Le capitalisme bien compris
J’entendais ce matin sur les ondes de la radio bolchévique une interview d'Antoine gallimard, petit fils de Gaston Gallimard, éditeur et fondateur de la « maison » Gallimard. Il y dépeignait son grand-père en des termes d’une simplicité et d’une force remarquables. Si je me souviens bien, cela ressemblait à : « c’était un homme qui avait la conviction que les jeunes auteurs qu’il acceptait de publier deviendraient un jour célèbres et rapporteraient à ce moment de l’argent à sa maison d’édition. »
Admirable définition de l’entrepreneur capitaliste, d’autant plus frappante qu’elle émane d’une personne exerçant sa profession dans un secteur étatisé à outrance, la culture. Loin des clichés démagogiques de cette gauche qui cherche toujours à discréditer le capital, voici découvert le vrai visage de l’entrepreneur : une personne qui fait des choix et accepte d’y consacrer son argent sans savoir au moment où il le fait si l’aventure le ruinera ou l’enrichira. Du flair de monsieur Gallimard a dépendu le succès de son entreprise. Vu la taille acquise par cette dernière, ce flair devait être excellent.
Chaque entreprise commerciale dans le monde fonctionne, à peu de choses près, selon les mêmes règles : tenter de définir le produit qui satisfera les consommateurs, et prendre ensuite le risque de le produire et de le commercialiser. Bien sûr, dans le cas de grandes sociétés, cette prise de risque se fait de façon scientifique, à l’aide d’études de marché sophistiquées destinées à éliminer autant que faire se peut le risque d’échec commercial, mais le principe reste le même : l’entrepreneur qui a du succès est celui qui a su servir le consommateur comme ce dernier le demandait, au prix qu’il était prêt à payer, et qui a au passage réalisé un profit. Ce profit, loin d’être honteux, représente la juste contrepartie, pour le propriétaire de l’entreprise, des risques qu’il a pris dans l’exercice de son activité. Quoi de plus moral ? Même les soi-disants « spéculateurs » boursiers obéissent à cette règle. Prenez ceux qu’on appelle les « arbitragistes ». Ces gens, actifs notamment sur le marché des changes, rendent un service immense, car c’est grâce à leur action que les cours des différentes monnaies s’équilibrent harmonieusement. Ils traquent la moindre différence de cours relatif des différentes monnaies (par exemple, une différence entre les cours du dollar par rapport au yen et du yen par rapport à l’euro et celui de l’euro par rapport au dollar) et achètent ou vendent des devises pour exploiter cette différence lucrative. Petit à petit, par l’effet de la loi de l’offre et de la demande, la différence s’amenuise et les cours s’équilibrent. Avec comme résultat un marché entièrement cohérent. De même, les individus ou les sociétés qui « spéculent » sur une hausse ou une baisse des taux d’intérêts permettent, grâce aux diverses opérations qu’ils vont effectuer pour tirer un profit de la baisse ou de la hausse consécutive du cours des actions, que l’ajustement de ce cours s’effectue de façon étalée dans le temps. S’ils ont correctement anticipé le mouvement des taux, ils feront un profit. Si leur flair les a abandonnés, ils feront une perte. Poursuivant leur propre intérêt, ils concourent à l’intérêt général, et en retirent de quoi subsister confortablement.
Ce blog est ma petite île de bon sens dans un océan de logorrhée collectiviste. Vous y trouverez, amie lectrice (et vous aussi, ami lecteur), un point de vue libertarien sur les choses de ce monde. Afin de dénoncer l'oeuvre de désalphabétisation massive entreprise par les média traditionnels et l'enseignement étatique, j'ai pris le parti d'employer un vocabulaire châtié et une syntaxe complexe mais élégante. Puisse la lecture de ces chroniques vous être instructive et divertissante.
Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de vous entretenir d’une foule de sujets. Fidèle à ma longue tradition de paresse, je n’ai cependant nullement envie de pondre plusieurs chroniques longues et documentées sur les divers événements de l’actualité qui ont attiré mon attention, c’est pourquoi je me livrerai à la discipline nettement moins fatigante et tellement plus défoulante des brèves de comptoir . Outre un exercice de style amusant, ce sera ma réponse du berger à la bergère à l’arriéré profond qui juge ma prose digne du « Café du Commerce ». Vous êtes prêts ? C’est parti !
Je terminerai par un coup de chapeau à l’excellent périodique
Alors que j'écoutais distraitement la radio bolchévique ou un reporter débitait tristement son tombereau quotidien de fadaises, mon attention fut attirée par une information peu banale : le gouvernement sortant a passé un arrêté royal autorisant les communes à facturer le coût du maintien de l'ordre lors des rencontres de football disputées sur leur territoire au club organisateur. Levée de boucliers à l'Union Belge de Football, comme de bien entendu, puisque les clubs aimeraient bien continuer à profiter de l'argent du contribuable au lieu de devoir financer tout cela eux-mêmes.
L’Empire de Constantin vous proposait il y a quelques semaines une ballade du côté de la Tunisie, cette dictature méditerranéenne où les opposants sont tranquillement mis en prison et torturés afin de ne pas déranger le tourisme ou la quiétude du président Ben Ali. Une gentille lectrice m’avait d’ailleurs fait part à l’époque des mésaventures de l’ancien maire de Tunis, mis en prison pour avoir critiqué le régime. Dans sa geôle, en guise de punition sans doute, ses gardiens se sont mis en tête de lui prouver à quel point le régime était excellent pour la santé, et quand, quatre ans plus tard, l’action d’Amnesty International parvenait enfin à le faire libérer, le pauvre hère avait perdu 35 kg. Ce qui prouve que Ben Ali est bien plus efficace que Montignac. C’est sans doute le climat …
Au Zimbabwe, puisque c’est bien de l’ancienne Rhodésie qu’il s’agit, le président a décidé de faire mieux que Benali : il a mis toute la population au régime. Sa remarquable politique de « redistribution des terres » - en gros, confisquer les fermes des grands propriétaires terriens sous prétexte qu’ils n’ont pas la bonne couleur et les redistribuer à ses miliciens, lesquels sont aussi doués pour l’agriculture que votre serviteur pour la balle-pelote – a permis d'atteindre des résultats surprenants : en à peine cinq ans, le Zimbabwe est passé du statut d’exportateur net de céréales à celui de client des programmes européens et américains de lutte contre la famine.
C'était oublier que l'Histoire est toujours écrite par les vainqueurs, et que cela s'applique également en matière d'idéologie. La mémoire de Pierre Poujade (à droite sur la photo) et de son mouvement, l’Union de défense des commerçants et artisans de France, opposé à l'Etat, ne pouvait qu'être noircie par les collectivistes qui ont finalement gagné la bataille idéologique. Heureusement, la recherche d'une photo de ce brave monsieur me conduisit par le plus grand des hasards à un
Je commencerai donc si vous le permettez par rendre un hommage appuyé à l’homme qui, plus que tout autre, est responsable d’un bouleversement radical de mes opinions politiques, et dont le décès il y a quelques années me chagrina profondément. Cet homme, que je n’eus hélas jamais l’honneur de rencontrer, est l’auteur de « L’Ethique de la Liberté », à mon sens une des œuvres les plus marquantes du XXème siècle. Lorsqu’un compagnon de fêtes estudiantines qui est depuis devenu mon plus cher ami me remit entre les mains, il y a bientôt dix années, un exemplaire de cet opus, je ne pouvais imaginer l’ampleur du choc que j’allais recevoir. Là, sous mes yeux, s’étalait ce que j’avais cherché tout au long de ma jeune vie intellectuelle : une philosophie cohérente, empreinte de tolérance et de respect, plaçant au-dessus de tout le reste la Liberté de l’homme, lui restituant son rôle d’acteur et de responsable de sa vie, une analyse acérée de la société occidentale et une remise en cause radicale de l’action de l’Etat. Avec la lecture de l’éthique de la liberté commençait pour moi un long parcours intellectuel qui se poursuit encore à ce jour. 



