22.2.05

Brèves du jour

Coup de coeur
L'ancien animateur du blog "Congoneries" nous revient sur Citoyen Durable. Apparemment, le changement d'adresse lui a fait énormément de bien : son style est plus percutant et ses prises de position plus vigoureuses. Un vrai régal pour le lecteur libéral !



Haine du profit
Je vous parlais il y a quelques jours de la haine du profit qui sévit dans les milieux intellectuels et journalistiques. L'animateur du blog Evoweb a fait récemment une constatation similaire dans un très intéressant article sur la mise en ligne des bibliothèques de cinq universités américaines par Google. A titre d'illustration, je reproduis ici le passage le plus édifiant :

"Synthétisons :
Le plan pluriannuel de la Très Grande Bibliothèque a été un fiasco, comme vient de l'avouer son Président. Il faut donc un autre plan pluriannuel.

Bien sûr, celui-ci devra coûter cher aux contribuables : Google prend de l'avance sans utiliser les impôts, il est essentiel que l'Europe défende sa différence en augmentant ceux-ci.

La philosophie générale est fixée : Profitabilité égale perversité."


On ne saurait mieux dire ...

La lecture de l'article du Monde en référence semblait prometteuse d'enseignements divers sur la façon de déformer le raisonnement chère aux collectivistes, je suis donc allé y jeter un coup d'oeil. Je n'ai pas été déçu : un paragraphe en particulier semble faire écho à des propos qui ont été tenus sur ce blog il y a bien longtemps :

"Ajoutons que, sous l'apparence de la gratuité, l'internaute rétribuera en fait Google, en tant que consommateur, puisque l'entreprise vit à 99 % de publicité et que la démarche qu'elle annonce ne vise qu'à obtenir un retour sur investissement grâce à celle-ci. Les publicités en marge des pages et les liens privilégiés guideront vers des achats qui accentueront le déséquilibre."

L'auteur de l'article se rend-il compte de l'outil intellectuel qu'il met ingénument à la disposition du citoyen ? Remplaçons quelques mots bien choisis dans la phrase ci-dessus :

"Ajoutons que, sous l'apparence de la gratuité, les parents rétribueront en fait les fonctionnaires, en tant que contribuables, puisque l'Education Nationale vit à 99 % de l'impôt et que la démarche qu'elle annonce ne vise qu'à obtenir une augmentation de son budget grâce à ceux-ci. Les nouveaux impôts en marge des taxes existantes et les redistributions à quelques privilégiés guideront vers une politique qui accentuera encore la pression fiscale."

Etonnant, non ?

20.2.05

Des bonnes manières en général et du respect de la propriété

Dans les milieux libéraux, il est de notoriété publique que le roi du coupe-ongles n'en est pas à une faute de goût près. J'en veux pour preuve le fait d'armes qui lui a valu ce sobriquet peu flatteur : un jour que nous dînions de concert après une conférence-débat sur "La présomption fatale" de F.A. Hayek, notre compagnon de table sortit de sa poche un coupe-ongle et se mit incontinent en devoir de débarasser les extrémités de ses doigts de la corne superflue qui les ornait. Inutile je pense de vous décrire le dégoût éprouvé par les joyeux convives. Mais passons. En effet, tout cela n'est que peccadilles en regard de son dernier exploit.

Ce weekend se tenait à Bruxelles la troisième édition du Capitalist Ball organisée par le Center for a New Europe, un think-tank libertarien d'importance. Le roi du coupe-ongles, appelons-le Urbain-Joseph pour l'occasion, avait été invité à l'édition précédente, mais entre temps ses divergences de vue avec nombre d'acteurs de la communauté libertarienne francophone, ainsi, sans doute, que ses manières à table, avaient dissuadé les organisateurs de l'événement de l'inviter à nouveau.

Notre goujat de service ne l'entendait apparemment pas de cette oreille. Les organisateurs eurent donc la désagréable surprise de le voir débarquer au milieu du repas. A une organisatrice qui lui faisait remarquer d'un air outré qu'il n'avait pas été invité, Urbain-Joseph, sans se démonter un instant, rétorqua "ben quoi, il y a encore de la place, non ?".

Détail piquant : à peine quelques semaines auparavant, Urbain-Joseph, fervent champion de la propriété privée, défendait mordicus sur le forum de la communauté libérale le droit pour un propriétaire de tuer sur-le-champ quiconque s'aventure sans autorisation sur sa propriété. Il est heureux que ses arguments - dont le plus subtil reste sans conteste le "achète-toi un cerveau" qu'il lance avec mépris à ses contradicteurs - n'aient pas convaincu ceux des convives qui fréquentent actuellement le forum, sans quoi il ne fait nul doute que l'outrecuidant personnage ne fût resté sur le carreau.

Non content d'être un grossier merle doublé d'un sans-gêne, Urbain-Joseph nous a démontré ce vendredi qu'il n'est même pas capable de pratiquer lui-même la vertu qu'il prône comme cardinale : le respect de la propriété d'autrui.

17.2.05

Fasciste, va !

Cela faisait un petit temps qu'un interlocuteur dans une discussion politique ne m'avait pas opposé l'argument ultime de la bêtise acculée, à tel point que je me demandais si je n'étais pas en train de me ramollir quelque peu. Heureusement, à la faveur d'une rencontre avec un gauchiste de choc - pardon, d'un humaniste - de mes amis, j'ai une fois de plus eu confirmation de la mauvaise foi dont peut faire preuve le collectiviste de base lorsqu'il est acculé dans une impasse logique.

La conversation avait débuté sur les soi-disant "services publics". Après que mon aimable interlocuteur eût aligné les quelques poncifs de rigueur lorsqu'on est de gauche et qu'on discute des services que l'on finance à un prix prohibitif avec l'argent du contribuable, je ne pus m'empêcher de l'attaquer de front :

- Mais dites-moi, très cher, pourquoi au nom du diable devrait-on financer avec mon argent le maintien d'un bureau de poste à Houd-Si-Plou ou dans la banlieu d'Ovifat ?

- Mais Constantin, c'est un service public, le gouvernement se doit d'offrir à tous les mêmes services de base. Où que le citoyen habite, il a droit à cela. C'est fondamental, c'est un droit de l'homme.

- Ah bon, c'est un droit de l'homme. Quel qu'en soit le coût ?

- Mais bien sûr, vous ne voudriez pas tout de même pas en priver un citoyen sous prétexte qu'il habite à la campagne ?

- Pas le moins du monde, mon cher. Mais je souhaite le voir supporter lui-même le surcoût engendré. Après tout, c'est à lui d'assumer ses choix.

- Constantin, vous n'êtes qu'une espèce de fasciste qui veut parquer les gens dans des villes !


Celle-là, on ne me l'avait pas encore faite ...

15.2.05

La haine du profit

En ce début de XXIème siècle qui voit croître chaque jour l'emprise de l'Etat sur les individus, il est un mythe qui prend petit à petit valeur de dogme : la haine du profit. Selon ce dogme, une activité ne peut être noble si elle rapporte un quelconque avantage financier à celui qui la mène. Pour acquérir ses titres de noblesse, une activité doit être "non-marchande", c'est-à-dire en gros ne rapporter aucun bénéfice, ce qui revient en fin de compte, à moins d'un miracle d'équilibre budgétaire, à être subsidiée par l'Etat, ou plus exactement exercée aux dépens des contribuables.

Si ce mythe a pu prendre force de dogme au cours des dernières décennies, c'est grâce à l'action inlassable des journalistes et autres intellectuels de gauche (puissant oxymore s'il en est). Pas plus tard que ce matin, la radio bolchévique en donnait un exemple frappant : un journaliste de la radio-télévision bolchévique francolâtre interviewait un responsable de "Touring Assurances", la branche assurances de la société de dépannage Touring Secours. Touring Assurances vient en effet de lancer un nouveau produit, une assurance à tarif réduit destinée aux automobilistes qui utilisent les transports en commun pour se rendre sur leur lieu de travail, réservant l'usage de la voiture aux soirées, aux weekends et aux inévitables "grosses courses". Ce profil d'utilisation réduisant sensiblement les risques d'accident, la prime d'assurance, qui reflète ce risque, peut être réduite sans que la compagnie d'assurances y perde quoi que ce soit.

"Ah", s'exclame le journaliste avec dépit, "il y a donc un bémol". Et de poursuivre : "Touring Assurance en retire donc un profit".

Et voilà, le mot est lancé. Pour que cette initiative soit considérée comme intéressante, peu importe qu'elle profite aux automobilistes usagers réguliers des transports en commun, il faut donc avant tout qu'elle ne rapporte rien à son promoteur. Que ces automobilistes soient contents de payer moins cher leur assurance en responsabilité civile importe peu. L'initiative n'est pas noble car la société d'assurances y trouve elle aussi son compte.

En clair, la raison même de l'échange, qui est que les deux parties en retirent un avantage, est désormais suspecte. Pour qu'un échange soit "citoyen", il faut que seule une des deux parties à l'échange, celle qui ne tire pas de l'échange ses moyens de subsistance, en profite.

Voilà comment se crée une société d'assistés, financée par l'impôt. Mais tous ces braves journalistes et intellectuels se sont-ils déjà demandé ce qu'ils taxeront le jour ou plus personne ne fera de profit ?