu'en évacuant l'Etat du débat (sauf si l'on s'intéresse à l'Etat en tant que phénomène culturel). La question des cultures prend alors un sens différent. Et la division en grands "blocs" - l'Occident, le Monde Arabe, l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Orient, l'Amérique Latine - perd quant à elle tout son sens. Ceci fera l'objet de la prochaine chronique.